Le dimanche 26 Avril 2015, le peuple Béninois éliera ses représentants à l’Assemblée Nationale, auguste institution dont l’une des missions est le vote et l’adoption des textes législatifs ainsi que le contrôle de l’action gouvernementale. La présente réflexion se propose après un bref état des lieux de la situation actuelle de notre pays, d’analyser les pulsions négatives qui annihilent les efforts consentis pour réaliser l’idéal démocratique, d’en situer les responsabilités et de proposer des approches de solutions susceptibles de faire augurer d’un avenir radieux à notre beau et grand pays le Bénin. La complexité du CAS/BENIN se caractérise de nos jours par : une tension manifeste entre l’exécutif et le législatif (à géométrie souvent variable) ; un conflit de génération entre « la vieille garde » et les forces vives émergentes ; une instabilité au plan socio économique marquée par la cherté de la vie et le chômage des jeunes et un repli identitaire inquiétant.
Répondre à cette question revient à s’interroger sur la probable existence d’un « mal béninois » qui tel un atavisme, nous tirerait vers « le bas » et se transmettrait de génération en génération. Le même qui « avait vomi » le Général Président Mathieu KEREKOU en 1989, lui dressa à nouveau le tapis rouge de la Marina en 1996. Pourtant les réalisations du technocrate Nicéphore Dieudonné SOGLO forcent l’admiration de ses détracteurs. Chez nous au Bénin, la fin d’un mandat se caractérise toujours par une désertion au niveau de « L’ETAT MAJOR DU PRESIDENT SORTANT ». Certains acteurs le font de bonne foi pour ne pas trahir leur conscience citoyenne, d’autres par contre, retournent leur veste pour saisir les opportunités qu’offrirait le « cheval gagnant ». Ces derniers que nous pouvons comparer à des caméléons à ne pas confondre avec le GENERAL CAMELON, portent-ils les aspirations profondes de leur mandant ?
Une majorité silencieuse coupable
Ce groupe social, s’es constitué d’hommes et de femmes intègres, capables de relever les nombreux défis de notre temps mais qui se refusent de mettre leurs talents au service de la communauté en investissant le champ politique pour l’imprégner de leurs vertus. Sans vouloir banaliser les risques auxquels expose l’engagement politique, leur silence coupable ne favorise-t-il pas l’émergence des « moins offrants » ? Il serait difficile, à l’aune des approches méthodiques scientifiques, d’envisager une conduite thérapeutique efficace sans l’indispensable arrimage aux déterminants socioculturels et psychologiques. L’homme politique moulé depuis son enfance dans une Aire culturelle donnée ne serait pas épanoui dans un système démocratique qui prévoit des contre-pouvoirs. Ces derniers seraient réduits à leur simple expression, conformément aux schèmes de pensée selon lesquels l’allégeance de la périphérie est non négociable à l’autorité qui incarne le centre. Nous avons le devoir de soutenir nos élus afin qu’ils aient les ressources nécessaires pour ne pas succomber à la tentation. Que pouvons-nous dire de la prégnance du magico-sorcier en milieu politique ? Quel serait l’impact de ces paramètres irrationnels sur le processus électoral ? Je n’oserais pas trop avancer sur ce terrain sans mener une enquête sérieuse en cette veille des élections législatives.
Remédier à la crise de vocation et de discernement
Le dictionnaire Robert définit la vocation comme « APPEL » que DIEU adresse à un homme pour que celui-ci assure sa part dans la réalisation des desseins providentiels. Elle pourrait être également définie comme une vive inclination ou une aptitude spéciale pour un état, une profession. Tous ceux qui aspirent ou postulent aux suffrages du peuple souverain ont-ils reçu un appel ou disposent-ils des pré-requis nécessaires ? La réponse à cette préoccupation fait appel aux discernements des électeurs qui doivent prendre du recul au point de discerner la rumeur des vagues, les nuances du vent, le bien du mal. Le tintamarre actuel, savamment orchestré surtout à l’occasion des campagnes électorales favorise-t-il cette introspection ? Pour y parvenir, il faudrait aider l’électeur à travers l’alphabétisation de masse à disposer d’une grille d’évaluation de l’action publique afin de s’en inspirer pour opérer des choix judicieux. Tout ceci serait sans effet, sans la réduction sensible, sans la paupérisation de la plèbe dont la forte dépendance de ses fossoyeurs favorise l’achat de conscience et la corruption à grande échelle (véritable piège sans fin). La classe politique est-elle prête à aller dans ce sens ? Le peuple est-il prêt à l’y aider ?
Nécessité d’une remise à niveau, d’une formation permanente
La pédagogie de Dieu et la collaboration des hommes de bonne volonté ont permis au peuple béninois de s’affranchir de l’instabilité politique du soleil des indépendances, des affaires de la révolution marxiste-léniniste pour atteindre l’étape du renouveau démocratique. Aujourd’hui, tout porte à croire que le rythme de croissance du peuple n’est pas identique à celui des acteurs politiques. Au moment où certains caressent l’idéal démocratique, d’autres ne cachent pas leur nostalgie de l’époque révolutionnaire. Il urge de réfléchir à une formation permanente des principaux acteurs politiques en DEVELOPPEMENT PERSONNEL et en ETHIQUE POLITIQUE sous la direction d’un Coach éclairé. Des initiatives prises au niveau de certaines aumôneries gagneraient à être vulgarisées. Par ailleurs, l’implication de fortes personnalités à l’instar du regretté des assises de la conférence nationale, Mgr Isidore de SOUZA, de vénérée mémoire, du révérendicime Cardinal GANTIN, favoriserait le dialogue politique et l’instauration d’une paix durable qui passerait par l’amour et la vérité. Pourrait-on encore trouver ces colombes de paix ? A défaut, pourquoi ne pas envisager la création d’un Musée pour immortaliser ces héros et vulgariser leurs idéaux ?
Ce serait prétentieux de vouloir conclure notre réflexion sur une question d’actualité dont la complexité fait appel à une approche pluridisciplinaire. Les pistes de réflexion explorées nous ont permis de nous interroger après état des lieux sur notre responsabilité individuelle et collective. L’Education à la citoyenneté apparaît comme l’une des planches de salut. Tant que les prémices lumineuses d’un renouveau spirituel ne vont pas s’enraciner dans nos structures mentales, tant que l’effort de correspondance à la grâce ne serait pas consenti au quotidien, pourrions-nous faire coïncider notre choix avec le plan de Dieu sur notre beau et grand pays ? La question mérite une profonde réflexion à laquelle tous les Béninois sont conviés.
Cosme HOUNKPATIN (Coll ext)/Le Grand Matin