La levée du dispositif sécuritaire au domicile du juge Angelo Houssou mardi 16 juillet 2013, fait certes tomber autour de ce dernier le climat de terreur qui a été observé depuis le 18 mai 2013.Le magistrat était placé en résidence surveillée depuis la publication de ses ordonnances statuant sur un non-lieu général à propos des affaires : tentative d’empoisonnement du président de la République et tentative de coup d’Etat. Cependant, la sécurité du magistrat est toujours source de préoccupation.
C’est depuis mai 2013 que le juge Angelo Houssou vit l’enfer. Il vit un isolement total à lui dicté par le pouvoir en place. Mais le revoilà depuis mardi 16 juillet 2013, retiré de l’étau. La présence sécuritaire à son domicile a été allégée, voire levée. La décision provient du gouvernement qui a fini par répondre favorablement aux doléances de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab). La question de la sécurité du juge Angelo Houssou a été l’une des revendications de premier plan de l’organisation syndicale de cette corporation. Aujourd’hui la question qu’on se pose, c’est de savoir si le retrait des agents de la Police et de l’Armée du domicile du magistrat, règle une fois pour toutes, la question de la sécurité autour de ce dernier. A l’analyse de ce qui a été observé ces dernières heures, on se rend compte que le gouvernement joue avec la sécurité de l’intéressé. Sa réaction révèle deux choses. Premièrement, il a fait du « en veux-tu, en voilà ». Car le retrait des agents de la sécurité n’est que la réponse à une doléance adressée par le magistrat Angelo Houssou au Garde des Sceaux, lui demandant d’alléger la présence sécuritaire dans son entourage. Plus d’un mois après, cette demande a été suivie d’effet. Mais la réponse du Garde des Sceaux à ce sujet renferme bien des intentions non avouées. Le deuxième élément que sa réaction révèle est ceci : livrons le juge. C’est cela le non-dit de la décision du gouvernement. Qu’est-ce qui nous pousse à le dire ? Selon nos informations, et plus particulièrement d’après l’avocat du magistrat Angelo Houssou, le dispositif sécuritaire a été levé, mais des éléments continuent de filer son client. Me Alain Orounla déclare pouvoir identifier quatre hommes repartis sur deux motos qui continuent de surveiller les faits et gestes du juge. Or, officiellement, le gouvernement fait croire qu’il a cessé la filature de l’auteur des ordonnances de non-lieu général à propos des affaires tentative d’empoisonnement du président de la République et tentative de coup d’Etat. De même par extraordinaire, c’est maintenant qu’une correspondance provenant du Garde des Sceaux invite le juge Angelo Houssou à exprimer ses doléances sur sa propre sécurité. Cette lettre est intervenue au même moment où les éléments positionnés dans l’entourage du magistrat ont levé siège. Face à une telle attitude, il n’est pas exagéré d’indiquer que le gouvernement a dit deux avant de dire un.
Hypocrisie du pouvoir
A tous les égards, il s’agit d’une hypocrisie du pouvoir en place. D’ailleurs, c’est l’une de ses qualités. En se comportant ainsi, il a oublié qu’il a eu déjà à servir à l’opinion publique, que c’est soucieux de la sécurité d’Angelo Houssou que la Police a interpellé ce dernier à la frontière Sèmè-Kraké, alors qu’il se rendait au Nigeria. C’est au nom de cette même sécurité que le pouvoir en place l’a placé en résidence surveillée. Pourquoi, ce même gouvernement ne peut pas rester collé à sa ligne de défense en retirant progressivement les forces de sécurité qu’il avait positionnées dans l’environnement immédiat du magistrat ? Mieux, il devrait recueillir les doléances du juge, lui répondre avant de décider du retrait de ses hommes. Comme il en a l’habitude, il a mis les charrues avant les bœufs. Une illustration parfaite des errements, dichotomies et improvisations, qualités qui font ses atouts depuis 2006. A vrai dire, il s’agit des maladresses qui noircissent les quelques rares bonnes intentions du régime. Car, à force de trouver le mal partout, le gouvernement lui-même est passé maître dans l’art de réunir des éléments qui servent de terreau à l’inquiétude et à la terreur. Dans le cas du juge Angelo Houssou, il soupçonne par ses agissements ce dernier d’avoir tissé des relations avec la défense au sujet des deux affaires, et d’avoir pris à dessein ses ordonnances. Sans compter avec l’Unamab, il a voulu régler ses comptes avec le magistrat. Les démonstrations du ministre de l’Intérieur qui en fait, ne sont que des intentions de procès, ont provoqué l’indignation de l’opinion publique et réveillé chez cette dernière des soupçons d’harcèlement et une volonté farouche d’en découdre avec ce magistrat. Mais toutes ses intentions ont été mises à nu. En tout cas, malgré le retrait des forces de sécurité, le gouvernement reste seul garant de la sécurité de Angelo Houssou et par prolongement de celle de tous les magistrats.