L’éducation est reconnue par les législations et les traités comme un droit humain fondamental. Une telle réalité est prise en compte par les objectifs de l’Education pour tous (EPT) et les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), vu l’important rôle de l’éducation dans la vie individuelle. A travers sa fonction dans la diffusion des connaissances et la transmission des compétences, elle permet à chaque individu de disposer de plus de moyens économiques.
L’éducation est un puissant outil d’acquisition de la connaissance et des compétences qui offre de l’autonomie financière à l’individu pour faire face aux défis de la vie courante. C’est ce qu’énonce l’objectif N°3 de l’Education pour tous (EPT) à l’horizon 2015, à savoir «Répondre aux besoins éducatifs de tous les jeunes et de tous les adultes en assurant un accès équitable à des programmes adéquats ayant pour objet l’acquisition de connaissances ainsi que de compétences nécessaires dans la vie courante».
L’écriture, la lecture et le calcul sont les compétences fondamentales que tout système éducatif performant doit conférer à l’apprenant. Ses compétences montrent que l’éducation a des influences sur la vie de l’individu. D’une part, dans le rapport sur l’EPT 2015 de l’UNESCO au titre de 2014, il est indiqué que «l’éducation réduit la pauvreté». Cet effet de l’éducation se traduit par l’augmentation des revenus.
En effet, l’éducation permet aux personnes ayant un emploi rémunéré de gagner un salaire élevé et leur offre un meilleur niveau de vie comparativement à celles qui travaillent dans le secteur informel urbain ou dans les zones rurales. Les rédacteurs du rapport ont établi un lien entre le niveau d’étude et le niveau de salaire. Selon eux, «l’éducation aide à obtenir un salaire décent». Sur cette base, et citant le rapport du Bureau international du travail 2013 (BIT 2013a), ils ont expliqué qu’à l’échelle mondiale, le nombre de personnes recevant moins de 1,25 dollar EU par jour est estimé à environ 400 millions. Ce qui représente un salaire trop faible pouvant permettre non seulement à eux-mêmes mais aussi à leurs familles d’échapper à la pauvreté.
Poursuivant leur analyse, les auteurs du rapport ont souligné que l’éducation «peut aider le travailleur à échapper à la pauvreté». A la lumière de cette conclusion, ils ont relevé qu’en Tanzanie, 82% des travailleurs n’ayant pas fini leurs études primaires ont un revenu inférieur au seuil de pauvreté. A contrario, la probabilité d’être pauvres pour ceux qui ont terminé leurs études primaires est inférieure de 20%. Quant à l’enseignement secondaire, ont-ils mentionné, il réduit la probabilité d’être pauvre de près de 60%. Le cas du Brésil ne dit pas le contraire. Dans ce pays, la pauvreté au travail est moins courante, voire presque inexistante chez les personnes ayant au moins suivi l’enseignement secondaire. «Les salariés plus instruits reçoivent une meilleure rémunération qui les récompense pour leur productivité accrue», indique le rapport 2014 sur l’EPT.
Par ailleurs, l'incidence de l'éducation dans certains pays est encore plus importante sur les plus hauts salaires. Au Pakistan, le salaire d’une personne alphabétisée est de 23% supérieur à celui d’une personne illettrée. A ce niveau, on note que l’amélioration des compétences pourrait avoir un effet majeur sur les revenus des femmes. Ce qui laisse penser que l’investissement dans l’éducation des femmes pourrait être bénéfique. «Les femmes travailleuses ayant un niveau élevé de compétences en alphabétisation gagnaient 95% de plus que les femmes ayant un faible niveau, voire inexistant dans les mêmes compétences, le différentiel n’étant que de 33% chez les hommes», renchérissent-ils.
Changement au niveau des perspectives d’emploi
Au regard du nombre accru et sans précédent de jeunes sur le marché de l’emploi, ceux qui n’ont pas achevé leur scolarité sont «les plus vulnérables et risquent de ne pas trouver d’emploi» dans le pire des cas. Dans le meilleur des cas, ils «risquent de travailler pour un salaire inférieur au seuil de pauvreté dans des emplois précaires. «Même dans les pays plus riches, la crise économique impose aux moins instruits la perspective d’un chômage de longue durée», insistent les rapporteurs.
C’est la preuve que l’éducation offre à ceux qui en bénéficient plus de perspectives d’emploi autant qu’elle leur permet également d’avoir des emplois stables, susceptibles de leur offrir de bonnes conditions de travail et un salaire décent. Ainsi, se révèlent l’importance de l’emploi pour la réduction de la pauvreté et le rôle de rempart que joue l’éducation contre le chômage. En effet, soutient le rapport, les jeunes possédant des niveaux d’éducation plus élevés subissent moins les effets de la crise économique. Rapportant les conclusions d’une étude d’Eurostat datant de 2013, les rédacteurs ont démontré qu’en Espagne tandis que le taux de chômage au niveau des jeunes n’ayant pas achevé les études secondaires est passé de 20% en 2007 à 60% en 2012, il s’est accru seulement de 14% à 40% dans la catégorie des jeunes ayant atteint des niveaux d’éducation supérieurs.
L’éducation conduit à une vie meilleure
L’éducation fait partie des puissants moyens pour accéder à un avenir meilleur. Pour vérifier cette hypothèse, l’équipe du Rapport EPT 2014 a montré comment l’éducation permet «de s’affranchir du piège de la pauvreté chronique et d’échapper à la transmission de la pauvreté d'une génération à une autre». Selon l’équipe, une éducation de qualité qui améliore les résultats d’apprentissage renforce la croissance économique qui, à son tour, combat la pauvreté grâce à l’augmentation des salaires en particulier et des revenus en général. Dès lors, soutiennent les rapporteurs, si tous les élèves des pays à faible revenu quittaient l’école avec des «compétences de base en alphabétisme», 171 millions de personnes pourraient échapper à la pauvreté. Ce qui représente l’équivalent d’une réduction de 12% de la pauvreté à l’échelle mondiale.
Ces compétences de base indispensables sont notamment la lecture et l’écriture.
L’évidence du pouvoir de l’éducation de maintenir les populations hors de la pauvreté a été soutenue. A cet effet, l’équipe s’est penchée sur le cas de l’Indonésie et notamment sur ses zones rurales. Au nombre des facteurs pouvant permettre aux populations de sortir du cercle vicieux de la pauvreté pendant une période de sept ans figure en très bonne place l’éducation. Ce cas a révélé que chaque année supplémentaire de scolarité s’est traduite par une croissance supplémentaire des revenus de 6% sur les sept années. L’analyse a permis de se rendre compte que «l’achèvement du premier cycle de l’enseignement secondaire a non seulement doublé la probabilité d’échapper à la pauvreté mais il a aussi réduit d’un quart la probabilité de tomber dans la pauvreté».
Alain ALLABI