Avec la dernière rencontre intervenue entre le président de la Cour suprême Ousmane Batoko et le bureau exécutif de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) de même qu’une lettre circulaire du gouvernement portant sursis à l’exécution des décrets de nominations contestés et notifiée aux chefs de juridiction, beaucoup se demandent si c’est déjà le début de la fin de la crise dans la maison justice. Loin s’en faut. Les promesses faites par le premier vice-président du Conseil supérieur de la Magistrature ne désarment pas l’Unamab, fortement syndiquée.
Au prix de quelle concession les magistrats se verront-ils dans l’obligation de courber l’échine devant le gouvernement ? Pour l’instant il y a deux principales préoccupations qui tiennent à cœur aux magistrats. Dans un premier temps que les nominations jugées irrégulières par l’Unamab soient corrigées sans délai. Cette revendication qui ne date pas d’aujourd’hui est parfaitement d’actualité. C’est d’ailleurs la principale pomme de discorde entre le gouvernement et l’Unamab, avec à la clé, une crise perpétuelle dans la maison justice. Les deux parties n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la question et il se révèle que l’Exécutif ne regrette pas le fait que la situation se dégrade de jour en jour avec des semaines de paralysie dans les tribunaux et Cours. Cette situation a un certain écho auprès de la population également exaspérée, comme les magistrats. En dépit de l’engagement du président de la République de juguler la crise, les magistrats ne sont toujours pas satisfaits. Le Pouvoir en place avec son chef en tête a pendant longtemps entretenu cette crise pour n’avoir pas tenu parole et surtout en jouant sur le temps. Dans ce climat très tendu, le chef de l’Etat a fait des promesses qu’il n’a jamais tenues et son gouvernement s’est illustré dans la contradiction chaque jour que Dieu fait. Ce n’est pas tout. Les propos belliqueux de l’ancien Garde des Sceaux Marie Elise Gbèdo à l’endroit des magistrats, les prises de position du président de la Cour suprême et les flèches décochées par ce dernier à l’endroit de l’Unamab il y a de cela quelques jours, voilà les éléments qui ont constitué le terreau du mécontentement et font durer la crise. Résultat, la justice est paralysée et la colère monte. Cette colère des magistrats qui grondait depuis longtemps pourrait-elle s’estomper ? En tout cas, on a tenté de faire croire qu’avec l’arrivée d’un nouveau Garde des Sceaux, Rekiat Madougou, les magistrats se diront satisfaits. Ce n’est pas ce à quoi nous assistons aujourd’hui. De Marie Elise Gbèdo à Rekiat Madougou, c’est toujours le statu quo. La crise est totale. Cela traduit la mauvaise foi du gouvernement à régler une fois pour toute, la question des nominations querellées. Face aux promesses non tenues du gouvernement, la grève s’est étendue par solidarité aux autres fonctionnaires non magistrats de la maison justice. L’Exécutif se montre désormais inquiet. C’est pourquoi par le Garde des Sceaux, il a notifié (selon le communiqué de l’Unamab) le samedi 13 juillet 2013 à l’Unamab une lettre circulaire de sursis à l’exécution des décrets contestés qu’elle a adressée aux chefs de juridictions. Cette réaction du gouvernement intervient quelques jours après l’audience du mardi 09 juillet dernier que le président de la Cour suprême a accordée au bureau exécutif de l’Unamab. Après avoir tancé ses « jeunes collègues », Ousmane Batoko semble revenir à de meilleurs sentiments regrettant ses « agressions » contre l’Unamab. Seulement selon nos informations, le premier-vice président du Conseil supérieur de la Magistrature, après avoir déchanté n’offre rien de nouveau à ses « jeunes collègues ». D’après les mêmes sources, aucune avancée notable n’est encore enregistrée en vue de la résolution de cette crise. Pour beaucoup « nous sommes encore loin des attentes fixées ». Avec cette position, le gouvernement vit sous pression et devra rechercher les solutions idoines pour chasser la crise à la maison justice. Et puis l’Exécutif doit faire face à une autre revendication. Qu’il arrête la filature du juge Angelo Houssou, auteur des ordonnances de non-lieu général dans les affaires tentative d’empoisonnement et préparation de coup d’Etat. Depuis que le jeune magistrat a rendu ses ordonnances, il vit une situation infernale caractérisée par sa filature par des hommes inconnus et aux ordres du pouvoir. Ces agissements sont constitutifs des faits de mépris vis-à-vis de la corporation et du discrédit sur l’indépendance de la justice. Craignant de voir ce climat infernal s’étendre à la corporation où de nombreux magistrats se sentent eux aussi menacés, l’Unamab appelle le gouvernement à assurer la sécurité de tous les hommes en toge noire. L’Assemblée générale extraordinaire de l’Unamab qui se tient ce mardi 16 juillet sera sans doute déterminante pour la suite.