Depuis quelques semaines, et conformément à la décision du gouvernement, les carrières de sable desservant la ville de Cotonou et environs sont interdites d’accès. Cette décision aux conséquences lourdes pour les Béninois, est fortement décriée par les acteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP).
La mise en œuvre de la décision du gouvernement de fermer des carrières de sable de Cotonou et environs a suscité la colère des acteurs de la filière du Bâtiment et des travaux publics (BTP). En effet, ces derniers sont montés au créneau pour faire toucher du doigt à l’opinion publique les conséquences qu’induit cette décision.
En premier lieu, ils précisent que cette décision crée une pénurie du sable et affecte le délai de livraison des multiples chantiers en cours d’exécution dans la ville de Cotonou et environs.
Les prix passent du simple au double
Acteurs non négligeables du secteur d’exploitation du sable lagunaire, les conducteurs de camions, quant à eux, expriment leurs difficultés à charger dans un délai raisonnable cette matière première, de même qu’à satisfaire la demande de plus en plus forte des populations. De fait, les grognes et les mécontentements se multiplient au sein des populations parce que le peu de carrière de sable encore en activité n’arrive pas à couvrir convenablement les besoins des villes en pleine urbanisation telles que Cotonou, Abomey-Calavi et environs.
En second lieu, les conducteurs de camions déplorent la flambée des prix du fait de cette décision. Naguère d’une valeur comprise entre 30.000 et 45.000 FCFA, le prix du camion six roues est passé pratiquement au double, pour se retrouver dans l’ordre de 75.000 à 80.000 FCFA. De même, le prix du camion dix roues, de 55.000 ou 75.000 FCFA, a grimpé jusqu’à atteindre plus de 120.000 FCFA actuellement.
Dèkoungbé, un sauveur désillusionnant
A cela s’ajoute les longues files de milliers de camions qui se ruent vers la zone de Dèkoungbé et environs en quête de sable, la matière rare du moment. Une zone qui, malheureusement, ne regorge que de petits sites de dragage de sable de capacité réduite. Mieux, la dégradation accélérée des pistes rurales desservant lesdits sites, causée par les va-et-vient incessants des véhicules poids lourds, combinée au fait que ceux-ci tombent régulièrement en panne sur ladite voie, ne sont pas de nature à favoriser une fluidité du trafic et une circulation aisée. La preuve, le lundi 2 mars 2015, les populations de Togbin ont exprimé leur ras-le-bol face à cette dégradation des voies, en barrant purement et simplement la principale voie d’accès au site qu’empruntent les camions.
Pénurie du sable, une cause d’éléphants blancs
En troisième lieu, la pénurie de sable née de la décision irréaliste de procéder à la fermeture des carrières de sable, entraîne également un ralentissement ou une cessation temporaire des travaux sur les multiples chantiers en cours d’exécution dans Cotonou et environs. De ce point de vue, les origines des éléphants blancs sont à rechercher, non seulement dans le manque de ressources financières des propriétaires de ces immeubles, mais aussi et surtout dans l’indisponibilité du sable. Conséquence, les acteurs du BTP sont contraints de supporter des dépenses supplémentaires engendrées par le prolongement imprévu du délai contractuel en matière de réalisation de chantiers. Ainsi, les entrepreneurs jettent progressivement la clé sous le paillasson.
Des chômeurs en perspective
Par ailleurs, la décision de fermer les carrières de sable crée des manques à gagner à l’Etat du point de vue fiscal et plonge les conducteurs de camions dans un chômage technique. En effet, les exploitants de sable ne peuvent pas payer leurs taxes aux mairies s’ils ne vendent pas leur sable. Aussi, la fermeture de ces carrières est-elle vue comme un acte antisocial quand on sait que cette activité permet à un nombre considérable de personnes de nourrir leurs familles respectives et de subvenir à d’autres besoins vitaux. Afin d’éviter que tout ce monde ne vienne grossir le rang des demandeurs d’emploi, ou ne verse dans la délinquance, il urge que le gouvernement revienne sur sa décision pour que soient rouvertes les carrières de sable en question.
Prince AKOGOU