Fixées sur leur situation à la CENA et en attendant d’en finir avec les querelles internes, les différentes listes retenues peuvent envisager sérieusement désormais de mettre le cap sur le 26 avril prochain, date du scrutin législatif. Mais avant, il faudra passer par la case de persuasion des électeurs pendant deux semaines. Ceux-ci, généralement taillables à merci, en raison en partie du faible taux d’alphabétisme, devraient en entendre de toutes sortes…
Que vont dire les candidats aux législatives aux populations pour les décider à voter pour eux ? Voilà la grosse question au cœur de l’enjeu des législatives à venir : contrôler la 7ème législature de l’Assemblée nationale. Pour la liste officielle du chef de l’Etat, les Forces cauris pour un Bénin émergent (FCBE), c’est l’objectif visé et avoué avec la proclamation de l’ambition d’engranger 50 sièges de députés. Assez pour contrôler, seule, la majorité au sein de la prochaine législature, sans être obligée de nouer des alliances.
A cet effet, les candidats FCBE plaideront sans doute la fin apaisée du mandat du chef de l’Etat, qui aurait besoin d’une majorité confortable pour ce faire. Réussir ce pari, c’est confirmer leur profession que les FCBE sont la première force politique du pays, quoique délestée de nombreuses personnalités, notamment des éminences grises. Les fidèles tâcheront donc de vouer aux gémonies les démissionnaires pour éviter qu’ils captent des voix substantielles. C’est dire que les FCBE mettraient un point d’honneur à empêcher le retour à l’Assemblée nationale de personnalités telles que Mathurin Coffi Nago, Hélène Kèkè-Aholou, Candide Azannaï, Sacca Lafia, Nicaise Fagnon et autres…
A contrario, ceux-ci auront à cœur de justifier leur position actuelle, de soutenir que c’est pour éviter des dérives graves et, surtout, comme on l’entend déjà, pour préserver la démocratie béninoise, qu’ils sont partis du navire. Pour eux, l’enjeu est énorme : prouver qu’ils existent politiquement en dehors du chef de l’Etat dont l’aura les aura portés jusqu’ici. Et ainsi, se projeter sur la scène politique au-delà de son séjour à la tête du pays.
Pour eux comme pour l’Opposition traditionnelle, la ligne directrice serait que le chef de l’Etat en fin d’exercice n’a pas réellement besoin d’une majorité parlementaire. A l’appui, les risques réels ou non qu’une majorité à son profit permettrait de réviser la Constitution. Pour, en dépit des décisions constantes de la Cour constitutionnelle indiquant le contraire, favoriser une prolongation de son bail à la tête du pays. Mais les FCBE semblent disposées à faire ce débat, elles qui ont réitéré à l’issue de leur dernier congrès extraordinaire, leur volonté de faire réviser la Constitution et leur détermination à y arriver.
C’est, à tout le moins, faire preuve de courage en même temps que prendre de gros risques. Courage pour montrer à l’opinion et aux adversaires qu’elles assument leur position relativement à la révision de la Constitution. Risques parce que si l’opinion y est intrinsèquement défavorable, cette détermination pourrait s’avérer suicidaire, tant les populations mettraient un point d’honneur à manifester leur désapprobation par rapport à la perspective d’une telle révision.
En tout cas ce débat devrait donner du piquant à la campagne électorale tant cette élection apparaîtrait incidemment comme un référendum sur la question.