Réaction du DRAE sur l’affaire de soustraction frauduleuse de noms dans le cadre du concours de recrutement organisé au profit du Ministère de l’économie et des finances
L’affaire de soustraction frauduleuse de noms dans le cadre du concours de recrutement organisé au profit du Ministère de l’économie et des finances continue d’occuper les grands sujets de l’actualité.
Pour mieux comprendre les tenants et les aboutissants du dossier, nous nous sommes rapprochés du principal mis en cause. Il a nom, Yaya Garba, le Directeur du recrutement des agents de l’Etat (DRAE). Preuve à l’appui, l’homme s’est expliqué. Sans détour, il a réitéré qu’il n’y a jamais eu de substitution frauduleuse de candidats, mais une fuite de communiqué non officiel sur lequel la candidate Idjouola, plaignante devant l’Observatoire de lutte contre la corruption, le Médiateur de la République et la Cour Constitutionnelle a été déclarée admise alors qu’elle ne l’est pas en réalité, selon ses dires. Dans ses explications dont nous publions l’intégralité, Yaya Garba donne sa part de vérité sur chaque aspect du dossier et émet des regrets par rapport à la gestion faite de l’affaire par l’Olc.
Les preuves apportées à l’Olc et la vérité des faits selon Yaya Garba
« Dame Idjouala est une candidate malheureuse qui n’est pas admise. Au terme de l’inscription, elle a un numéro anonyme qui est 1135. Issa Imorou Adissou a un numéro anonyme de correction qui est 1196. A la délibération, c’est bien le candidat Issa Imorou qui a été déclaré admis tandis que Adjouola est classée 19ème sur ce document. Après cette première délibération sous forme anonymat, nous sommes venus lever l’anonymat. Sur ce document, Issa Imorou est 5ème et dame Adjouola est 19ème. Tout était sur un fichier qu’on ne pouvait copier. Malheureusement, nous avons des collaborateurs. Il s’agissait donc de recopier le fichier sur le communiqué. C’est de là que des collaborateurs-(les enquêtes se poursuivent encore)-ont saisi le nom de dame Adjouola en lieu et place de celui du sieur Issa Imorou. Madame la ministre de la fonction publique a signé le communiqué autour de 21 heures puis elle est rentrée. Mais avant d’afficher, on devrait avoir 48 heures pour les vérifications. Mais madame la ministre a insisté qu’on publie immédiatement le communiqué pour qu’il n’y ait pas de manipulations de résultats issus de la délibération. Malheureusement, les vérifications ont révélé qu’il y a eu un intrus dans le corps des Inspecteurs des impôts. Nous avons normalement 60 jours pour corriger les erreurs éventuelles sur les résultats. Mais là, une question se pose : fallait-il corriger avant d’afficher dans tous les départements sans corriger l’erreur? Nous nous sommes dit qu’il faut corriger la page erronée et amener à madame la ministre, la bonne copie. Elle nous a dit qu’on aurait dû laisser ça comme ça. Et c’est elle qui a eu raison. Car, des personnes mal intentionnées ont fait que certaines personnes ont déjà eu la première copie non corrigée. C’est ainsi qu’à l’affichage, dame Adjouola a été surprise de ne pas trouver son nom. Et dans sa plainte qu’elle a adressée à certaines structures, elle a elle-même clairement mentionné que sur le document officiellement affiché, elle n’est pas admise alors que sur un autre document, elle l’est. Elle s’est donc servie de ce communiqué-là pour se plaindre à l’Olc, pour se plaindre à la Cour Constitutionnelle et au Médiateur de la République.
L’Olc face au dossier
Quand j’ai été reçu par l’Olc, j’ai dit à son Président, Jean-Baptiste Elias et à la commission que c’est la seule tribune qui va nous blanchir officiellement. Et là, nous avons amené les copies de l’intéressée et on lui a fait appel. Elle a reconnu ses copies et elle a dit que c’est son écriture. Nous lui avons dit que ce n’était pas une question d’écriture, mais de reconnaissance de copie. Et devant la commission de l’Olc, elle a avoué que c’était bel et bien ses copies. Sur les copies, en français, elle a obtenu 5 sur 20. En Fiscalité, elle a obtenu 10,50 sur 20. Au regard de ces notes, elle a donc huit (8) de moyenne. Or, pour ce concours, celui qui a 15,00 de moyenne ne passait même pas. Donc dame Lydie qui a 8,67 et qui occupait la 118ème place ne pouvait pas passer parce qu’on voulait 14 personnes. Entre temps, elle-même avait envoyé ses parents pour faire des vérifications. En découvrant ces choses, ses parents se sont confondus en excuses. Voilà ce qui me vaut le nom de fraudeur qu’on agite un peu partout.
Des accusations de placement des parents
J’ai 22 neveux qui ont passé le concours. Un seul a pu réussir. Le seul là, je crois qu’il a d’abord eu un diplôme et je pense que je n’étais pas le Directeur des examens et concours (DEC) quand il l’avait eu. Il y a mon collaborateur Salifou qui a trois enfants. L’aîné a 17 ans. Les gens ont pourtant mis sur Facebook qu’il a placé six (6) personnes. Il y a le Conseiller technique juridique (CTJ) du ministère dont le prénom est Kouagou et le nom N’dah. Parce que les gens ont vu un certains Kouagou être admis sur la fiche, ils ont mis que c’est le fils du CTJ. Il y a également le Directeur des ressources financières et du matériel (DRFM) du ministère. Il s’appelle Sidi Aolou. Puisque les gens ont vu qu’il y a un Sidi qui est admis, on a dit qu’il est son fils. Mais s’il vous plaît : est-ce que c’est parce que je suis Garba qu’aucun autre Garba ne peut être admis au concours de la fonction publique ? Aucune autorité ne peut avoir son fils être admis pour un concours même si celui-ci est major ? Il faut qu’on se pose donc des questions. Je trouve que la démocratie béninoise est exceptionnelle.
Les présidents des jurys n’ont rien à voir dans ce dossier
Les gens ont dit que les présidents des jurys se sont partagé les postes. Je voudrais demander la permission de quelques uns parmi eux pour expliquer la situation. Qu’ils me le pardonnent. Monsieur Azandosessi Thomas est un Président de jury. Il a deux de ses enfants qui ont échoué. Gounou Abdoulaye est aussi Président de jury. Et pourtant, son petit frère a échoué. Mieux, même madame la ministre du travail et de la fonction publique, sa fille aînée, 2ème ex-æquo pour le concours des administrateurs en ressources humaines a échoué. Ça, on n’en parle pas. Les présidents de jury ne savent pas à l’avance le nom des candidats dont ils vont corriger les copies. C’est pour cela qu’on donne l’anonymat. Ce qui veut dire que tu peux corriger la copie de ton enfant sans le savoir. Mieux que ça. Si nous prenons le français, ils sont 216 à corriger 66.000 copies. Quelle est la probabilité pour que tu corriges la copie de ton enfant dans ce lot alors qu’il n’y a pas de nom ? Le problème qui se pose, c’est que lorsque dans un concours où 66.859 personnes ont pris part, on ne veut que 432, cela veut dire d’office, qu’avant que le concours ne commence, environ 66.400 personnes ont échoué. Soit environ un admis sur 200 personnes. Ce qui fait que finalement, les gens s’étonnent de qui est réellement admis étant donné que la plupart ont échoué.
Félicitation à Yayi Boni
Nous devons remercier le Président Yayi Boni. Parce que si tous les Présidents recrutaient, on n’en serait pas à cette étape de retard. Même si aujourd’hui, il fait l’effort d’en recruter un peu, nous nous devons de le féliciter et de nous en réjouir.
Des regrets contre l’Olc
Je regrette quelque chose. Nous nous sommes prêtés au questionnaire du Président de l’Observatoire de lutte contre la corruption (OLC) devant la commission. Nous avons répondu à un certain nombre de préoccupations de l’institution. Mais malheureusement, aujourd’hui, on les a retrouvées dans les journaux. Si nous avons répondu à ses questions, c’est parce que nous avons trouvé qu’une institution comme celle-là est crédible. C’est pourquoi nous avons donné un certain nombre de secrets sur l’organisation des concours dans notre pays. Mais tout se retrouve maintenant dans la presse. Quand nous étions devant la commission, nous avions dit au Président : « Si vous pensez que nous étions coupables, coupez-nous la tête. Mais si vous pensez au regard des preuves probantes que nous avons apportées devant la candidate elle-même que nous sommes blancs comme la neige, il faut le dire devant la face du monde. Mais nous avons constaté que dans l’entretien qu’il a eu avec la presse sur le dossier, il a fait économie de vérité. Quand le Président de l’Olc est venu ici, il a eu les copies des deux candidats en cause. Il nous a dit que ce n’est pas ça qui l’intéresse, qu’il veut voir les copies de tous les autres candidats. Je lui ai répondu que j’ai été instruit par mon ministre pour répondre devant la commission sur la plainte de substitution frauduleuse de candidat et que s’il devrait voir toutes les autres copies, il voudra bien le dire à mon ministre qui pourra m’instruire à nouveau. Permettez-moi de le rappeler. On se souvient encore : le Président de l’Olc avait déjà prédit qu’il y a une mauvaise organisation du concours et qu’il fallait bien entendu l’annuler. S’il n’est pas satisfait avec les documents que nous avons déjà donnés et que c’est les documents d’autres corps qui vont lui permettre de certifier ce que nous avons dit, on est en droit de se poser des questions.
De la mauvaise organisation
On a donné une épreuve de comptabilité sans annexe et les gens ont dit que les candidats ont crié. Mais celui qui a proposé l’épreuve est l’un des meilleurs comptables au Bénin. Il a dit qu’il a déjà donné cette épreuve en France et qu’il met au défi quiconque lui prouvera que ce n’était pas une bonne épreuve. Il a dit qu’il a donné une épreuve qui comporte deux dossiers : qu’on peut les évaluer sur le premier dossier ainsi que sur le second. J’ai été surpris que pour cette épreuve, plus de 30 personnes ont eu 19,50 sur 20 dans cette épreuve.
En réalité, il n’y a pas eu substitution
En réalité, il n’y a pas eu une substitution comme le prétendent les gens. Ce qu’il y a eu au niveau de la Direction de recrutement des agents de l’Etat, c’est une fuite. Ce qui nous amène à le dire, c’est bien la question suivante : comment la fille a-t-elle pu avoir le premier communiqué qui n’est pas officiel ? Pour ça, les enquêtes se poursuivent et nous pensons que nous allons démasquer le réseau. Il s’agissait du souci d’un petit Directeur qui voulait se rattraper de corriger une erreur pour qu’elle ne se propage pas. L’erreur est humaine. C’est celui qui persiste dans l’erreur qui est diabolique. On pensait avoir rattrapé l’erreur, mais malheureusement, des gens de mauvaise foi ont déjà fait leur sale besogne. Tous ceux qui sont intervenus ont estimé qu’il s’agissait d’une mauvaise manipulation de l’ordinateur. Je ne m’y connais pas bien. Mais je ne crois pas. Il faut qu’ils arrivent à me convaincre.