Le collectif des festivaliers béninois au Festival panafricain de cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) était face aux médias, vendredi 13 mars dernier à Cotonou. De retour de l’expédition du septième art au pays des hommes intègres, ceux-ci, au regard de leurs conditions de voyage, de séjour, et surtout face au sort fait au cinéma béninois, ont pris la résolution de se faire entendre.
Sur les trente-deux pays participant à la 24e édition du Festival panafricain du cinéma et de télévision de Ouagadougou (FESPACO) pour quatre-vingt six films autour du thème «Cinéma africain : production et diffusion à l’ère du numérique», on pouvait noter la présence d’une délégation officielle béninoise composée de professionnels de cinéma et des cadres de certaines directions du ministère en charge de la Culture. Contrairement aux années antérieures, les compétiteurs béninois sont rentrés bredouilles. Pas l’ombre de la plus petite distinction, aucun prix ni trophée pour un pays qui s’est quand même bien illustré avec le septième art ces dernières années. Mais ce n’est pas pour autant que la participation du Bénin doit être considérée comme une aventure. Bien au contraire, elle a porté certains fruits, martèle le porte-parole du collectif des festivaliers, Francis Zossou.
Il s’agit, dit-il, d’une «présence remarquable et active» qui a permis par exemple de récolter des succès importants, l’objectif du FESPACO n’étant seulement pas question de trophées. Ainsi, le premier prix du concours de pitch organisé par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a été obtenu par Christian Noukpo Whannou. De même, la diffusion du film «Courses pour la vie» sur le bouquet «See africa» a été obtenue et beaucoup de promesses de coproduction, de partenariat ont été obtenues.
Au total, note Francis Zossou dans sa déclaration, des succès individuels ont été notés sur une participation collective qui n’a fait qu’auréoler la visibilité du septième art béninois. Ceci, en dépit de ce que dès le départ, les meilleures conditions de séjour en terre ouagalaise n’ont pas été faites aux ambassadeurs de la culture nationale qu’ils étaient lui et ses pairs. Le mal est même devenu récurrent si on s’en tient à la déclaration lue par Francis Zossou en présence de ses pairs. Et pour ce faire, de nombreuses suggestions ont été faites en direction de l'autorité de tutelle.
Plaidoyer pour l’avènement d’un code de la cinématographie
En plus d’être une aubaine pour la cinématographie, l’adoption d’un code dans le secteur, conformément au souhait maintes fois renouvelé des acteurs permettrait, selon eux, de faire des bonds qualitatifs. En réalité, si les cinéastes ont choisi le lendemain de leur retour du FESPACO pour faire ce plaidoyer, c’est surtout parce que les partenaires potentiels du festival «se sont montrés particulièrement réticents à se mettre en relation d’affaire» avec des Béninois, en l’absence de cet important instrument de cadrage du secteur. De telles situations, «sont symptomatiques du désintérêt qui frappe le domaine de la culture au Bénin», selon Francis Zossou.
Au-delà du code, les conférenciers, vendredi dernier, ont aussi suggéré qu’on mette fin à l’impréparation qui caractérise la participation du Bénin au FESPACO et aux rencontres internationales, en prévoyant des ressources nécessaires à cette fin et qu’on investisse davantage dans la cinématographie…
A l’instar de leur porte-parole de circonstance, d’autres festivaliers tels que Samson Adjaho, Dimitri Fadonougbo… ont embrayé, soutenant d’une part, la nécessité pour le ministère de tutelle de se montrer un peu plus regardant en direction de la cinématographie qui constitue une potentielle source de visibilité pour la culture et le pays tout entier. Et pour certains qui rêvent déjà d’un FESPACO à la béninoise, cela n’est pas irréalisable, rassurent les participants au FESPACO 2015, tous des habitués des grands rendez-vous du cinéma qui jurent qu’une meilleure organisation dans le secteur permettrait de hisser le Bénin assez loin.
Josué F. MEHOUENOU