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La Presse du Jour N° 1927 du 12/7/2013

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Détention prolongée de Johannes Dagnon et consorts : la France soulève un problème de respect des droits de l’homme au Bénin (Amègbédji : «Nous avons renoué avec des détenus politiques»)
Publié le lundi 15 juillet 2013   |  La Presse du Jour




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Dans la supposée affaire «tentative d’atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat » pour laquelle un non-lieu a été prononcé par le juge Angelo Houssou et confirmé par la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Cotonou, Johannes Dagnon, l’un des prévenus, est toujours en détention à la prison de Parakou. Ce qui, visiblement, n’est pas du goût de sa deuxième patrie qu’est la France. Le pays de François Hollande soulève un problème de respect des droits de l’homme, des organisations de défense de ces droits aussi.
La France veille au respect des droits de ses ressortissants cités dans les affaires «tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat » et «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat» et détenus au Bénin, notamment Johannes Dagnon. Ce message de la France ne doit pas passer inaperçu par les autorités étatiques béninoises. Puisque la France dit «suivre avec attention l’affaire Patrice Talon» et consorts. Cette annonce de la France vient juste après la présentation de la lettre de créance du nouvel ambassadeur du Bénin près la France, Jules -Armand Aniambossou, au président François Hollande. L’ambassadeur Aniambossou, qui s’est justement prononcé sur le sujet, justifie la position de l’Etat béninois. «Cet article ne concerne que des prévenus qui auraient été innocentés par une instance sur le fond. Or la chambre d’accusation n’est pas une instance sur le fond, mais une instance de l’instruction. Tant que la Cour suprême ne s’est pas prononcée, les détentions provisoires doivent être maintenues», a souligné l’Ambassadeur Aniambossou sur Rfi. Seulement, les autorités françaises semblent ne pas croire à cette interprétation du Code de procédure pénale. Mieux, elles s’inquiètent pour leur ressortissant, Johannes Dagnon, toujours incarcéré à la prison civile de Parakou dans l’affaire « atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Faut-il le rappeler, la Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Cotonou a confirmé le non-lieu du juge du 6è cabinet du tribunal de première instance de première classe de Cotonou dans les affaires «tentative d’empoisson-nement du chef de l’Etat» et «atteinte à la sûreté intérieure de l’Etat». Sont cités dans cette dernière affaire l’expert comptable Johannes Dagnon, le commandant de gendarmerie Pamphile Zomahoun et Patrice Talon. La préoccupation de la France vis-à-vis de son ressortissant vient conforter celles d’autres personnalités et conseils des prévenus qui s’étonnent de la non libération de leurs clients suite à l’arrêt de la Cour d’appel de Cotonou.
Une question de droits de l’homme
Le procureur général près la Cour d’appel de Cotonou s’est pourvu en cassation ; et pour lui, les libérations des inculpés dans ces deux affaires doivent être suspendues. Cette interprétation du code de procédure pénale est dénoncée, non seulement par les avocats des inculpés mais aussi par des organisations de défense des droits de l’homme. Récemment, Urbain Amègbédji, président du Centre Africa Obota, toujours sur les ondes de Rfi, a dénoncé « des détentions politiques ». «La liberté est de droit. La détention est l’exception. Et qu’en première instance, ils aient été déboutés et que le non-lieu soit prononcé ; qu’ils ne soient pas contents ; qu’ils soient allés en appel et qu’ils aient à nouveau été déboutés et qu’ils maintiennent les gens en prison alors que la Constitution prévoit que toute personne qui est accusée d’une faute est présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité ait été démontrée ; et deux décisions sont tombées et ces personnes ne peuvent pas être mises en liberté, je crois que c’est suffisamment grave dans notre pays. Ces personnes sont devenues aujourd’hui des détenus politiques. Depuis 23 ans, nous n’avons plus jamais eu de détenus politiques. Avec le régime de Boni Yayi, nous avons renoué avec des détenus politiques. Et si la communauté internationale, dans le sens de la prévention des conflits, ne s’intéresse pas au Bénin, je crains qu’il y ait un clash et qu’ils viennent jouer finalement aux sapeurs-pompiers dans une situation qui aujourd’hui est déjà inquiétante et qui est prévisible». Est-ce une nouvelle récidive de l’Etat béninois à mettre à mal le respect des droits de l’homme au Bénin ? Tout porte à le croire. On se rappelle le rapport 2013-prenant en compte les faits de janvier à décembre 2012-d’Amnesty International sur le Bénin. Il y est écrit : «Le Gouvernement a tenté de réprimer les voix dissidentes tout au long d’une année marquée par des désaccords concernant la gouvernance et un projet de révision constitutionnelle… ». Au sujet de la liberté d’expression, ledit rapport souligne qu’en « …septembre (Ndlr : 2012), les programmes de Canal 3, une chaîne de télévision privée, ont été interrompus pendant quelques jours après que Lionel Agbo, ancien conseiller du président Boni Yayi, eut accusé le Chef de l’Etat de corruption. La télévision d’Etat a invoqué le non-respect des règles de transmission pour justifier cette coupure. Lionel Agbo a été inculpé d’offense au Chef de l’Etat. Il n’avait pas été jugé à la fin de l’année». Venant d’un organisme comme Amnesty International, il y a de quoi s’inquiéter.

Grégoire Amangbégnon

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