Les déficits budgétaires demeurent importants en Afrique parce que les dépenses courantes augmentent alors que les dépenses d'investissements productifs ne suivent pas, a affirmé mardi à Dakar le directeur adjoint du département Afrique du FMI, Roger Nord.
M. Nord intervenait au cours d'un Forum africain sur les finances publiques sur le thème "Politique budgétaire et croissance solidaire", qui a rassemblé les délégués d'une quarantaine d'Etats africains.
Il a indiqué que "ces déficits, qui sont passés globalement de 2% du PIB, en 2004, à 4% du PIB en 2009".
Cela montre, selon lui, qu'il y a "une tendance à l'augmentation de la dette publique qui peut se traduire en problèmes à long terme".
Le directeur du budget du ministère ghanéen des Finances, Patrick Nomo, a souligné, pour sa part, que "les insuffisances de recettes fiscales et les pressions de dépenses expliquent les déficits budgétaires et le ralentissement de la croissance qui est passée de 8% à 4% au Ghana".
"Le paiement d'intérêts s'ajoute aussi aux dépenses statutaires ainsi que les investissements dans la santé, l'éducation et le social qui ne se traduisent pas forcément en croissance au niveau du PIB", a-t-il poursuivi.
Pour M. Nomo, "il faut améliorer l'engagement des Etats auprès des partenaires financiers afin de capter plus de subventions et d'éviter de contracter des dettes". Il a soutenu à cet égard qu'"il faut un bon système fiable et automatique d'audits des dépenses publiques et une nouvelle procédure fiscale pour collecter plus d'impôts".
De son côté, Mampho Modise, la directrice de la politique fiscale au trésor national d'Afrique du Sud, a indiqué que son pays essaie "de stimuler la croissance qui est actuellement inférieure à 2% avec une bonne politique fiscale qui ne freine pas sur cette croissance".
Elle a estimé qu'"avec le déficit budgétaire, il faut stabiliser les dettes en réduisant les dépenses parce qu'une politique budgétaire ne peut être stable si les dépenses augmentent".
Pour sa part, le directeur de cabinet du ministre congolais des Finances, Gerard Mule, a considéré que "les recettes fiscales sont faibles et les dépenses sont importantes surtout les dépenses de fonctionnement qui représentent 9,5% du PIB et celles effectuées dans la lutte contre les bandes armées qui sévissent en République démocratique du Congo".
"Les dépenses d'investissements estimés à 1,5% du PIB restent très faibles pour un pays qui se veut émergent à l'horizon 2035 et le déficit est persistant même s'il reste encore sous contrôle et sans incidence sur la situation macroéconomique", a-t-il ajouté.
Il est d'avis qu'"il est important de prendre des mesures surtout des réformes dans l'administration fiscale minée par la corruption et l'insuffisance des moyens, afin de mieux mobiliser les ressources intérieures".
"Pour créer un espace budgétaire qui permet d'ajouter des dépenses sans mettre pas en péril la durabilité de la croissance", le sous directeur au département des finances publiques du FMI, Abdel Senhadji, a suggéré "une réforme fiscale en éliminant les exonérations fiscales qui sont coûteuses et parfois sans avantages et en accroissant l'efficacité de la TVA avec un cadre juridique et règlementaire très clair".
Le directeur général sénégalais des Finances, Moustapha Ba, a, quant à lui, soutenu qu'"il faut un système fiscal efficient qui permet de recouvrer le maximum de recettes sans compromettre l'activité économique et s'assurer de l'efficience de la dépense publique parce qu'il y a beaucoup de niches de gaspillage".
"La performance du système fiscal se construit sur la durée alors que nous avons des besoins à satisfaire dans l'immédiat à cause des entreprises en difficulté, du chômage de masse, de l'augmentation de la précarité et une masse salariale qui avoisine les 56% du budget, etc", a-t-il fait remarquer.