Une soixantaine d’acteurs culturels, journalistes et responsables d’organisations de la société civile traitant des droits de l’homme ont pris part à la conférence publique sur les droits artistiques et culturels au Bénin organisée par le Comité de suivi national du Projet Artwatch Africa au Bénin. C’était le samedi 21 février dernier au Hall des Arts de Cotonou.
A la suite de l’atelier organisé en décembre 2014 autour de la notion de Droit culturel et de la Déclaration de Fribourg, les membres d’Artérial Network Bénin ont convié à nouveau les acteurs du monde culturel et ceux de l’animation de la vie civique à un mini-séminaire. L’objectif était d’amener les participants à appréhender dans un premier temps les contours de la Déclaration de Fribourg et de faire le tour des entraves qui inhibent l’audace créative des artistes béninois, en deuxième point.
La première partie de la conférence a ainsi eu pour animateur, le Professeur Victor Topanou, spécialiste du droit culturel, co-auteur de la Déclaration de Fribourg, ancien Ministre de la Justice au Bénin et Titulaire de la Chaire Unesco. Tout en approfondissant la notion du droit culturel qui est tout aussi, à l’en croire, un droit de l’homme, le Professeur a insisté sur le fait qu’il est différent au droit artistique. En effet, selon Victor Topanou, si le droit culturel permet à chaque individu de s’identifier culturellement et / ou d’adopter sa propre identité culturelle à travers un ensemble de traits et caractères à travers le monde, « Chaque individu est libre de choisir sa propre identité et doit être toléré par la communauté, d’où la notion de diversité culturelle » a fait remarquer le Professeur. Et bien que les efforts des auteurs de cette déclaration pour la faire adopter par l’Organisation des Nations Unies ne sont pas encore abouti, on retient que cette charte ouvre sur la connaissance « du droit culturel et les principes d’affirmation de l’individualité dans une collectivité ».
En second panel, il a été débattu de la question de la liberté d’expression artistique et culturelle au Bénin. Avec comme interrogations fondamentales : « Ose-t-on assez au Bénin ? ». Si non, « Pourquoi ? ». Pour mener cette discussion un ensemble de créateurs : l’écrivain Florent Couao-Zotti ; les chanteurs Zeynab Habib, Ignace Don Métok ; la comédienne Carole Lokossou et le slameur Kmal Radji. Des interventions des uns et des autres, il aura été constaté qu’il existe un réel engagement des créateurs malgré des menaces de tout ordre qu’ils essuient. De sorte qu’il est à énumérer les pressions sociales, politiques et économiques comme entraves à leur pleine expression. Il sera relevé des différentes interventions de contribution à ce panel que cet état de chose est la résultante de l’absence de cadre institutionnel et légal qui protégeant les artistes. Une situation qu’admet Florent Couao-Zotti en reconnaissant les cas d’autocensure qu’il a du s’appliquer à un moment de sa carrière, avec par exemple son roman Le Cantique des cannibales. En même temps, il met un bémol en faisant remarquer qu’il y a « une liberté d’expression dont ne profitent pas suffisamment la plupart des artistes ».
Une matinée d’échanges vifs et animés qui a par finir aboutir sur un certain nombre de résolutions. Il faut retenir essentiellement la décision collective de lancer une campagne de sensibilisation et d’information autour de l’importance du respect et de la promotion de la liberté d’expression artistique et créative au Bénin ; la recommandation d’une formation sur le lobbying et le plaidoyer au profit des acteurs. Plusieurs pistes de réflexion qui rassure, au bilan, de la pertinence de ces échanges de sensibilisation périodique qui, à terme, veulent redynamiser et développer le secteur culturel au Bénin.
©www.benincultures.com