A la recherche d’une thérapie face à l’insécurité grandissante, des spécialistes de la sécurité, des responsables de la police, de la gendarmerie et des militaires sont, depuis hier jeudi 12 mars à Bohicon, pour mener la réflexion sur le concept de la police de proximité.
Déjà expérimenté dans les grands pays, le concept de police de proximité, désigne des unités de policiers évoluant au quotidien dans les quartiers difficiles. Une police proche des populations tout en étant aussi courtoise qu’efficace. En France comme aux États-Unis, le succès de la police de proximité témoigne de la réciprocité des relations qui existent entre les policiers et les citoyens dont ils assurent la sécurité. Le concept semble relativement prendre au Bénin avec la police municipale de Cotonou. Mais très tôt, il s’est égaré dans une sorte de tradition. La police de proximité n’est pas celle qui violente le citoyen, qui le rançonne et est incapable de le secourir.
A l’ouverture des travaux de la réflexion hier à Bohicon, Ralf Wittek, représentant régional de la Fondation Hans Seidel qui appuie l’organisation de cet atelier qui dure trois jours, souligne que l’Afrique se distingue par certaines pratiques qu’il serait indispensable de corriger.
En effet, il n’est pas rare qu’on observe dans les rues ou à des postes de contrôle, qu’un citoyen ou un étranger soit mal traité ou mal accueilli.
Pour aller vers des solutions appropriées, la rencontre de Bohicon se veut une contribution au débat public sur la police au quotidien. Ouvrir la voie à une nouvelle police en faisant en sorte qu’elle soit proche des habitants, à l’écoute des victimes, attentive aux préoccupations des élus, et puisse répondre effectivement aux attentes desdites populations, doit être un objectif des forces de l’ordre.
Mais cet objectif ne doit pas être poursuivi au détriment d’autres actions tout aussi importantes comme la prévention contre le terrorisme, la recherche des auteurs d’infractions ou, plus généralement, la lutte contre la criminalité.
Pour le colonel de gendarmerie Placide Ayamou, la sécurité de proximité représente une approche récente pour la gestion de cette problématique qu’est l’insécurité au niveau des populations. Elle va au-delà des concepts classiques de lutte contre l'insécurité de par ses acteurs et ses dimensions. L’étude de ce concept relativement nouveau devra prendre en compte les principes et stratégies qui le sous-tendent, les acteurs auxquels il fait appel et les cibles. Il poursuit en rappelant que la sécurité de proximité est perçue comme une réponse plus adaptée au sentiment d’insécurité qui anime les populations dans certains pays. Il s’agit d’un concept basé sur la prévention et la communication en vue d’une meilleure prise en compte par anticipation des besoins des populations dans le domaine de la sécurité.
Certes, la prévention faisait déjà partie des principes d’action mis en œuvre par les forces de sécurité publique que sont la Police nationale et la Gendarmerie nationale dans la lutte contre l’insécurité. Mais dans le cadre de la sécurité de proximité, il s’agit d’une prévention basée sur des axes spécifiques d’actions adaptées aux différents besoins des populations en la matière.
Abondant dans le même sens, le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et des Cultes, Simplice Dossou Codjo, en procédant à l’ouverture des travaux de cet atelier devait rappeler surtout le climat sécuritaire actuel au niveau régional voire mondial, caractérisé par des actes terroristes des groupes Boko Haram et Djihadistes.
Aussi, le ministre Simplice Dossou Codjo est-il d’accord avec le colonel Placide Ayamou, l’un des communicateurs de cet atelier qui assure que le concept de sécurité de proximité est de nature à rassurer davantage les populations et à résorber le sentiment d'insécurité qui les anime à travers une approche de solution adaptée à chaque situation spécifique.