Patrice Talon a sauvé la démocratie béninoise et son peuple. En refusant au Président Boni Yayi sa sollicitation pour une révision opportuniste de la Constitution, il a fait une œuvre de salubrité publique. Les faits lui donnent heureusement raison aujourd’hui.
Les langues se délient. Les menacent fusent de partout. Mathurin Coffi Nago, Président de l’Assemblée menace de tout cracher. Il n’a pas peur car dit-il, il n’avait pas de cadavres au placard. Lors de la sortie effectuée le samedi 14 mars 2015 par son Alliance politique, le Fdu, Mathurin Coffi Nago a remis chacun de ses détracteurs à sa place, notamment ses anciens alliés politiques qui, par presses interposées mettent sur la place publique une correspondance qu’il a échangée avec le Chef de l’Etat.
« On m’a dit que certains partenaires ont des doutes sur le fait que le projet envoyé à l’Assemblée Nationale soit identique au projet initial…Je leur ai donc demandé d’envoyer une lettre explicative pour me demander d’accuser réception de telle ou telle chose. La lettre a été envoyée par le Chef de l’Etat. Et parce qu’il s’agit de la crédibilité de l’Etat béninois, j’ai répondu à la lettre. C’est ma réponse qui est publiée en montrant que le Président de l’Assemblée Nationale est pour la révision de la Constitution. Dans ces conditions, comment voulez-vous continuer à avoir confiance », a expliqué le Président Nago qui soupçonne ainsi des choses graves et malsaines contenues dans le projet de révision de la Constitution introduit par le Chef de l’Etat à l’Assemblée Nationale, envers et contre tout. Pour le Professeur Nago qui porte ainsi la voix de tout un peuple et de tout un groupe politique, « la révision de la loi fondamentale du Bénin du 11 décembre 1990 n’aura pas lieu car un seul individu ne peut pas décider du sort de tout un peuple même s’il est le Président de la République ».
Bien avant le Président de l’Assemblée Nationale et à d’autres occasions, plusieurs leaders d’opinion et hommes politiques avaient décrié la volonté du Président Boni Yayi de réviser de façon opportuniste la Constitution béninoise du 11 décembre 1990. Toutes ces dénonciations ne font que conforter dans sa position l’homme d’affaires béninois Patrice Talon, aujourd’hui contraint à l’exil pour avoir opposé une fin de non recevoir à la sollicitation du Président Boni Yayi qui lui a demandé de mettre à profit ses moyens, son influence et ses relations pour obtenir à l’Assemblée Nationale la majorité qu’il faut pour réviser la Constitution du Bénin dans le seul but de lui permettre de faire un 3è mandat.
Il a sauvé le Bénin et sa démocratie
L’évidence est aujourd’hui là. Et lorsqu’on se réfère aux révélations des anciens bras droits de Yayi, Patrice Talon avait raison de dire non. Les déboires que connait aujourd’hui cet homme d’affaires que Yayi a tôt fait de qualifier de «non vertueux» sont la conséquence de son refus de cautionner l’imposture. On peut le dire ! Patrice Talon a sauvé le Bénin et sa démocratie de l’appétit glouton du Président Yayi qui a pris goût au pouvoir. Patrice Talon aurait accepté d’aider Yayi à réviser la Constitution que Yayi ne lui aurait pas arraché le Programme de vérification des importations de la nouvelle génération (Pvi-NG). Patrice Talon aurait accepté la révision de la Constitution que Yayi lui aurait laissé la gestion de la filière coton. Patrice Talon aurait accepté de réviser la Constitution que Yayi ne l’aurait pas accusé de vouloir l’empoisonner et l’assassiner. Il a dit non ! Il a accepté de se sacrifier. Dans l’entourage du Chef d’ailleurs, les langues se délient et continueront de se délier. Déjà, ceux qui sont dans le secret du Chef indiquent que les raisons économiques évoquées pour arracher le Pvi-Ng à Talon n’étaient que des prétextes. Ce qui oppose Yayi et Talon reste et demeure le refus du dernier de ne pas aider le premier à réviser la loi fondamentale du Bénin. Il suffit de se référer aux comportements qu’affichent le Président de la République et de ce qui lui reste comme soutien au sein des Forces cauris pour un Bénin émergent pour se convaincre de que Boni Yayi veut effectivement réviser la Constitution pour rester éternellement au pouvoir. D’ailleurs, la révision de la Constitution a constitué le principal thème autour duquel les participants au dernier congrès de remobilisation des Fcbe ont focalisé leur attention. Et comme si cela ne suffisait pas, les membres du comité d’organisation de ce congrès ont proclamé haut et fort que le pouvoir Yayi est là pour des années encore. Ces déclarations trahissent malheureusement les intentions du Chef de l’Etat. Pour quelqu’un qui doit rendre le tablier en 2016 et permettre l’alternance au pouvoir, la priorité ne doit pas être la révision de la Constitution pour continuer de gouverner, mais plutôt l’accomplissement des tâches républicaines. En tout cas, le peuple souverain veille au grain. Il n’acceptera pas qu’on lui arrache sa démocratie chèrement acquise à l’issue des périlleux travaux de la conférence nationale de février 1990.
Junior Fatongninougbo