La Cour d’appel de Cotonou a condamné ce mardi, dans la grande salle A de la structure, Frédéric Sacha à 05 ans de travaux forcés pour tentative de meurtre sur la personne de sa concubine, Gabrielle Edith Mèhinto, à l’aide d’un fusil artisanal, dans le cadre du 7ème dossier inscrit au rôle de la 1ère session de la Cour d’Assises de Cotonou de l’année 2015.
La tentative de meurtre de dame Gabrielle Edith Mèhinto par Sacha Frédéric, tradi-thérapeute, Béninois et âgé de 41 ans, est intervenue dans la nuit du 24 au 25 juin 2012 à Glo-Djigbé.
En fait, selon le résumé des faits, Sacha Frédéric a offert de prodiguer des soins à l’enfant de dame Gabrielle Edith Mèhinto. Mais au cours du traitement, Sacha Frédéric fut victime d’un accident de circulation ayant occasionné l’amputation de l’une de ses jambes. Pour continuer à prodiguer les soins à la malade, il proposa que l’enfant malade vienne habiter chez lui. Dame Gabrielle Edith Mèhinto, avec la permission de son mari, alla s’installer au domicile du tradi-thérapeute pour être au chevet de sa fille. Mais sept(07) mois après, la fille décéda et malgré toutes les tentatives de Gabrielle Edith Mèhinto pour rejoindre son domicile conjugal, Frédéric Sacha s’y opposa, allant des fois à proférer des menaces de mort et à user d’intimidation pour la contraindre à rester avec lui. Dame Gabrielle Edith Mèhinto devint ainsi la concubine de Sacha Frédéric qui s’opposait formellement à tout contact entre elle et son ancien mari. Il soupçonnait celle-ci de continuer à voir secrètement l’ancien mari à qui, selon Frédéric Sacha, dame Gabrielle Edith Mèhinto envoyait souvent à manger. Dame Gabrielle Edith Mèhinto, supportant tant bien que mal les quotidiennes scènes de jalousie de Frédéric Sacha, dans la nuit du 24 au 25 juin 2012, Frédéric Sacha se saisit de son arme à feu de fabrication artisanale et tira sur Gabrielle Edith Mèhinto. Celle-ci reçut les projectiles au niveau des jambes et sur ses parties génitales. Il rechargeait son arme pour tirer à nouveau sur sa victime lorsque Francis Alapini Akotohoto, fils de la victime, réussit à le désarmer. Dame Gabrielle Edith Mèhinto fut transportée d’urgence à l’hôpital de zone d’Abomey-Calavi pour les premiers soins. Tant à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur, l’accusé a reconnu les faits mis à sa charge mais avec beaucoup de variations.
A la barre ce jour, l’accusé n’a pas collaboré avec la Cour et le ministère public, représenté par Julien Tiamou l’a fait remarquer à la Cour.
Toutefois, l’accusé, Sacha Frédéric, a reconnu avoir tiré sur une silhouette d’homme qu’il croyait être celle d’un voleur de ses porcs qui criaient dans cette nuit là. Mais qu’à sa grande surprise, c’est le cri de sa femme qu’il a attendu après le coup de feu. Il a aussi soutenu qu’il avait visé le pied de sa cible et donc qu’il n’avait pas l’intention de tuer sa victime. Il a par ailleurs attribué ses actes à son ignorance voire le fait d’être analphabète. Il dit aussi être en de bons termes avec l’ancien mari de la victime, dame Gabrielle Edith Mèhinto et que celui-ci mange à ses frais et passe parfois la nuit chez lui. Il dit aussi que la fille décédée a été enterrée dans sa maison.
Mais après avoir écouté la sœur de l’accusé, Marie-Claire Sacha, le chef de village de Glo-Djigbé, Epiphane Gbègbè et la déposition du fils Francis Alapini Akotohoto de la victime, la cour a compris qu’il y a quelque chose qui cloche dans cette affaire. Selon la sœur de l’accusé, la victime s’est plainte à elle de l’accusé et elle lui aurait dit de quitter son frère, autrement elle pourrait être fusillée. Son frère ne veut pas la voir les fréquenter, a-t-elle ajouté. Le chef de village a dit qu’il était sur le point de recharger le fusil après avoir tiré sur dame Gabrielle Edith Mèhinto. Le petit Francis Alapini Akotohoto a même fui. Dans la déposition du petit Francis Alapini Akotohoto, la nuit du drame, il y a eu querelle entre la victime et l’accusé et dans cette même nuit, il a demandé qu’il lui apporte le fusil ce qu’il n’a pas fait. Peu de temps après qu’il s’est endormi, le drame est survenu.
Le ministère public, représenté par Julien Tiamou, dans sa réquisition, voit que l’accusé n’a pas du tout collaboré avec la Cour. Il trouve qu’il est méchant parce que l’accusé avant de fusiller sa victime a entretenu deux rapports avec elle. M. Julien Tiamou s’est inspiré de la Bible pour dire que nul n’a le droit d’ôter la vie à quelqu’un. Il a démontré que l’accusé a volontairement tiré et savait bien que c’était Gabrielle Edith Mèhinto qui était à l’endroit parce que celle – ci n’étant pas dans la chambre, il n’a pas pris soin de se rassurer de sa position avant de tirer sur le voleur. S’appuyant sur les textes qui punissent de telles infractions, il invite la Cour à condamner Frédéric Sacha à 15 ans de travaux forcés.
La défense, assurée par Me Max d’Almeida, a plaidé et préfère que la Cour disqualifie l’infraction de tentative d’assassinat et la redéfinisse parce qu’il n’y a pas l’intention, ni la volonté d’assassiner.
La Cour s’est enfin retirée et est revenue, en disqualifiant l’infraction en tentative de crime de meurtre et a condamné Frédéric Sacha à sept (07) ans de travaux forcés en mettant à sa charge les frais de justice. La Cour a aussi ordonné la saisie du fusil et recommandé sa destruction.
L’accusé, placé en détention préventive depuis le 27 juin 2012, recouvrera donc la liberté en 2019.
La Cour était présidée par Nicolas Pierre Bio, assisté de Marie Adjouavi Soudé-Godonou et Wilfried Araba.
La plume était tenue par Me Bienvenu Prosper Djossou.
ABP