Avec une vingtaine de ministres candidats aux élections législatives et un chef de l’Etat qui a arboré le costume de leader des Forces cauris pour un Bénin émergent, le gouvernement du Bénin ne pense plus à la gestion quotidienne des affaires. Officieusement, les ministres sont en congés et nombreux d’entre eux ont quitté la capitale économique Cotonou pour élire quartier dans leurs communes et circonscriptions électorales respectives.
Le Bénin a-t-il encore un gouvernement qui travaille pour son développement ? L’éparpillement des ministres sur le terrain électoral et le tour du Bénin entamé par le chef de l’Etat justifient amplement cette interrogation. L’objectif de 50 députés fixé comme défi à atteindre aux termes des élections législatives du 26 Avril prochain constitue certainement, ce qui a chassé les ministres, leurs cabinets et quelques cadres déboussolés à la recherche de postes politiques. Le pays tourne au ralenti et plus rien ne se décide dans les ministères. Ce regain d’activités des membres du gouvernement est provoqué par deux faits certainement.
Primo, il y a le malaise causé au sein de la famille Cauris par la gestion controversée des positionnements sur les listes de candidatures. Plusieurs acteurs non négligeables des Forces cauris pour un Bénin émergent ont changé de camp aux derniers moments, pour se positionner sur des listes concurrentes. Ou, à défaut de se positionner, d’autres travaillent subtilement pour que les Forces cauris subissent une désillusion au soir du 26 avril prochain. Secondo, Boni Yayi et ses affidés estampillés Cauris ont mis la barre très haute à l’issue de l’Assemblée générale des Fcbe tenue à la veille de la confection des listes électorales, en choisissant comme thème de campagne : ‘’La révision de la constitution du 11 décembre 1990’’.
Les élections législatives du 26 avril 2015 constituent alors pour eux un référendum au cours de laquelle les Béninois devront répondre par leur vote à la question : « Etes-vous pour ou contre la révision de la Constitution ? ». L’obtention de 50 députés voire plus s’apparenterait à une réponse positive du peuple. Au cas contraire, ceci sera le signe de l’opposition du peuple à cette question de la révision de la Constitution. D’où la très grande détermination du chef de l’Etat à aller au-devant des populations, pour aider les candidats de sa liste à remporter la victoire.
Seulement, cette obsession de la révision de la Constitution a des conséquences immédiates sur le fonctionnement quotidien de l’administration publique. Plusieurs ministres du gouvernement, candidats ou non, ont abandonné depuis quelques semaines déjà, leurs bureaux pour élire domicile dans leur champ politique. Le président Boni Yayi a retrouvé un regain d’activités et compte parcourir les 546 arrondissements du Bénin avant la date des élections.
Conséquence, l’administration publique tourne au ralenti et les moyens de l’Etat détournés à des fins électoralistes. Les ministres se déplacent avec leurs véhicules de fonction et d’autres ont des ordres de mission avec tout ce que cela implique comme charges pour les caisses du contribuable. Le gouvernement est visiblement en balade et les affaires importantes du pays sont en standby. Le tir doit être corrigé pour une meilleure image du chef de l’Etat et de son gouvernement.
Paul Tonon