Du 21 au 25 février 2015 a eu lieu à la salle des fêtes de la mairie de Rosny-sous-Bois en France un symposium organisé par «Les Tresseurs de Cordes» sur le thème : «Elections présidentielles et citoyenneté en Afrique, cas du Bénin». Les Tresseurs de Cordes, cercle de réflexions et d’actions citoyennes, ont convié les Béninois résidant au Bénin, en France ou ailleurs dans la diaspora ainsi que d’autres africains vivant en France à se pencher sur le scrutin et le profil type d’un président de la République dès 2016. Les conseillers Agapit Napoléon Maforikan, Marie-Richard Magnidet, le ministre Bernard LaniDavo, les Profs Luc Martin Hounkanrin et David Gnanhoui sont, entre autres, personnalités résident au Bénin qui ont pris part à ce symposium. Le samedi 21 février 2015, la salle des fêtes de la mairie de Rosny-sous-Bois a connu les premiers travaux en plénière répartis en trois panels. Le panel 1 a discuté du sous thème «Parlons des présidentielles en Afrique sans tabou ». Les panels 2 et 3 ont porté sur deux sujets primordiaux, les principaux défis des Chefs d’Etat africains et les Défis pour le peuple béninois dès 2016 : l’école et la communauté ; la gestion idéale des ressources financières de l’Etat ; la gestion idéale des média en démocrate africaine : le cas du Bénin ; la gestion idéale des ressources humaines ; les financements alternatifs comme source de développement et pour la Nouvelle République. Le lendemain, dimanche 22 février, les travaux se sont déroulés en commissions. Les discussions ont tourné autour du sous thème «Elections présidentielles en Afrique : vers un système fonctionnel de gestion des élections au Bénin ; Gouvernance politique économique et sociale pour un Bénin prospère ; Education, moteur du développement et La diaspora et le développement national. Il y a eu enfin des débats en plénière. Dans les conclusions du rapport général du symposium, les participants ont retenu, entre autres, que «Les candidats à la magistrature suprême, devront donc se soumettre à une liste de douze questions afin de mieux déterminer leur capacité à diriger notre pays qui a d’énormes spécificités. Ces questions non exhaustives, tracent les contours des chantiers les plus urgents à mettre en place par le futur chef d’Etat. Douze questions dont trois questions de chaque commission, permettront donc, le moment venu, de cerner le profil de chaque candidat et de savoir comment chaque candidat aux élections présidentielles de 2016, prétend aborder nos préoccupations ». Voici le rapport général qui a sanctionné les travaux.
RAPPORT GENERAL DU SYMPOSIUM
«ELECTIONS PRESIDENTIELLES ET CITOYENNETE EN AFRIQUE, CAS DU BENIN»
«Réflexions avec la diaspora sur le scrutin et le profil type d’un Président de la République dès 2016»
» Elections présidentielles et citoyenneté en Afrique, cas du Bénin « , c’est sous ce thème que « Les tresseurs de Cordes, » Cercle de réflexions et d’actions citoyennes, a convié les Béninois résidant au pays, en France ou ailleurs dans la diaspora ainsi que d’autres africains vivant en France à se pencher sur le scrutin et le profil type d’un président de la République dès 2016. L’acte paraissait inédit, le pari ambitieux car, jamais avant un scrutin présidentiel au Bénin, il n’a été question de définir un quelconque profil. Pour les organisateurs, il s’agissait en fait de réfléchir sereinement sur les différents aspects des élections en général et le cas du Bénin en particulier.
La situation du Bénin, pays phare de la démocratie en Afrique devenu pays ne pouvant plus tenir des élections à bonnes dates, a inspiré cette réunion d’importance et de conscientisation. Il semblait nécessaire aux organisateurs de mieux comprendre la situation politique actuelle pour aider à son amélioration. Des experts, des personnes ressources de tout bord, de simples citoyens soucieux d’un avenir meilleur pour l’Afrique et pour le Bénin ont été invités à travailler ensemble pendant deux jours : la première journée pour débattre de questions cruciales ayant fait l’objet de communications et la deuxième, pour se retrouver en commissions afin d’examiner en profondeur des thèmes d’actualité et formuler des propositions.
Rosny-sous-Bois, ville française de Seine-Saint-Denis, Rosny-sous-Bois ville africaine, Rosny-sous-Bois ville béninoise habituée à accueillir les journées béninoises sous la houlette de Romain da Costa, Rosny-sous-Bois, te voilà donc reprendre tes habits de ville multiculturelle. Cette fois-ci, le festival sera purement intellectuel, d’idées et de paroles, tes invités vont se nourrir pour faire triompher la paix et la démocratie en Afrique et particulièrement au Bénin.
OUVERTURE DU SYMPOSIUM
Ainsi donc ce matin du Samedi 21 février 2015, la salle des fêtes de la mairie de Rosny-sous-Bois, se remplit petit à petit. Dans les regards et dans les gestes, une formidable envie de faire, de faire du bien et de bien faire. On notait tout de même une crispation due aux nombreuses questions qui taraudait tous les participants : nous sommes-nous rassemblés pour perdre deux jours en vain bavardage ? Que sortira-t-il de nos délibérations ? A quoi servira cette rencontre dans la tenue des prochaines élections présidentielles ? Le Bénin étonnera-t-il encore une fois l’Afrique et le monde ? …
Après avoir fait observer une minute de silence à la mémoire de Feu M Dave Wilson, ancien écrivain et journaliste béninois dont les idées et actes ont inspiré la naissance des Tresseurs de Codes, le Coordonnateur général du symposium a engagé son propos en remerciant la Ville de Rosny-sous-Bois, qui a bien voulu accueillir les assises du symposium.
Dans son discours de bienvenue, le coordonnateur général du symposium, au nom des Tresseurs de cordes, a présenté les principales motivations ayant gouverné à l’organisation de la rencontre. Selon le Dr Nadin KOKODE, le symposium s’imposait dès lors que la situation du pays, au moment même où il célébrait le 25ème anniversaire de sa Conférence Nationale des Forces Vives tenue du 19 au 28 février 1990, ne poussait guère à l’optimisme. La diaspora béninoise a déjà joué un rôle déterminant lors de la préparation et du déroulement de la Conférence des Forces Vives de la Nation en février 1990, conférence qui a scellé la naissance de l’alternance démocratique au Bénin, acquis définitivement non négociable, et elle se doit de se repositionner dans le débat pour l’alternance politique et la relance économique au Bénin.
Dans son propos, Dr KOKODE a fondé cette légitimité sur la nécessité de pérenniser l’audace, en abordant sans tabous, les conditions essentielles d’une bonne implication de la diaspora dans le développement du BENIN. L’audace d’inviter les béninois dans toutes leurs composantes sociétales, à une réflexion collective pour donner un sens durable à la dynamique positive consécutive à la Conférence des Forces Vives de la Nation.
Après un bilan sur le tableau de la situation du Bénin partagé par l’ensemble des participants, Dr KOKODE a présenté les objectifs du symposium. Il s’agit en principal de mobiliser l’ensemble des béninois pour une meilleure approche des élections dans notre pays, à travers des stratégies (indépendantes) envers et pour le peuple, et des stratégies spécifiques aux scrutins. L’ambition affichée par le symposium est d’analyser les outils et organes dont disposent les pays africains et spécifiquement le BENIN, pour des alternances démocratiques saines, en mettant l’accent notamment sur l’électorat, les différentes institutions politiques, la liste électorale, les commissions électorales, les observateurs etc.
Avant d’aborder les résultats attendus, Dr KOKODE a insisté sur le choix d’indépendance du symposium. Son indépendance s’affirme vis à vis des forces partisanes animant la vie politique du pays et à travers son financement provenant exclusivement des contributions des Tresseurs de Cordes et de mécènes dont bon nombre se sont annoncés et dont les apports sont toujours attendus.
Présentant les résultats escomptés du symposium, Dr KOKODE a annoncé qu’à l’issue du symposium, les participants devront:
.avoir une meilleure compréhension des mécanismes qui déterminent et influent le choix du Président en Afrique et au Bénin en particulier ;
.converger sur une idée du type de leader qui pourra véritablement faire la différence au Bénin dans les années à venir.
.pouvoir identifier les actions claires avec un chronogramme précis à mettre en place par tous les acteurs en place, notamment la Société Civile, afin de minimiser les fraudes lors des élections en Afrique et ceci, dès les présidentielles de 2016 au Bénin.
.pouvoir identifier les modalités de mise en œuvre de ces actions : ressources humaines, matérielles ainsi que méthodes clairement définis.
A la suite de Dr KOKODE, et après que la salle ait spontanément chanté l’aube nouvelle, Mr Romain da Costa, (l’hôte du jour en sa qualité de responsable de la ville de Rosny-sous-Bois qui a mis gracieusement à notre disposition la salle des fêtes de la mairie), a remercié les participants et les a assurés également du soutien du Haut Conseil des Béninois de l’Extérieur (HCBE). Le Professeur Faustin AISSI, quant à lui, dans son mot de bienvenue n’a pas manqué de féliciter les organisateurs au nom du Conseil des Béninois de France (CBF).
Les premiers travaux en plénière répartis en trois panels ont alors débuté.
PANELS
PANEL 1 : Parlons des présidentielles en Afrique sans tabou
Les travaux ont commencé par le premier panel sous la modération du journaliste gabonais Prince Essonne MFOULOU-ZE, avec comme communicateurs le Pr Cosme ZINSOU QUENUM, l’Honorable Bernard LaniDAVO, le Pr Faustin AISSI, MM. Francis KPATINDE et Christian Parfait AHOYO.
Communication 1 : Elections présidentielles en Afrique, après la Conférence des Forces Vives de la Nation : cas du Bénin
Dans sa communication portant sur les » Elections présidentielles en Afrique, après la Conférence des Forces Vives de la Nation : cas du Bénin « , le Pr Cosme Zinsou QUENUM, a résumé en » une bouteille » selon ses termes 25 ans d’expérience de vie politique béninoise répartie sur la succession des différents régimes politiques et les difficultés de gestion du pouvoir de chaque régime. Il a clarifié les incidents majeurs de chaque régime avant d’aborder la problématique de la révision constitutionnelle, laquelle révision a suscité diverses réactions et installé un climat de crise de confiance dans le pays. Au regard de ses explications, l’Afrique souffre du choix de ses référents pour son développement. En guise d’illustration, la politique du développement de l’Afrique est faussée depuis que le colonisateur s’est référé aux idées du philosophe allemand Hegel entretenues depuis lors et le choix du colonisateur de mettre en avant Mr Senghor comme model alors que ce dernier était profondément européen dans ses appréciations et sa vison.
Communication 2 : Organisation des élections présidentielles en Afrique (cas du Bénin) : organes, matériels, Méthodes
L’honorable Bernard Lani DAVO communiquant sans tabou sur » Organisation des élections présidentielles en Afrique (cas du Bénin) : Organes, matériels, Méthodes » a mis en relief les réalités sur les modes d’exécution des stratégies de fraude lors des élections. Contrairement à l’idée reçue, il a démontré comment les textes de loi, bien qu’ayant été très bien élaborés, sont mis à mal par le législateur lui-même. En résumé, partant de l’origine de la création de la première CENA, son fonctionnement et l’organisation des élections jusqu’à la dernière et avec le nouveau code électoral, l’honorable DAVO a démontré comment d’une part, la fraude est bien organisée par les élus et les gouvernants et d’autre part, il a fait ressortir comment l’argent et les rabatteurs à la solde des candidats servent comme moyens d’exécution de la fraude. En conclusion il a indiqué qu’il faillait, par un recadrage de la structuration des organes concernés, essayer de limiter le mandat des parlementaires en vue d’une diminution des fraudes électorales au Bénin.
Communication 3 : L’usage des TIC comme parade aux fraudes électorales en Afrique
De son côté, le consultant (en TIC) Christian Parfait AHOYO, communicant sur » L’usage des TIC comme parade aux fraudes électorales en Afrique » et se fondant sur l’exemple béninois à fait un diagnostic sérieux des conditions dans lesquelles les fraudes interviennent au Bénin et fait des propositions devant permettre de les limiter. Il s’agit selon lui entre autres de la sécurisation des bases de l’état civil, du casier judicaire à travers l’informatisation ou la numérisation de la justice, de la correction et de l’encodage du fichier électoral. A travers ce mécanisme, les risques d’inscriptions frauduleuses et de falsification de listes électorales pourraient être sérieusement réduits, voire annulés. Cette numérisation porte aussi le potentiel de faciliter le travail des juges dans le règlement des litiges post-électoraux. En guise d’illustration pratique le conférencier propose de doter les agents électoraux de téléphones intelligents (Smartphones) qui leur permettront d’envoyer les résultats en temps réel à l’organe de centralisation des résultats en attendant que les copies papier originales ne fassent foi. En conclusion, les élections propres affirma-t-il sont d’un coût moindre et la réforme de l’Etat civil pourrait en faciliter l’avènement pour peu qu’une véritable volonté politique le promeuve.
Communication 4 : Vérités sur la cuisine électorale en Afrique
Le journaliste FrançisKPATINDEa partagé quelques » Vérités sur la cuisine électorale en Afrique « . Il a attiré l’attention du public sur la récurrence des manifestations contre des modifications de constitution sur le continent, lesquelles manifestations viennent surtout de la part des populations analphabètes, qui ont compris que la république siège sur un document sacré qu’il ne faudrait plus toucher au bon vouloir des gouvernants dans leur intérêt individuel. Ce phénomène se justifie selon lui par le fait de l’émancipation des femmes et le rôle que joue la jeunesse africaine qui constitue désormais une force qu’on ne saurait plus négliger.En faisant une comparaison entre les pays anglophones et francophones d’Afrique, il a démontré le rôle et le pourquoi du choix des modes de scrutins par les acteurs politiques dans chacun des pays tout en mettant en exergue l’avance des pays anglophones. Il a terminé ses analyses par l’établissement d’une liste de longévité de certains chefs d’Etats africains au pouvoir qui sont passés experts en matière de » cuisine électorale « .
Communication 5 : Regards-croisés sur la démocratie : les présidentielles en Afrique francophones peuvent-elles être qualifiées de » démocratiques » ?
Le Pr Faustin AISSI a gratifié l’assistance d’une magistrale présentation portant des » Regards-croisés sur la démocratie : les présidentielles en Afrique francophones peuvent-elles être qualifiés de » démocratiques » ? Le conférencier a fait une analyse théorique de ce que devrait être la démocratie et a fait ressortir avec force et vigueur comment dans un pays comme la France, elle n’est souvent qu’une parodie à laquelle se substitue dans la pratique » une démocratie des sondages facile à manipuler. » Il a par la suite, en montrant la réalité de certains pays fortement intoxiqués par l’héritage colonial et les affaires de la France-Afrique comme le Togo, le Gabon et le Sénégal pour ne citer ceux là, donné une réponse NEGATIVE sans appel à la question du caractère démocratique des élections présidentielles en Afrique. Le bénin n’est guère une exception à cette règle.
PANELS 2 et 3 :
Six communications combinant les deux derniers panels ont été présentées dans la deuxième série de l’après-midi et ont porté sur deux sujets primordiaux, les principaux défis des Chefs d’Etat africains et les Défis pour le peuple béninois dès 2016 :
.l’école et la communauté ;
.la gestion idéale des ressources financières de l’Etat ;
.la gestion idéale des média en démocrate africaine : le cas du Bénin ;
.la gestion idéale des ressources humaines ;
.les financements alternatifs comme source de développement ;
.pour la Nouvelle République.
Communication 1 : Ecole et communauté
Face au défi d’une école publique qui a perdu son âme et toute efficacité,le Dr Emmanuel DAVID-GNAHOUI a développé le potentiel d’une école centrée sur les communautés de base à l’inverse de celle actuelle fortement inhibée par une administration centralisée et léthargique pour relever le défi du développement du Bénin. Evoquant la faiblessedes statistiques scolaires, il a déploré l’incidence de ce manquement dans la prise de décision et insisté sur la nécessité d’un leadership local basé sur un engagement à dynamiser l’école et des valeurs culturelles partagées.En conclusion, il est impératif d’intégrer l’école à la communauté afin que son succès ou son échec puisse être imputé aux niveaux de responsabilité proches des consommateurs finaux.
Communication 2 :La gestion idéale des ressources financières de l’Etat
Le Dr Serge PRINCE AGBODJAN a axé sa présentation sur deux axes principaux : l’analyse des outils existants et des propositions de réformes d’amélioration. Pour mieux aborder les différents éléments d’analyse, son diagnostic a été illustratif et porté sur la propension à effectuer des dépenses non budgétisées et non étudiées en profondeur ce qui indique, si besoin est encore de le prouver, que la gestion des ressources dans notre pays est improvisée et approximative. Or, les outils existent pour en permettre une meilleure gestion, d’où la nécessité de renforcer les contrôles effectifs que doivent exercer les organismes d’audit, de suivi et d’évaluation dans la gestion et la mise en œuvre des politiques publiques.
Communication 3 : La gestion idéale des média en démocrate africaine : le cas du Bénin
Le Dr Doucis AISSIa développé la question de la nécessité de la pluralité dans les médias.Se fondant sur l’évolution de l’indice de la liberté de la presse, établi par Reporters Sans Frontière, il a souligné la décadence et le recul du Bénin dans ce domaine et la nécessité d’une vigilance accrue. En effet, de 2002 à 2014, le Bénin a connu une régression dans le domaine de la liberté de la presse passant de la 23ème à la 84ème place. Illustrant ce constat par des événements récents, notamment, le débat national suscité par les menaces pesant sur un journaliste de la chaine publique d’information suite à son interpellation du chef de l’Etat. Il a jugé nécessaire de sacraliser l’indépendance de la presse et une réelle autonomie de la HAAC.
Communication 4 : Gestion idéale des ressources humaines
Mr Yacoubou AMADOU a, dès l’entame de sa communication, mis l’accent sur l’importance des ressources humaines dans l’avènement d’un développement durable. La caractéristique principale pour ces ressources humaines est la compétence. Les critères de nomination régionalistes ou partisans sont la règle en vigueur aujourd’hui au Bénin dans un contexte où les compétences réelles des cadres sont peu prises en compte et ceci sans souci de ce que leur inefficacité porte préjudice non seulement au développement actuel mais aussi au bien-être des générations à venir. Cette question constitue un défi important pour les futurs dirigeants en ce qu’ils devront entièrement déconstruire cette mentalité qui semble indéboulonnable. Une politique de renforcement des systèmes d’éducation pour l’amélioration des ressources humaines et de nomination sur la base d’une sélection technique est vivement souhaitée.
Communication 5 :Les financements alternatifs comme source de développement
L’exposé de Mr Ghislain KOKODE a fait ressortir la possibilité pour le Bénin de s’assurer des financements intelligents à même de propulser efficacement son économie de manière durable. L’Afrique fait face à un besoin énorme de financement dans un contexte où les fonds d’aide au développement bien qu’insignifiants s’amenuisent etle surendettement dû au prêts à court terme se généralise entrainant un ralentissement prolongé de la croissance économique. Mr Ghislain KOKODE propose une piste alternative à travers le BlendingFunding et le LeverageFunding (B&L) qui consistent en une consolidation de fonds provenant de sources multiples comme source unique pour structurer un financement global capable d’impulser un essor économique soutenu. Partant de cas concluants au Kenya, au Maroc et au Salvador, il a démontré comment les garanties bancaires sur des sources de revenus potentielles (dans le cas du Bénin, recettes douanières, ports secs, marchés urbains, fonds routier, etc.) pouvaient constituer des source de financement. Le conférencier a conclu qu’en réalité, outre la crise de confiance, il manque à nos pouvoirs publics les compétences utiles à la mise en œuvre de mécanismes de levée de financement.
Communication 6 : Pour une nouvelle République
Me Luc Martin HOUNKANRIN a été le dernier mais pas le moindre des orateurs de la deuxième session. Face à la question de la réalité de la démocratie au Bénin, sa réponse a été sans équivoque négative.Il est donc besoin d’un profond changement des mécanismes, en raison notamment de la persistance des problèmes ayant déclenchéles conférences nationales africaines.Selon lui, la stagnation depuis le renouveau démocratique des années 1990 est perceptible et peut entraîner de violentes mutations.Par ailleurs, la corruption reste un frein au développement de la République.Pour toutes ces raisons, il juge impératif de réviser la Constitution béninoise du 11 décembre1990. Selon lui, ceci permettra de créer les conditions d’un vrai changement en matière de patriotisme, assainissement de la charte des partis, adoption d’une loi effective de décentralisation et d’adoption d’un plan de développement national applicable.
Il proposera par la suite, pour mieux aborder ces changements, quelques axes de réflexion et de réformes pour une nouvelle république :
1.Institutiond’une vice-présidence et d’une présidence tournante (1 mandat non renouvelable)
Institution d’un pouvoir exécutif modéré.
Institution d’un parlement bicaméral
Institution de régions comme pôle de développement économique
Institution de grands partis pour mieux former les militants à la base
Sélection de deux langues locales d’intercommunication.
Chaque communicateur s’est fait le devoir de répondre aux flots de questions des participants, dans une ambiance respectueuse et cordiale. Il semblait évident que la journée de travail du 21 février 2015 était trop courte pas pour tarir le puits des questionnements. La journée du dimanche 22 février 2015 promettait d’être riche en échange dans les commissions.
TRAVAUX EN COMMISSIONS
Dimanche 22 février 2015, la deuxième journée a donc été celle des travaux en commissions, à savoir :
. Elections présidentielles en Afrique : vers un système fonctionnel de gestion des élections au Bénin ;
. Gouvernance politique économique et sociale pour un Bénin prospère ;
. Education, moteur du développement ;
. La diaspora et le développement national.
COMMISSION 1 : Elections présidentielles en Afrique : vers un système fonctionnel de gestion des élections au Bénin
Sur l’analyse de la situation actuelle, la commission prend acte de l’existence d’un code électoral conséquent, certes à parfaire, qui encadre au mieux l’organisation des élections. Toutefois, elle émet les observations suivantes :
.la forte politisation du mode de désignation des membres de la CENA ;
.la gestion des listes électorales confiée aux politiques plutôt qu’aux techniciens ;
.la gestion non sécurisée des données issues des scrutins ;
.le taux très faible d’alphabétisation des populations qui constitue une entrave à la compréhension des enjeux démocratiques ;
.l’inégalité d’accès aux médias du service public ainsi qu’aux médias privés ;
.l’insuffisance de la prise en charge des représentants et observateurs des partis politiques ne garantissant pas la fiabilité des résultats transmis.
Après ces constats, la commission recommande :
Pour le cadre législatif
la création de conditions de regroupement des partis politiques en vue d’en limiter le nombre ;
l’attribution de la confection et de la gestion des listes électorales exclusivement aux organes techniques ;
le renforcement des moyens d’action de l’autorité nationale de lutte contre la corruption pour un meilleur contrôle du respect des dispositions du code électoral ;
la création d’un indice d’utilité publique de l’action gouvernementale sur la base des objectifs stratégiques de définition de critères d’utilité.
Pour le cadre institutionnel
la suppression du COS-LEPI et l’attribution des prérogatives de gestionnaire des listes électorales au CNT ou INSAE ;
le renforcement des moyens matériels financiers et humains de la chambre des comptes de la Cour Suprême pour un meilleur contrôle des comptes de campagne des candidats ;
l’assurance des conditions matérielles d’une permanence judicaire en vue du respect des dispositions du code électoral.
Sur le cadre opérationnel
l’adoption définitive du vote électronique afin d’éviter les tripatouillages lors des transferts des données ;
en attendant la mise en place définitive de système de vote électronique, le recours dès 2016 à l’utilisation des TIC (Internet, Smartphones, réseaux sociaux) ;
L’évolution de la mission des observateurs afin de garantir leur indépendance : réintroduire la société civile locale dans le processus de validation des élections (critères et indices de validation à définir).
COMMISSION 2 : Gouvernance politique économique et sociale au Bénin
Sur l’état des lieux de la question, la commission a reconnu l’échec de l’exercice d’une gouvernance politique, économique et sociale ces dernières années.A cet effet, les commissaires ont dégagé les aspects spécifiques qui tournent autour du respect de la Constitution du 11 décembre 1990 et ses textes d’application subséquent, notamment la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF), la transparence au niveau des hommes politiques et des activités qu’ils mènent (création des partis politiques et leur financement), la question d’une décentralisation renforcée permettant un développement à la base, la lutte contre la corruption et l’impunité au Bénin, le renforcement de l’unité nationale, la question de la santé de la population à travers des politiques et actions devant permettre de corriger les indicateurs de développement humain actuels.
A la suite de cette réflexion, les participants à la Commission 2 ont trouvé que les caractéristiques idéales pour un bon candidat à l’élection présidentielle serait sa capacité à respecter les textes de la République, à promouvoir le renforcement de l’unité nationale et à faire preuved’un patriotisme à mettre le peuple au-dessus de ses intérêts individuels.
COMMISSION 3 : Education moteur du développement
Sur l’état des lieux, la commission a constaté que l’excellence de l’école au Bénin était reconnue à l’international. La commission a repassé en revue les trois étapes de l’école béninoise à savoir :
. L’école nouvelle
. L’approche par compétence (APC)
. Réflexion en cours par rapport à l’APC
La commission constate qu’aujourd’hui il y a une baisse du niveau des élèves, des étudiants et de l’enseignement en général. Les causes de cet échec sont à chercher dans les problématiques suivantes :
. Formation des enseignants et effectifs pléthoriques
. Prolifération des écoles privées : qualité de la formation et règlementation nécessaire
. Adéquation entre la formation et le marché de l’emploi
. Besoin de formalisation de l’apprentissage et de professionnalisation des métiers
. Problématique de l’éducation des filles (accès, maintien et protection)
. Problématique de la scolarisation en milieu rural
. Problématique de la scolarisation des handicapés
. Education civique
Comme axes de réflexion pour trouver des solutions à ces problématiques, la commission préconise :
. Une meilleure formation des formateurs,
. Un meilleur accès aux infrastructures scolaires et la construction de nouvelles pour réduire les effectifs pléthoriques,
. Un meilleur accès et une meilleure gestion des écoles privées,
. L’augmentation du taux de scolarisation des filles,
. De meilleurs programmes dans les centres de formations,
. L’accès et la prise en charge des personnes handicapées,
. L’Intégration des nouvelles technologies de l’information dans les programmes scolaires,
. Et le renforcement de l’enseignement de l’éducation civique dans les centres d’enseignement.
COMMISSION 4 : Diaspora et développement national
D’entrée, la commission a fait le profil du membre de la diaspora capable de contribuer efficacement au développement de son pays. La commission a mis l’accent sur le jeune actif ayant acquis de bonnes expériences et compétences qu’il pourra mettre à la disposition de son pays dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’économie, du social et de la culture.
La commission a ensuite fait l’inventaire des moyens que la diaspora pourra mettre à la disposition du pays. Ses moyens sont :
- En matière d’éducation, la formation et la recherche universitaire avec une restructuration des universités sans augmenter leur nombre, et en dotant les universités existantes de moyens,
- En matière agricole, la dotation de machines et d’outils agricoles en recommandant que chaque département ait un collège et un lycée professionnel,
- En matière de santé : des équipements modernes pour les centres hospitaliers pour permettre aux médecins de la diaspora d’aider ces centres de santé,
- En matière d’infrastructures, doter réellement le pays de grandes voies, auto-routières,
- En matière culturelle, revaloriser notre patrimoine culturel.
La commission recommande
- La création d’une maison de la diaspora,
- La représentation de la diaspora au niveau de l’Assemblée Nationale et des autres institutions de la République,
- Et la promotion de l’entreprenariat.
DEBATS en PLENIERE :
De vives et chaleureuses discussions ont conclu les comptes rendus des commissions. Les participants ont insisté sur le fait:
- Qu’il urge de respecter notre démocratie chèrement acquise.
- Qu’il faut se mobiliser pour l’utilisation des TIC et smartphones lors des élections présidentielles de 2016.
- Qu’il urge pour les années à venir d’instaurer un climat de confiance, en donnant les moyens aux communes et aux consulats afin qu’ils puissent gérer et sécuriser les fichiers d’Etat civil (naissances, mariages, décès, casiers judiciaires…), donc les fichiers électoraux.
- Qu’il urge de créer un ministère des béninois de l’extérieur et d’avoir la maison des Béninois de l’extérieur.
- Qu’il est indispensable d’éditer un livre blanc des communications des présentes assisses
Sur ce dernier point les Tresseurs de Cordes ont promis de prendre le dossier en mains pour que dans les deux ans les Béninois de l’Extérieur puisse avoir une maison où se retrouver, travailler et discuter en toute quiétude.
CONCLUSION
Après avoir discuté et adopté les rapports des commissions, les participants ont unanimement renouvelé leurs remerciements à la ville de Rosny-sous-Bois qui a bien voulu abriter ce symposium ainsi qu’au Grand Fils du Bénin, Mr Romain da Costa, qui a rendu possible cet appui. Ils félicitent Les Tresseurs de Cordes pour cette initiative et leur recommande de porter à la connaissance de tout le peuple béninois les conclusions et recommandations issues de ces deux jours de travaux.
Les candidats à la magistrature suprême, devront donc se soumettre à une liste de douze questions afin de mieux déterminer leur capacité à diriger notre pays qui a d’énormes spécificités. Ces questions non exhaustives, tracent les contours des chantiers les plus urgents à mettre en place par le futur chef d’Etat. Douze questions dont trois questions de chaque commission, permettront donc, le moment venu, de cerner le profil de chaque candidat et de savoir comment chaque candidat aux élections présidentielles de 2016, prétend aborder nos préoccupations.
Ainsi donc, ce symposium aura apporté la preuve qu’il est possible que les fils du Bénin venant du pays ou résidant en France en Allemagne où ailleurs, puissent sacrifier leurs occupations pendant deux jours, pour discuter autour du thème : » Elections présidentielles et citoyenneté en Afrique, cas du Bénin. » Si cette rencontre a été rendue possible, et qu’elle a eu lieu dans une ambiance jugée exceptionnellement conviviale c’est le signe qu’unvrai changement est aussi possible. La transformation positive du Bénin est à portée de main. L’ambiance fraternelle, le respect mutuel au cours des assises, l’exceptionnelle qualité des débats orchestrés par organisateurs, communicateurs et participants, en sont la preuve.
Les Tresseurs de Cordes ont promis de faire le compte rendu de leurs travaux lors d’une conférence à Cotonou, et de continuer à œuvrer pour sceller leurs pierres dans l’édifice de la restauration de la citoyenneté et de la démocratie en Afrique. Des mains oisives ne peuvent tisser de solides cordes. L’ancienne corde est dans nos mains, effilochée, rongée, cassante. Il nous faut une grande dextérité et beaucoup d’engagement afin de pouvoir tisser la nouvelle corde, celle-là même que nous allons transmettre à nos enfants. Alors, avançons, mettons-nousautravail,afin de léguer aux générations futures un pays démocratique, libre et prospère.
Vive le Bénin
Vive l’Afrique
Fait à Rosny-sous-Bois, le 22 Février 2015
Dr Emmanuel DAVID GNAHOUI PhD
Rapporteur principal
Qui sommes-nous ?
Nous sommes quelques jeunes béninois libres et indépendants, vivant ou ayant vécu en France, et qui avons la volonté de pérenniser l’audace.
. L’audace de rechercher à l’heure des TIC des solutions pour sécuriser les scrutins électoraux, en Afrique ;
. L’audace de rechercher les profils types de Chefs d’Etat en Afrique et notamment au Bénin, dès 2016 ;
. L’audace surtout, de mettre en place des actions concrètes pour empêcher l’accès au pouvoir, de Chefs d’Etats parachutés d’une manière ou d’une autre, de l’intérieur ou de l’extérieur.
Le symposium sur les « Elections présidentielles et la citoyenneté en Afrique, cas du Bénin « , suscite donc en nous un espoir : celui de contribuer à la restauration de la démocratie en Afrique en général et au Bénin en particulier.
Notre cercle de réflexion a été créé à Lille par le Feu Dave Wilson écrivain et journaliste. Il s’est élargi et compte aujourd’hui une dizaine de membres dont des personnes morales au nombre desquels :
- En France, l’Association pour le Développement des territoires du SUD (ADT SUD) et l’Union des Artisans pour la Démocratie et le Développement en Afrique (UNADDA).
- Au Bénin, l’ONG Actions Féminines (AF).
Le cercle de réflexions et d’actions « lestresseursdecordes » ne pense pas qu’il faille faire table rase du passé, mais qu’il est plus sage de s’ancrer solidement dans le passé, pour bien affronter le présent, afin de mieux préparer l’avenir.
Source Site officiel