A défaut des militants et responsables du Prd, ce sont les férus de la mouvance présidentielle qui vont défendre le maire Moukaram Océni en difficulté depuis quelques mois avec le mentor de sa formation politique, le Prd. Karim da Silva, défenseur de premier rang du régime Yayi et sage de la ville de Porto-Novo donne de la voix, pointe d’un doigt accusateur Me Adrien Houngbédji et exige de lui réparation du tort qu’il aurait causé à la cité aux trois noms.
Puisque le linge sale ne se lave plus en famille au Prd, tous les observateurs, acteurs politiques ou non peuvent désormais se mêler des questions relatives à la vie et au mode de fonctionnement du Prd. La crise qui divise les élus Prd de la ville de Porto-Novo va au-delà des instances dirigeantes du parti et préoccupe même les pionniers et défenseurs du pouvoir central. Karim da Silva, jusqu’à preuve de contraire, un des soutiens locaux de Boni Yayi, membre actif du conseil des sages de Porto-Novo ouvre le bal des commentaires sur la gestion que fait Me Adrien Houngbédji du Parti du Renouveau démocratique (Prd) dont il est le président et membre fondateur. C’était hier en son domicile sis à Porto-Novo devant un parterre de journalistes qu’il a invité pour la cause. En dehors de son parti originel, Moukaram Océni se demandait sans doute sur qui compter pour sa défense et pour la restauration de son autorité mise à mal depuis peu par son propre faiseur de roi. Il en trouve un maintenant.
Citoyen…
Au nom de sa citoyenneté, Karim da Silva a parlé : " le conseil des sages soutient le maire pour la construction de l’hôtel de ville…pour la réalisation du parc d’attractions et la mise en service de bus donné par Cergy Pontoise. Mais on a été ahuri quand on a appris que les chantiers sont abandonnés. Qui est Porto-Novien, qui ne l’est pas ? Houngbédji a humilié le maire. Il l’a réduit à zéro. C’est comme au temps du PRPB où il y avait le parti-Etat et sans ce dernier le responsable au poste ne fait rien. Le maire est un élu de la ville et en tant que tel, il est comptable de sa gestion. Personne ne peut contester que le PRD est majoritaire dans la ville. Mais cela ne veut pas dire que le parti commande le maire dans sa gestion pour laquelle il est seul comptable. C’est la ville qui a été humiliée. Porto Novo n’accepte pas ça. Quand on a des observations à faire, on ne les fait pas en public et ; en venir à humilier le maire c’est grave. Houngbédji se doit de réparer tout ça. Il doit des excuses à la ville car ce n’est plus au maire qu’il a fait ça mais à toute la capitale béninoise et par ricochet, à la nation toute entière. Le maire est humilié, que reste-t-il de la capitale ? Le président du Prd doit reconnaitre qu’il s’est trompé. " C’est ce qu’a laissé entre le citoyen de la ville de Porto-Novo.
Des charges qui fragilisent l’autorité
Peut être que c’est un sentiment de pitié trop poussé qui a fait sortir le sage de Porto-Novo de ses gonds. Puisque les charges, le premier citoyen de Porto-Novo en a reçu assez de son mentor. On se souvient encore de la première sortie médiatique du président Houngbédji après la présidentielle de 2011 où il annonçait que le prochain maire de Porto-Novo sera issu de l’ethnie goun. Après la réunion des conseillers Prd au domicile du président du parti au cours de laquelle ce dernier opposait son embargo sur le projet de construction de l’hôtel de ville, les évènements se sont très vite succédés notamment avec la réponse des conseillers Prd (qui sera incitée par Me Houngbédji) au message de vœu du maire Moukaram Océni, la cérémonie de présentation de vœux entre les militants du Prd et leur président où Adrien Houngbédji descendait publiquement l’autorité de la ville, et dernier fait en date : la rencontre du président Adrien Houngbédji avec tous les membres des différentes sous-sections du Prd à Porto-Novo (une réunion dédiée à l’autocritique du premier citoyen de Porto-Novo). Autant de faits qui confirment et enveniment la profonde crise qui secoue le plus vieux parti de l’opposition béninoise. In fine, Moukaram Océni se retrouve seul contre tous et peut désormais compter sur ses amis d’en face qui volent déjà à son secours.
Récupération ?
Mauvais coaching politique ! C’est du moins ce que pense l’observateur de la scène politique béninoise. " Mettre fin à la " gestion hasardeuse (…) Eviter à la ville de Porto-Novo de nouveaux éléphants blancs (… ) Défendre des valeurs qu’on a incarné depuis 20 ans(…) Eviter les mêmes erreurs que celles qu’on reproche au régime en place (…)", c’est le combat que dit mener Me Adrien Houngbédji en livrant le maire de la ville de Porto-Novo qui de plus est membre du bureau politique du parti. Mais les observateurs pensent que la démarche du leader des Tchoko-Tchoko parait quelque peu biaisée. Ce qui semble être justifié par deux faits. Primo, au lendemain du blocage du projet de construction de l’hôtel de ville et bien d’autres projets pensés par le maire Moukaram Océni, un groupe de conseillers communaux Fcbe est monté au créneau pour, à travers une déclaration à peine voilée désavouait le président Adrien Houngbédji tout en encourageant le maire. " Il s’agit au delà de la politique politicienne, du développement de leur ville " estimait-il. Aujourd’hui, c’est Karim da Silva qui adopte la même position que les conseillers Fcbe. Et les analystes se font déjà leur opinion. Peut être que les Tchoko-Tchoko et leur leader en tireront des leçons et mettront enfin sur tapis les questions de succession et de séparation de pouvoir au Prd.