Les législatives arrivent sous un vent de référendum. Forces cauris pour un Bénin Emergent (Fcbe) agite l’une de ses obsessions politiques de fin de mandat : la révision de la Constitution. Les cauris reprennent en chœur ce refrain électoral, un thème de campagne qui met en transe la mouvance et l’opposition. Sur ces deux pôles, la trouvaille du yayisme attise les passions et aiguise l’instinct au point de mouvoir les chapelles politiques dans des sermons sur la révision. Fcbe jette le morceau qui ameute les carnivores. La caravane cauri progresse tranquillement.
Sans surprise, le projet Fcbe de révision de la Constitution répand perfidement ses effets. Le débat politique en prend un coup ordurier qui pollue le champ d’action des candidats aux législatives. Chargé de redondances, le discours révisionniste provoque des prêches anti révisionnistes de l’opposition. Les clichés cauris brandis dans l’espace public et le chorus révisionniste permettent à Fcbe de se donner une fausse identité collective et surtout de malmener les opposants sur le chantier des apparences.
Et si la stratégie Fcbe développée sur la révision de la Constitution était un piège ? Occupée à épiloguer et à produire sa littérature politique sur le néant, l’opposition se laisse embarquer dans ce qui peut se révéler une diversion Fcbe. L’exploration de la fausse piste risque d’être fatale à ces opposants dont la propension à suivre la cadence de la mouvance Yayi devient un insolite mode de vie politique.
Cette obsession de la révision de la Constitution qui semble faire courir le pouvoir cauri en saison électorale dégage une odeur de poudre jetée aux yeux de l’opinion publique. L’opposition trop encline à chausser les bottes de la riposte mécanique n’a pas vu l’écran de fumée et s’enlise dans les bas-fonds de la plaisanterie cauri destinée à la détourner de l’essentiel. Les modalités et les enjeux des élections restent encore flous pour le peuple, faute de sensibilisation politique.
Cette révision avec laquelle Fcbe promet la lune, ne relève d’aucune urgence ni pour la démocratie ni pour la vie de la Nation. En se fabriquant une priorité anecdotique, Fcbe amuse la galerie. Cette dangereuse comédie se fait avec l’éther prospectif pour une opposition que le yayisme veut endormir pour passer à l’offensive.
A la vérité, cette Fcbe trouve dans la révision un subterfuge pour fuir les préoccupations majeures de la nation : le chômage, l’éducation nationale, la santé, la sécurité… Le pouvoir cauri a peur de son propre bilan et s’agite autour d’un projet à polémique pour se dispenser du bilan et se recroqueviller dans le camouflage.
L’idée de référendum dénature les législatives. Fcbe vante son projet enveloppé dans un thème artificiel et réinvente avec la complicité passive de l’opposition, l’enjeu des élections du 26 avril. La mouvance rêve de 50 députés pour écrire l’histoire. Et elle joue la vertueuse pour séduire l’électorat.
La ruse et la politique de diversion ne sont pas, pour autant, l’apanage du pouvoir Yayi. En 2006 déjà, le régime de Kérékou en fin de mandat avait simulé une volonté de couplage. Amoussou et Houngbédji entraînés dans le piège et l’illusion, laissaient le champ libre à Boni Yayi, futur vainqueur de la présidentielle.
L’enjeu des législatives, c’est le contrôle d’une septième législature à laquelle est promise la clé de la présidentielle de 2016. En se laissant aspirer par le vacarme de Fcbe autour de la révision, l’opposition risque de gaspiller sa campagne électorale. Seuls, la présence sur le terrain et un discours de conquête lui permettront de déjouer le plan d’une Fcbe très rusée. Cette opposition, en panne d’initiatives, a du pain sur la planche.
Sulpice Oscar GBAGUIDI