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Profil d’un rappeur béninois: ISHAQ, un artiste amoureux de la perfection
Publié le lundi 15 juillet 2013   |  L`événement Précis




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Artiste rappeur, titulaire d’une licence en économétrie et journaliste-graphiste au groupe de presse la gazette du Golfe, il est aujourd’hui un élément incontournable du carré d’as restreint des meilleurs produits de la musique urbaine béninoise. Lui, c’est Laurent Issaka Tchaboè connu sous le pseudonyme d’ISHAQ. Rencontré dans l’après-midi du mercredi 10 juillet 2013, au centre Artistik Africa dirigé par Ousmane Alédji, l’artiste a dévoilé sa personnalité.
Elancé et corpulent, ISHAQ est un jeune homme, la trentaine environ, au front imposant et au visage serein. Son sourire forcé et son regard pesant sont pétris de réserve et de rigueur. Elégamment vêtu d’une chemise manche longue finement rayée (bleu-blanc), sur un pantalon jeans bleu, avec à ses pieds une paire de chaussures marron cirées, il a, comme tout bon africain, un teint noir, les cheveux crépus soigneusement coiffés. Autour de ses lèvres, une barbe et moustache taillées à la gueule de l’âne. Son aspect physique donne, à toute personne venant, l’impression d’un homme discret, méfiant et responsable. «Tout a deux face. Sur un certain angle de ma personne, je préfère le calme, le silence et la méditation. Je ne fréquente pas trop mon entourage tant que cela ne va pas dans le sens de ma vision et de mes objectifs. D’ailleurs, je vois que fréquenter des personnes qui ne regardent pas dans la même direction que vous, c’est inutile et même nuisible pour notre dynamique. Mais, quand on passe dans la sphère active, je suis hyperactif. De toute façon, personne n’est jamais totalement extraverti ni trop introverti », a laissé entendre l’artiste pour montrer la dualité qui vit en lui et qui est innée à l’homme de manière générale. Musulman de naissance, Laurent Tchaboè dit appartenir toujours à cette confession religieuse, mais avec une certaine ouverture supplémentaire. Le bleu, le blanc et le rouge sont ses couleurs prisées. Lorsqu’il était donné à ISHAQ de parler de ses caprices, l’artiste mentionne qu’il se pose trop de questions et puisqu’il est perfectionniste, il remet en cause tout ce qui se présente à lui. « La preuve, mon album que j’ai titré l’Afrique qui devrait sortir depuis, cela fait la troisième fois que je l’enregistre, mais je ne suis pas satisfait », a-t-il confié avant d’ajouter qu’il y a essayé de peindre l’Afrique et ses réalités. Lire et regarder les films sont les forts de l’artiste. « Je ne pourrai plus dire que chanter fait partie de mes passe-temps favoris. C’est devenu presqu’un boulot. Ce n’est plus dans l’ordre des passe-temps, c’est devenu une obligation », a-t-il dit pour mettre un accent sur le sérieux dont il fait preuve dans l’exercice de sa carrière musicale. Quant au goût, lorsqu’il est invité à table, en dehors des goûts standardisés tels que les frites, la pizza et autres, en digne fils du terroir, il affirme aimer le Agbélimanwouè (une forme d’Akassa au goût accentué et élastique) accompagné de la sauce de légume. « J’aime bien l’alcool. Une Guinness… De toute façon l’alcool est fabriqué pour une raison. La question n’est pas dans la chose elle-même, mais ce qu’on en fait», a dit l’artiste pour répondre à la question relative à sa boisson préférée. Le rappeur a avoué qu’il fume également. Mais, il a pris le soin de souligner qu’il faut retenir qu’il n’abuse pas de ces deux produits et que, pour ce qui concerne la cigarette, c’est même à l’occasion qu’il la touche. Originaire du septentrion, précisément d’Akaradè, dans la commune de Bassila, ISHAQ aime les personnes au sens utopique et au sens de progression affiché. « J’aime les rêveurs, le défi. J’aime ceux qui pensent faire des choses qui, de l’ordre des humains, ne paraissent pas possibles. J’aime les gens qui donnent de la priorité au sens des choses», a-t-il laissé entendre avant de souligner, par ailleurs, qu’il est « embêté » par ceux qui sont obsédés par l’apparence, qui s’y attardent et y restent collés. « Moi, j’ai une vision du monde et un rapport particulier à certaines choses. C’est vrai que ceci est souvent relatif à l’éducation reçue, à son parcours de vie et à son vécu », a dit Laurent pour marquer d’un point frappant ce qui fait sa différence avec le commun des mortels.

ISHAQ et sa carrière

« J’ai commencé la musique depuis que j’étais sur les bancs. C’est vrai que c’était moins soutenu et moins assidu. Mais, c’était vraiment passionné. Et cela remonte vers les années 1995 », a répondu le rappeur pour situer un peu sur ses débuts en musique. Il s’est forgé à partir des icônes du hip hop telles que I’AM, Mc Solar, MTN, Kery James, Public ennemi pour ne citer que ces gloires de la France et des Etats Unis. « Il faut avouer qu’il m’a été difficile de concilier les études et la musique parce que la passion artistique, par définition, est tyrannique », a fait savoir le rappeur avant de recommander : « si un enfant choisit d’aborder une carrière artistique, mieux vaut pour le parent de le suivre dans ce sens et non de vouloir étouffer en lui sa passion. En tout cas, nous qui avons pénétré ce monde, nous savons de quoi cela retourne et nous saurons quoi faire en son temps. Qu’on le veuille ou non, cet enfant qui se voit déjà sous l’emprise de sa passion, donnera tout de lui et par tous les moyens pour aller à des séances de répétition dans les studios, des spectacles et j’en oublie. Moi, je n’ai pas eu de début difficile. Mais, tout ce dont j’avais conscience est qu’il fallait assurer à l’école. Je le dis parce que beaucoup de mes compères en ont souffert et d’autres continuent d’en être victime ». Pour ce qui concerne les premières scènes bravées par l’artiste au début de sa carrière, ISHAQ a pointé du doigt le Centre culturel français d’alors devenu aujourd’hui Institut français de Cotonou. « C’est à la paillote du centre culturel français que nous faisions nos spectacles qu’on initiait nous-mêmes. A part cela, je pourrai dire, qu’à l’époque, tout ce qui se faisait en matière de Hip Hop à Cotonou, on était dans les parages. J’ai également fait la scène avec Malick de la radio France internationale (RFI) que tout le monde connait dans le temps comme la seule vrai interface en matière de Hip hop à Cotonou ». L’artiste a, à son compteur, un album enregistré, réalisé et sorti, comportant une quinzaine de titres, ‘’L’artiste’’. « J’ai commencé son enregistrement en France et je l’ai achevé ici », a-t-il précisé. Il est également le responsable d’un studio, Académia dimension, où beaucoup de talents se sont déjà fait enregistrer, à en croire ses propos. Le rappeur a actuellement en vue un projet dénommé Armada Hip hop qui débutera au début du mois d’Août prochain. Aujourd’hui, il ambitionne corriger le problème de contenu, c’est-à-dire, du sens dont souffre le Hip Hop béninois. « Mon but, c’est de travailler avec les artistes qui sont encore préoccupés par la question du sens. Il est temps que ce que nous produisons commence par avoir un caractère intemporel et retrace une vision du monde et des réels problèmes relatifs aux conditions de vie dans la société vulnérable».

ISHAQ, étude et vie privée

Ancien élève du prytanée militaire de Bembèrèkè, ISHAQ a pris par le CSP de Cotonou avant d’aller décrocher le Bac D en 1996 à Jean-Mermoz, toujours à Cotonou. Après son Bac, Laurent Issaka Tchaboè est allé s’inscrire en sociologie où il fait deux ans d’étude avant d’aller obtenir à Toulouse une licence en économétrie. Fils de Yacoubou Tchaboè, économiste à la retraite et d’Amina Tchaboè, commerçante, ISHAQ est marié sans enfant. Il dit avoir un projet d’enfant. Né en septembre 1977, l’artiste a d’abord souligné qu’il est toujours à la Gazette du Golfe. Il a fait savoir que sa vie sexuelle est très contrôlée. « L’artiste par définition est surexposé à la débauche, à la dépravation et tout le reste. Mais, à partir du moment où il le prend comme une préoccupation centrale, il va s’écraser tout de suite. Je pense que ce sont des à côtés du métier et en tant que tel cela ne doit pas occuper le centre du débat chez l’artiste».

Teddy GANDIGBE

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