Il est connu en tant qu’humoriste au Bénin. Eloge Béo Aguiar à l’Etat civil, Masta Cool se risque désormais dans l’arène politique en se faisant porter en tête de liste pour les législatives prochaines avec l’Alliance Abt. Son ambition est de creuser les sillons du développement en se donnant pour priorité la jeunesse et l’épineuse question de l’emploi. Et en tant qu’acteur culturel il n’entend pas baisser les bras pour la défense des siens, les artistes. Il en parle.
Matin Libre : Vous avez du succès du côté de l’humour ça c’est indéniable et cela vous va très bien. Mais est-ce que cela vous garantit déjà un succès sur le plan politique quand vous décidez de vous y aventurer?
Eloge Béo Aguiar alias Masta Cool : Je dirai simplement que la culture c’est par essence une sorte de grand mélange. Tout ce que vous appelez économie, défense, politique etc. se trouvent dans la culture. Donc la culture est transversale. En conséquence, nous autres hommes de culture et homme de la culture, nous sommes dans notre bain quand nous parlons politique. Parce que les sujets que nous évoquons dans nos œuvres artistiques sont des sujets sociaux. Des problèmes qui concernent la jeunesse, des problèmes concernent le peuple béninois et nous ne sommes jamais sortis de ce créneau.
Mais que répondez-vous à ceux qui disent que va-t-il chercher là-bas ?
Je pense qu’ils ont peur. Ils se disent voilà ces gens, ils doivent rester dans leur carcan, ils ont de la popularité, ils ont certainement des choses à dire. Mais nous politiciens nous sommes des professionnels, donc à rouler les gens dans la farine. Nous, nous ne sommes pas des professionnels à rouler les autres dans la farine, nous sommes des professionnels des spectacles et des arts, et nous apportons le juste mot. Vous le savez, on agit comme la voix des sans voix, les oreilles de ceux qui n’entendent plus. Donc nous portons la voix et nous sommes capables de dire tout haut ce que les autres pensent tout bas. Ça, nous le faisons à notre risque et péril parfois. Et il n’y a pas qu’au Bénin que les artistes soient portés à ce titre-là. Il y en a qui sont président ailleurs.
Béo, les jeunes veulent s’impliquer dans tout est-ce que ce n’est pas à tort ?
Non la présence des jeunes au Parlement se justifie à plus d’un titre. Vous savez on ne coiffe pas quelqu’un en son absence. Et pire un chauve ne peut pas vous coiffer, encore moins la nuit. Donc il est temps que les jeunes posent leur problème, trouvent des solutions à leur problème et ceci de façon idoine et que ce soit réglé sans politique politicienne derrière.
Mais est-ce qu’on a besoin d’être au Parlement pour ça ?
Attendez, nous avons compris au temps de la révolution que c’était la masse qui décidait à la base. Aujourd’hui, les décisions viennent du sommet vers la base. Dans ce courant, il est absolument nécessaire que les jeunes puissent être des décideurs. Qu’ils puissent sérieusement influencer les décisions qui se prennent à leur endroit à un niveau donné. La plupart des jeunes qu’on appelle aujourd’hui les cybercriminels je pense que si je me retrouve au Parlement, je ne vais pas les réprimander. Je pense que ce n’est pas ça la solution. La première solution c’est de les rapprocher, de les mettre ensemble pour que leur intelligence soit utile à d’autres fins positives.
Cela semble ne pas être votre rôle, un député n’est-il pas là pour légiférer ?
C’est vrai, je ne dis pas que c’est son rôle. Mais il peut influencer les lois de sorte à favoriser la création d’emploi nouveau dans ce sens. Donc je pense que cela tient tout à fait la route. Et puis on contrôle l’action du gouvernement. Si le gouvernement a des décisions exécutoires dans ce sens par exemple, si ce n’est pas fait on peut le rappeler à l’ordre.
Mais on sait ce à quoi servent nos lois quand on les vote. Pensez-vous que voter des lois comme cela ça règle déjà les problèmes des jeunes ?
Non il n’y a pas de bâton magique à cela. En tout cas nous au niveau de Abt nous sommes très réalistes. On nous a confié ses responsabilités et nous savons exactement pourquoi on nous met à des places comme ça. Je pense que fondamentalement c’est pour régler les questions pointues comme celle de la jeunesse. Mais la question de l’emploi des jeunes est aujourd’hui plus que grave. Vous savez, vous avez dit quelque chose tout à l’heure qui a retenu mon attention à savoir qu’il n’y a pas que les jeunes dans la Nation. Mais n’oublions pas que c’est un grand maillon au niveau du système d’activité Béninois. Nous sommes dans une situation où le jeune béninois n’a pas d’autre vision que de devenir chômeur. Alors pendant la période de révolution à l’actif du Général Mathieu Kérékou que nous saluons au passage, c’est lui qui est celui qui a créé toutes les sociétés que nous connaissons actuellement à savoir : la Sonacop, la Sonicog, la Sobébra etc. et c’était pour régler les questions de chômage à l’époque. Aujourd’hui nous sommes dans un système démocratique c’est vrai, on est dans un système libéral où les privés sont autorisés à créer l’emploi. L’Etat ne peut pas refuser de continuer par créer les emplois. Je pense qu’il y a tellement à faire que l’Etat devrait continuer à donner la main aux privés en continuant par créer les sociétés et donc les emplois.
Mais parlant jusque-là de la jeunesse, on ne voit pas le rôle du législateur que vous aspirez à être ?
Mais attendez, quand on dit que le jeune doit pouvoir avoir accès à l’emploi, ça doit faire partie d’une loi. Cela doit obliger l’Etat à savoir qu’il doit créer des opportunités pour que le jeune ne se retrouve pas dans une situation de chômage. Imaginez que dans la prochaine législature, il y a une soixantaine de jeunes. Vous savez nos problèmes seront réglés en grande partie.
Ça m’amène à poser la question de savoir quel type de jeune faut-il envoyer à l’Assemblée nationale Béo Aguiar ?
On ne va pas remplacer la jeunesse béninoise, on ne va pas remplacer les Béninois non plus. Ce sera les mêmes et on fera avec ceux qui sont là. Mais on espère, parce qu’à tout moment il y a un changement qui arrive. En 90 les gens ont cru, les gens ont rêvé et nous sommes passés à un système démocratique. Et je pense que les printemps arabes qu’on a suivis sont d’abord l’effet des jeunes. On ne souhaite pas ça pour notre pays. On sait que nos dirigeants sont assez prévisibles et qu’on ne va pas en arriver là. Donc s’il y a des jeunes à envoyer au Parlement, ils seront évidemment des jeunes éduqués selon nos références. Même si c’est dommage qu’ils sont éduqués avec ce qu’on sait aujourd’hui. Le Béninois d’aujourd’hui n’est plus fier de l’être. Il ne veut plus consommer béninois. Parce que c’est des questions culturelles à la base qui sont faussées. Parce qu’on a réussi à lui montrer qu’il n’est ni Occidental ni Africain, donc il devient un jeune oblique, complètement à l’envers retourné contre lui-même, capable d’accepter qu’on l’appelle monsieur Dubois au lieu qu’on l’appelle monsieur Zohoun. Le jeune Béninois est extraverti à tout point de vue. Moi en tant que représentant des artistes au bureau béninois des droits d’auteur je vous assure que ce que je vois venir dans notre milieu comme jeune… je pense qu’ils viennent au monde artistique parce qu’ils trouvent dans l’opportunité culturelle l’occasion de s’exhiber et de vendre leur corps. Et ainsi jeunesse rime avec il faut frimer, il faut singer. Tous les pays qui se sont développés dans ce monde se sont basés sur leur culture. Donc il faut que le Béninois commence par être fier de ce qu’il est.
Si on doit donc définir un portrait-robot du jeune à envoyer au Parlement quels sont les critères à prendre en compte?
Il faut que ça soit un jeune qui pense développement. Les lois influencent les questions de développement. Il faut qu’il pense l’avenir. Que les lois prennent en compte les générations futures. On ne va pas au Parlement pour le plaisir. Il faut aussi qu’il soit moulé d’expérience. Il faut mériter sa place quand on veut décider au nom de notre pays.
Ce sont de belles idées mais à quoi cela servirait elles pour Béo Aguiar député à l’Assemblée nationale ?
Moi je voterai une loi par exemple sur l’introduction de la culture dans l’enseignement. Parce qu’il faut que le jeune Béninois commence par apprendre et s’approprier sa culture.
On ne vous connait pas un passé politique, mais comment êtes-vous parvenu à vous positionner en tête de liste ?
C’est parce qu’on sait où on va. Si c’était de la gymnastique, vous savez que si c’est de l’argent à déposer pour être là je n’en ai pas. Si c’est pour jouer avec les bagages politiques je n’en ai pas non plus. Mais je crois que ce que j’ai ce sont mes idées. C’est la jeunesse, c’est l’ensemble de tous ceux qui y croient. Moi ma candidature n’est pas individuelle. C’est une candidature de groupe qui a été défendue.
Réalisé par Teddy GANDIGBE (Stag)