De 2006 à 2013, rien n’a changé dans la manière de gouverner le Bénin. Du Changement à la Refondation, c’est toujours le statu quo. Aussi curieux que cela puisse paraître, après sept années passées au pouvoir, les actuels dirigeants de notre pays ne font rien pour se débarrasser du tristement sobriquet « Gouvernement ventilateur » que leur a collé l’autre à une certaine époque. Alors qu’il est bien dit que gouverner c’est prévoir, sous Yayi, il est malheureux de constater que gouverner, c’est improviser, aller dans tous les sens.
Yayi continue de gouverner par effet d’annonce. Pour lui, il est difficile de distinguer ce qui est prioritaire de l’accessoire. La journée sacrée du 14 juillet 2013 n’a malheureusement pas dérogé à la règle.
Par bande annonce sur la chaîne de télévision ORTB, le Chef de l’Etat a convié les Zémidjans et les femmes bénéficiaires de microcrédits aux plus pauvres à une cérémonie de mise en terre de plants dans le cadre de la mise en œuvre du programme 10 millions d’âmes 10 millions d’arbres. Lieux de rassemblement : plage située derrière le supermarché Erevan et le boulevard de l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin de Cotonou. Naturellement, les ministres, notamment ceux qui sont sur le territoire national, n’avaient pas le droit d’être absents. Il en est de même de certains cadres qui doivent leur promotion à «dieu Yayi». Cerise sur le gâteau, le ministre de la santé devrait saisir l’occasion de cette séance de reboisement improvisée pour sensibiliser les Zémidjans déjà outillés par le Chef de l’Etat lui-même et les bénéficiaires de microcrédits aux plus pauvres sur le Régime assurance maladie universelle (Ramu). Tout s’est donc passé comme si tout le cinéma qui a été fait à Abomey-Calavi il y a quelques jours ne suffisait pas pour lancer le programme 10 millions d’âmes, 10 millions d’arbres. Tout s’est aussi passé comme si la rencontre que le Chef de l’Etat a eue il y a quelques semaines avec les Zémidjans sur l’esplanade du Palais de la Marina n’a pas suffi pour lancer véritablement le Ramu. A la vérité, ce qui s’est passé hier montre une fois encore que le Gouvernement du Dr Boni Yayi n’a pas de boussole.
Le comble
Le comble est que les ministres seront lâchés dans la nature à partir du mardi 16 juillet 2013 pour sillonner leur commune d’origine à la rencontre des producteurs de coton. Dans leur ballade, ils devront mettre l’accent sur les dispositions prises par le Gouvernement pour rendre disponibles les intrants coton et vivriers. A quoi ont donc servi les nombreux jours passés par le Chef de l’Etat dans les bassins cotonniers du Bénin avec à la clé des millions de F Cfa dépensés en frais de mission pour ses accompagnateurs si les ministres doivent encore se déployer sur le terrain pour rencontrer les producteurs, laissant dans leurs bureaux les importants dossiers de la Nation ? La question mérite d’être posée. En attendant une hypothétique réponse, reconnaissons que sous Yayi il y a un véritable problème de gouvernance. Et on comprend maintenant pourquoi notre pays a occupé la dernière place au plan économique dans l’espace Uemoa. Nous ne sommes malheureusement pas encore sortis de l’auberge.
