La politisation à outrance du secteur cotonnier au Bénin du fait des décisions contradictoires du gouvernement était au cœur des échanges à la première soirée politique de la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung. C’était hier jeudi 18 juillet 2013 à Cotonou en présence des acteurs de la filière coton, de la Société civile et des personnalités politiques.
« Regards et perceptions de la Société civile sur la gouvernance de la filière coton au Bénin ». C’est le thème de l’exposé présenté à l’assistance par le président de la Plateforme des acteurs de la Société civile (Pascib), Aurélien Atidégla. Dans un premier temps, il a démontré que le coton occupe une place de choix dans l’économie béninoise. « La filière coton génère directement ou indirectement plus de 40% des emplois en milieu rural et fait vivre près de 50% de la population. Elle contribue en termes de valeur ajoutée pour 13% de la formation du Pib agricole selon les statistiques de l’Insae. Les simulations indiquent qu’une augmentation de 10% de la production de coton entrainera une amélioration du Pib en volume de 1% », a-t-il fait savoir. Dans son développement, il a noté que les problèmes du coton béninois ont atteint leur paroxysme au cours de la campagne 2011-2012. Selon Aurélien Atidégla, il s’agit de la contestation par les producteurs de l’état du tonnage de coton graine réceptionné à l’usine et déclaré par les égreneurs et le flou caractérisant le niveau réel des subventions du prix des intrants à accorder par l’Etat. A en croire ses propos, la situation a été aggravée par les remises en cause de nombreuses décisions par le gouvernement actuel. Dans son exposé, il a indiqué qu’à partir de 2006, l’Etat est revenu sur certaines réformes et pris de nouvelles mesures. « L’Etat prend un décret autorisant la Sonapra à participer à l’appel d’offre pour l’importation des intrants coton en décembre 2006. Ce qui est contraire à certaines précédentes décisions gouvernementales sur la même question. L’arrêté interministériel du 18 février 2005 n’avait pas pris en compte la Sonapra sur la liste des sociétés importatrices et distributrices agréées des intrants coton pour les cinq campagnes successives… », a déclaré Aurélien Atidégla. En somme, selon lui, la prise de ces décrets successifs a fragilisé les organisations paysannes cotonnières qui ont perdu dans la foulée toute capacité à défendre leurs intérêts. Pour lui, cette situation a eu des conséquences néfastes sur la dernière campagne cotonnière. « Au regard des 351 000 hectares emblavés, on devrait s’attendre à une production avoisinant les 351 000 tonnes si le rendement moyen est mis à une tonne par hectare. Avec une production obtenue estimée à 220 000 tonnes, le rendement obtenu au regard des emblavures ne peut dépasser les 600 kilogrammes à l’hectare ; ce qui constitue, à n’en point douter, une perte pour les producteurs de coton… », a-t-il révélé. Selon les personnalités présentes à l’exposé, le mal est lié à la politisation à outrance du secteur. Selon Candide Azannaï, il faut faire l’option de la macro-politique dans laquelle on va déployer des énergies. Pour les uns et les autres, il faut repenser le secteur cotonnier et promouvoir les cultures vivrières.