Dans une lettre ouverte adressée au Chef de l’Etat, des appelés au Service militaire d’intérêt national (Smin) protestent contre la politique du deux poids, deux mesures dons ils font l’objet de la part du Gouvernement. En effet, ces jeunes n’approuvent pas que certains d’entre eux aient été reversés dans le secteur de la Santé pendant que d’autres ayant servi dans l’Enseignement n’aient subi aucune attention particulière du même Gouvernement. Ils menacent et demande que réparation soit faite. Lire leur lettre.
Lettre ouverte
A Son Excellence, Dr Boni Yayi
Président de la République,
Chef de L’Etat
Chef du Gouvernement,
Objet : Grincement de dents dans le rang des démobilisés du Service Militaire d’Intérêt National (Toutes promotions confondues).
Excellence ;
Nous, démobilisés du Service Militaire d’Intérêt National (Toutes promotions confondues) en patriotes, avons pris sur nous la lourde responsabilité de vous faire part de quelques observations sur notre situation actuelle.
Les jours se suivent, chacun plus dur et plus éprouvant pour les soldats démobilisés. La jeunesse de notre pays n’a cessé de pousser des cris de détresse du fait que les certificats de service militaire ne sont pas pris en compte aux différents concours. Aussi les importantes mesures annoncées par votre autorité le 29 janvier 2009, pour faciliter notre insertion socioprofessionnelle rencontrent-elles une indifférence manifeste de la part des ministères (Micro finance, Intérieur et celui de la Défense) en charge du dossier.
Le 29 novembre 2010, votre gouvernement a en effet choisi de faire recours aux démobilisés du Service Militaire d’Intérêt National pour suppléer les 12000 grévistes de la santé. Cet appel des Ministres de la Santé, des Finances et de la Défense à l’amphithéâtre Colonel Gaston Coovi du Camp Guézo qui n’a pu d’ailleurs contenir ce jour-là l’effectif des promotions du Smin 2007 et 2008.
Ce même jour, sans critères d’éligibilité, un effectif restreint composé de démobilisés et de jeunes agents de la santé n’ayant jamais fait le Smin sur le terrain a été choisi. Le Ministre de la Santé accompagné de ses collègues de la Défense Nationale et des Finances a d’ailleurs fait le tour de certaines formations sanitaires pour s’assurer de la prise de service des démobilisés pour sauver les vies humaines en détresse dans nos hôpitaux. Ces jeunes ont fait preuves d’abnégation et de patriotisme.
Douze (12) mois après, les camarades ont été démobilisés à nouveau le 1er mars 2012, après deux ans de service rendu à la nation dont un an supplémentaire sous les drapeaux. Mais avant, un effectif a rejoint l’hôpital chinois de Parakou.
On en était là quand le Conseil des Ministres, en sa séance ordinaire du mercredi 13 février 2013, a autorisé la visite médicale d’incorporation dans les Forces Armées Béninoises d’anciens appelés du Service Militaire d’Intérêt National (Smin) en « Spécialité Santé ».
Dans les rangs des démobilisés, la nouvelle provoque des grincements de dents. Le motif, c’est bien l’injustice que crée le traitement induit par ce reversement. En effet, pendant que nous, nous œuvrions pour notre reversement, les différentes autorités rencontrées (Dopa, Etat Major Général ; Administration publique,…..) nous ont toujours laissé entendre que les textes de la République ne permettent pas le reversement des démobilisés encore moins de l’organisation de concours spéciaux.
Comment comprendre alors ce reversement opéré en faveur d’une minorité de démobilisés de la santé ?
« Ce qui est valable pour les uns, l’est également pour les autres d’autant que tous avions répondu à l’appel aussi bien pendant la crise dans la santé que dans l’enseignement ».
Voilà l’objet de notre frustration. Nous demandons ainsi que justice soit faite à l’endroit des camarades démobilisés de la santé et ceux ayant servi dans l’enseignement. Cette frustration de plus de cinq mille (5000) familles béninoises est porteuse de germes conflictuels.
Il nous faut rappeler que du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest la grogne monte davantage et le mécontentement est grand. Or, il faut constater que jusqu’à ce jour, nous avons suffisamment fait preuve de patriotisme et continuons de témoigner de notre formation. Cependant, nous ne saurions plus longtemps rester silencieux.
Nous venons donc attirer votre attention sur cet état de chose et vous suggérer de bien vouloir saisir les services compétents aux fins du reversement des autres démobilisés pour ne pas faire trembler le Bénin, lorsque ces derniers se lèveront.
Nous saisissons également l’occasion pour vous remercier de l’intérêt que vous avez manifesté pour la jeunesse Smin en reversant certains camarades de la santé qui se sont comportés en citoyens modèles et exemplaires lors de la crise dans le secteur de la santé.
Pour le Collectif,