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Révision de la Constitution : Yayi Boni veut revenir en 2016
Publié le jeudi 11 juillet 2013   |  actubenin.com


Le
© Présidence par DR
Le Bénin primé à la 38ème Session de la FAO
Mercredi 19 Juin 2013 : L`Organisation des Nations Unies pour l`Alimentation et de l`Agriculture (FAO) prime le Benin pour ses actions contre la faim en 2012 Photo : Son Excellence M. Boni Yayi, Président de la République du Bénin


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Le pouvoir et son chef de file ont communiqué hier dans la plupart des journaux de la place. L’argumentaire n’est pas mal. Le fond aussi. Sans compter la forme. On les croit d’office. On croit même en la bonne foi de Yayi Boni. Il a dit devant le Pape, le président Obama…il a dit partout qu’il ne sera pas candidat. Le hic, c’est que tout cet acharnement autour de la révision ne prouve qu’une seule chose : Yayi Boni ne veut point partir en 2016. Il prend les Béninois pour des zozos. Touchez à une seule virgule et il parlera de nouvelle République…

Plusieurs argumentaires ont été développés par des journaux hier. Les uns aussi « convaincants » que les autres car, ne prenant pas en compte l’homme qu’on appelle Yayi Boni. Et tant qu’un argumentaire ne prendra pas en compte cette dimension, il ne sera pas recevable. Si en 2006, on pouvait dire que personne ne le connaissait, il n’en est pas de même aujourd’hui après sept ans de règne absolu. On se connait. On peut même dire, en paraphrasant le président Bruno Amoussou : il connaît le pays…le pays aussi le connaît maintenant. C’est kif kif. La maison connaît aujourd’hui l’intrus.

Preuves juridiques…

Des journaux ont cité pêle-mêle des articles de la Constitution et de la loi référendaire. Nous vous citons ici un journal :
« Voici ce que disent les articles 155 et 156 de notre loi fondamentale :
« Art. 155. - La révision n’est acquise qu’après avoir été approuvée par référendum, sauf si le projet ou la proposition en cause a été approuvé (e) à la majorité des 4/5 des membres composant l’Assemblée nationale.
Art.156. – Aucune procédure de révision ne peut être engagée ou poursuivie lorsqu’il est porté atteinte à l’intégrité du territoire. La forme républicaine et la laïcité de l’Etat ne peuvent faire l’objet d’une révision »
Voici ce que propose la loi référendaire : « Article 6 : Ne peuvent faire l’objet de questions à soumettre au référendum :
- Les options fondamentales de la conférence nationale de février 1990, à savoir : la forme républicaine et la laïcité de l’Etat ; la démocratie libérale et pluraliste ; l’Etat de droit. La nature présidentielle du régime ; l’atteinte à l’intégrité du territoire nationale ; le principe de la souveraineté nationale ; la limitation du nombre de mandat présidentiel ; l’âge (40-70 ans) des candidats à l’élection présidentielle ».
Et le journal de conclure que tous ces articles montrent que le Chef de l’Etat ne peut en aucun cas réviser la Constitution pour revenir. Il prend comme exemple la limitation de mandat. Donc, impossible pour Yayi de revenir. Telle est la conclusion à laquelle tous les journaux sont parvenus. Là n’est pas la question.
La question est de savoir : allons-nous vers une nouvelle République. Personne ne peut répondre avec certitude si ce n’est que ce clochard de français sans références qu’on a débarqué à coup d’Euros pour venir, tel un charlatan, raconter sa vie. Tous les constitutionnalistes béninois se taisent. Car, le droit n’est pas une science parfaite et chacun y va de son interprétation. Si demain, Yayi Boni décide de se présenter et sa "Cour" dit que c’est une nouvelle République, que ferons nous ?
Il ne faut pas tenter le diable. Exprès il a monté une Cour constitutionnelle dominée par des "gamins" sans référence aucune. Comment peut-on nommer une gamine de 40 ans à la Cour constitutionnelle ? Va-t-on l’appeler elle aussi « Sage » ? Depuis 1991, c’est la plus décevante composition des Cours constitutionnelles. Et c’est fait à dessein. Tous les jeunes nommés par le président sont au début de leur vie, donc des nécessiteux. C’est pourquoi nous craignons qu’au moment venu, cette Cour crie à l’unisson : « c’est une nouvelle République ».

Perte de confiance totale…

Un journal a pu quand même dire la vérité. Il pense que les antirévisionnistes donnent au débat, « une orientation personnalisée ». Vrai de vrai. Le problème ici, c’est Yayi Boni et rien d’autre. Il s’agit d’une perte de confiance totale. A force de se prendre pour un Maradona, Yayi Boni a réussi à faire l’unanimité autour de sa personne sur un point : on ne peut pas lui faire confiance.
Le lendemain de son élection, Yayi Boni a signé des contrats de gouvernement avec tout le monde. Rb, Psd, Madep, Force espoir, Force clé…Il n’a pas respecté sa signature, encore moins sa parole. Jamais. Alors qu’il a lui-même signé noir sur blanc. Lorsque quelqu’un ne respecte pas sa signature que vaudra sa parole ? Bien au contraire, pour récompenser le Madep, il a foutu Séfou Fagbohoun en prison. Direct. Et vous voulez que Fagbohoun croit en lui ? Au nom de quoi.
Il s’est amusé avec les familles Kérékou et Soglo. Il a utilisé Galiou Soglo pour diviser la famille. Aujourd’hui, Lehady Soglo et Galiou Soglo ne se "parlent" pas. Des frères même père même mère. Pour ne pas dire germains.
De l’autre côté il a utilisé Modeste Kérékou comme on utilise son chien pour aller à la chasse. Entendez les élections.
Une fois élu, il les a renvoyés comme des pestiférés. Il les a jetés comme de vielles chaussettes qu’on a utilisées. Alors, c’est là tout le problème. La perte de confiance.
Robert Dossou est en train de se mordre les doigts. Il les mordra jusqu’à ses derniers jours. S’il a mieux à faire c’est de vite regagner son cabinet d’avocat. A force de se morfondre dans un coin il risque une crise cardiaque ! A son âge ça ne pardonne pas. De toute façon son chaos restera dans l’histoire politique du Bénin. Et la récompense n’a pas tardé : viré pour empêchement de révision constitutionnelle.
Donc en gros, c’est le vrai problème. La tête de Yayi Boni ne plait plus aux Béninois. Le nagot dira : confiance « ti tan ».

Vous avez dit promesse ???

L’autre chose soulevée par les journaux hier sont les promesses du Chef de l’Etat. Il aurait promis au Pape de quitter le pouvoir en 2016. En avril 2011, il aurait aussi fait la même promesse aux Béninois. Mieux il aurait fait cette promesse à Obama. Soit. Mais une chose est aujourd’hui sure : les promesses de Yayi Boni n’engagent que ceux qui les croient. Allez poser la question à Patrice Talon. Croire en Yayi Boni est Zakpata, c’est-à-dire mortel.
Un seul exemple : Dans son programme de gouvernement de 2006, il a promis dépénaliser les délits de presse. Trois mois après son arrivée, il a enfermé des journalistes. Ça c’est du pur Yayi Boni.
Un journal disait sur un ton d’agacement ceci : « …Si tant est que Boni Yayi est aussi incrédule au point de douter systématiquement de ce qui sort de sa bouche, on peut quand même s’en tenir aux deux monstres sacrés que sont le prélat et Obama pour croire que les propos tenus devant eux ne sauraient ni être désacralisés ni mis en doute. Et pourtant… ».
Et oui, et pourtant. D’abord, c’est à Benoît XVI qu’il a fait cette promesse. Il n’est plus Pape. Donc, ça n’engage plus Yayi. Ensuite Yayi Boni s’en fout de Obama. D’ailleurs ce dernier ne sait même pas où se trouve le Bénin. Et s’il pouvait rencontrer Yayi Boni dans les rues, il ne saurait pas qui s’est. Enfin, toutes ces promesses ; c’est zéro. Walou, comme le dirait le Sénégalais.
Obama plus Pape ne valent pas la Constitution du Bénin. Pourtant…
Savez-vous comment prête serment un président du Bénin ? Voici le texte qu’il lit :
« Devant Dieu, les mânes des ancêtres, la Nation et devant le Peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté,
Nous..., Président de la République, élu conformément aux lois de la République jurons solennellement
- de respecter et de défendre la constitution que le Peuple béninois s’est librement donnée ;
- de remplir loyalement les hautes fonctions que la Nation nous a confiées ;
- de nous laisser guider par l’intérêt général et le respect des Droits de la personne humaine, de consacrer toutes nos forces à la recherche et à la promotion du bien commun, de la paix et de l’unité nationale ;
- de préserver l’intégrité du territoire national ;
- de nous conduire partout en fidèle et loyal serviteur du peuple.
En cas de parjure, que nous subissions les rigueurs de la loi ».
Le serment est reçu par le Président de la Cour constitutionnelle devant l’Assemblée nationale et la Cour suprême.

Violation répétée de la Constitution

Vous avez bien lu « devant Dieu, les mânes des ancêtres, la Nation et devant le Peuple béninois, seul détenteur de la souveraineté ». Pour tout Béninois, cette portion de phrase dépasse le Pape et Obama réunis. Cela dépasse même le peuple Béninois puisqu’il s’agit de Dieu et des mânes de nos ancêtres.
Donc celui qui croit que Yayi Boni ne peut trahir le Pape et Obama, doit aussi se dire qu’il ne peut jamais trahir Dieu et les mânes de nos ancêtres. Et pourtant.
Et pourtant, il a violé plusieurs fois déjà ce serment.
Quand il dit : Respecter et défendre la constitution, il a failli. La non organisation des élections à bonne date en est une preuve éclatante : 2007, 2008, 2011, 2013. Depuis son arrivée aucune élection n’est tenue à bonne date. C’est une violation de la Constitution, donc une trahison de Dieu et des mânes de nos ancêtres.
Il ne respecte pas la séparation des pouvoirs, principe constitutionnel. Il veut contrôler entièrement le Parlement. Plus grave encore, en 2007, il a organisé une cérémonie de prestation de serment des députés devant lui. Il s’agit des députés qui formeront plus tard le G 13. Il tient à contrôler toutes les institutions. On arrête un juge qu’on amène de force à la Direction générale de la Police nationale. Où se trouve le principe de la séparation des pouvoirs ?
Il a juré de remplir loyalement les hautes fonctions. Or, il a fait économie de vérité en disant aux vendeurs de Kpayo de l’Ouémé-Plateau qu’il leur donne une enveloppe de 50 milliards de Francs en invoquant un projet Bad. Ce projet est destiné à la valorisation des terres inondables de la vallée de l’Ouémé. Un accord de financement est un accord international. On n’en dispose pas comme l’on veut.
Il a juré de se laisser guider par l’intérêt général dont l’unité nationale : les deux jeunes abattus par le cortège présidentiel à Ouidah, c’est l’intérêt général ça ? Les coopérateurs des palmeraies d’Adja Ouèrè abattus à bout portant, c’est l’intérêt général ça ? Des personnes innocentes abattues lors des opérations de lutte contre le Kpayo à Cotonou, à Djrègbé, à Kpokissa n’ont fait l’objet d’aucune enquête judiciaire…Au même moment, à Kilibo, l’un des plus grands centres de kpayo, personne n’est inquiété. Non loin de la maison du président à Tchaourou, on vend du Kpayo, personne n’est inquiété. Ça c’est l’unité nationale version Yayi.
Il a juré de défendre l’intégrité territoriale. Dans ce cas, que fait-il pour récupérer la portion de terre occupée par le Burkina Faso ? Le Nigeria empiète sur nos terres à Madjécali. Que fait-on ? Le Niger nous a arraché des îles. Le Togo commence à empiéter sur notre territoire. C’est triste.
Le chapelet est long. Quelqu’un qui a juré devant Dieu et les mânes de nos ancêtres de respecter la Constitution et qui ne le fait pas peut-il respecter une parole donnée au Pape et à Obama ? Non ! Non ! Et non ! Touche pas à ma Constitution.

Charles Toko

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