En apportant leur soutien au juge du 6ème cabinet d’instruction du Tribunal de première instance de Cotonou, les organisations syndicales viennent de confirmer tout leur engagement pour la défense des libertés publiques au Bénin. Et la promesse qu’ils ont faite hier au juge Houssou rappelle les nombreuses batailles qu’ils ont récemment menées notamment celle initiée pour défendre leur camarade Pascal Todjinou jeté en prison pour défaut d’assurance. A l’époque, leur engagement a contribué à la relaxe du Secrétaire général de la Cgtb. Leur mobilisation ne manquera pas d’influencer également la position du gouvernement dans la bataille qu’il livre contre le juge Houssou qui « n’avait fait que son job »
Rien ne semble faire peur aux syndicats dans leur combat tant la détermination est réelle. Mieux, en ce moment où la révision de la Constitution est en débat et que le président Yayi Boni est suspecté de vouloir faire du forcing, les organisations syndicales comptent bien exploiter toutes les failles qu’exposera le gouvernement dans sa gestion pour arrêter ce projet. La bataille pour la protection du juge Angelo Houssou y participe aussi.
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Pascal Todjinou, Sg/Cgtb :« Le Juge Houssou est un grand courageux »
« Nous trouvons que c’est un juge qui a fait son travail à lui en toute conscience. Je ne peux pas comprendre qu’il soit si traqué. Avant on ne pouvait pas venir ici. Il a fallu la pression pour que nous soyons en mesure de venir jusqu’ici. En 1990, nous avons tenu la conférence nationale à laquelle des gens n’ont pas participé. Et ces gens veulent remettre en cause tous les acquis de notre démocratie. Où sommes-nous ? (...) Je trouve qu’on doit sauver la démocratie et c’est pour sauver cette démocratie que la Cstb, Csa-Bénin, la Cosi-Bénin, la Cgtb et la Cspib sont venues ici. Nous sommes venus soutenir sans réserves le juge. Mais c’est un courageux. C’est un grand courageux, un jeune comme celui-là qui a osé dire la vérité, rien que la vérité confirmée par des gens de haut niveau. Il faut le féliciter »
Dieudonné Lokossou, Sg/Csa-Bénin :« Le juge a fait son job en toute indépendance »
« Je crois que c’est notre devoir de venir soutenir quelqu’un qui est danger. Vous savez que Dangnivo a disparu mystérieusement. Et depuis, on ne l’a plus retrouvé. Nous ne souhaitons pas que quelque chose de pareil arrive à notre frère, ami, le juge Angelo Houssou. Je crois que c’est un magistrat de siège. Il n’a pas d’ordre à recevoir. Il fait son job en toute indépendance, en toute conscience comme l’exige la Constitution. Pour la première, nous avons un jeune qui fait honneur à la patrie (…) Si quelque chose arrivait au juge compte tenu de tout ce que nous avons entendu, nous savons à qui nous allons réclamer le juge. Si par hasard, il avait dit le contraire de ce qui est dit, est ce qu’on allait encercler sa maison par une escouade de militaires, de policiers et d’agents de renseignement ? J’ai entendu des choses horribles et il faut avoir le courage de venir ici. Nous, nous sommes des prisonniers en sursis (…) Nous sommes les derniers remparts pour sauver notre démocratie qui est en péril. Nous sommes venus féliciter le juge pour le travail qu’il a fait. Il a redoré le blason de la justice. C’est un bon patriote »
Paul Essè Iko, Sg/Cstb : « Il y a péril en la demeure »
« Nous sommes unis face à l’adversité, face à ce qui nous attaque et nous enlève toutes formes de liberté. Nous n’avons pas combattu pendant 27 ans pour revenir à la case de départ parce qu’ici-là c’est la case de départ. Nous voulons dire au nom de tous les travailleurs qu’il y a danger et péril en la demeure. Ce n’est pas la seule fois que nous allons nous réunir pour défendre ce cas. La semaine prochaine, toutes les confédérations, les plus engagées se réuniront encore. L’objectif, c’est de défendre la liberté dans notre pays. Le juge Angelo Houssou a été un exemple. Mais au-delà, du juge Angelo Houssou, nous avons aussi les magistrats qui constituent une haute crème de l’ordre des cadres de notre pays qui ont donné un démenti cinglant à ce que le pouvoir de Yayi veut de la justice dans notre pays. »
Me Alain Orounla, Avocat du juge Houssou : « Que rien de fâcheux n’arrive au juge Houssou »
« Au nom du juge Houssou, je remercie officiellement et publiquement nos ainés syndicalistes qui ont fait le déplacement pour le soutenir et pour lui prodiguer des conseils issus de longues expériences. Vous avez ici le tout Bénin de la résistance et le tout Bénin de la défense des libertés individuelles. Cela veut dire que le pays a par ses représentants, pris au sérieux les menaces qui pèsent non seulement sur le juge mais sur les libertés et la démocratie chèrement acquise. Nous les remercions et les invitons à poursuivre le combat pour rendre service à ce pays. Puisque vous journalistes avez déjà informé l’opinion de ce que le dispositif militaire a été levé, je profite de cette opportunité pour remercier les autorités qui ont entendu et qui ont compris la nécessité de traiter la chose autrement. Mais elles sont allées trop vite et trop loin en besogne. On demande l’organisation de la sécurité pour palier l’insécurité qu’ils ont eux-mêmes créée. On ne leur a pas demandé de relâcher complètement l’étau afin que n’importe quoi soit fait. Nous les invitons à prendre leurs responsabilités afin que rien de fâcheux n’arrive. Et nous invitons toutes les forces de défense des libertés à se joindre à ce mouvement pour que ne règne plus l’arbitraire dans notre pays »