Le taux de croissance de l’économie sera affecté cette année par le délestage qui touche depuis quelques mois tous les secteurs d’activité du pays. Les prévisions du gouvernement en matière de croissance économique risquent d’être durement affectées, compte tenu de la persistance de la crise énergétique.
En début de ce mois de mars, le ministre des finances et de l’économie louait à la télévision nationale (Ortb) les performances de l’économie nationale, au cours des dernières années. « Avec une constance de la croissance qui est au-dessus de 5% depuis trois ans, le Bénin est logé dans une bonne place parmi les pays de la sous-région », a déclaré Komi Koutché. Mais, c’est sans compter avec la persistance du délestage, qui risque de ramener les chiffres à la baisse.
Le taux de croissance a chuté par le passé à cause du délestage. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, il n’est pas exclu que l’économie nationale subisse le même sort cette année, préviennent les analystes économiques. Certains tablent sur une perte d’environ 1 point de taux de croissance.
A la fin de 1994, l’année de dévaluation du Franc CFA, le taux de croissance du PIB s’est établi à 4,4%. Il a poursuivi une évolution en passant de 4,6% en 1995 à 5,7% en 1997 avant de chuter à 4,5% en 1998 sous l’effet de la crise énergétique survenue au cours de cette même année.
Les prévisions du gouvernement en difficultés
La crise de l’énergie électrique n’est pas un phénomène nouveau au Bénin. Le pays a été confronté au déficit énergétique dans les années 1984, 1994, 1998 et depuis 2013. Des coupures intempestives de courant perturbent au quotidien la vie des citoyens ainsi que les activités censées tourner à plein régime d’énergie électrique. Malgré les résolutions prises par les dirigeants, depuis la grande crise énergétique de 1998, pour régler à moyen et long terme ce problème, le délestage est toujours d’actualité. Des dizaines de milliards de francs CFA ont été investis dans les turbines à gaz et autres générateurs, pour réduire la dépendance énergétique et améliorer les prestations de la Société béninoise d’énergie électrique (SBEE). Mais aujourd’hui force est de constater que, c’est le statu quo et l’énergie électrique est encore une ressource rare au Bénin.
Les efforts du gouvernement pour juguler le déficit énergétique sont loin de combler les attentes des populations. Depuis quelques mois, les consommateurs sont confrontés au spectre du délestage sauvage qui n’est pas sans conséquences pour l’économie nationale et pour la sécurité des personnes et des biens. Les coupures de courant vont jusqu’à dix voire douze heures par jour dans certaines localités.
A son arrivée au pouvoir en 2006, le président Boni Yayi a fait de l’énergie l’une de ses priorités. Le numéro 1 du changement a même promis régler le problème de l’énergie en six mois. Mais les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. La centrale de turbines à gaz de Maria Gléta qui devrait augmenter la capacité énergétique du Bénin de 80 mégawatts n’en fournit aujourd’hui que 15 mégawatts.
Avec le délestage pour lequel les autorités ont de la peine à trouver un remède, il sera difficile d’atteindre un taux de croissance de 5%. Et dire que le Président Boni Yayi a promis à l’économie béninoise l’émergence et une croissance à deux chiffres. Ce qui est sûr, la crise de l’énergie électrique sera citée parmi les facteurs qui n’ont pas permis au gouvernement d’atteindre ses objectifs au cours des dix dernières années.
Ignace FANOU/Le Grand Matin