Les organisations syndicales du Bénin ont montré leur sympathie en allant apporter leur soutien à Angelo Houssou, juge du 6ème cabinet d'instruction du Tribunal de première instance de Cotonou en charge des dossiers dits '' tentatives d'empoisonnement et de coup d'Etat contre le président de la République''. Les syndicalistes ont effectué une descente en son domicile le jeudi 18 juillet dernier. Il s'agissait de comprendre ce qui s'est passé pour que celui qui a osé déclarer un non-lieu dans une affaire dans laquelle le Chef de l'Etat est plaignant, attire ainsi tous les regards depuis quelques semaines. C'est leur façon de se montrer socialement utiles à la nation et au juge en particulier.
C'est une délégation constituée des premiers responsables de cinq grandes centrales syndicales qui était au domicile du juge Angelo Houssou. Ces centrales sont, la Confédération des syndicats autonomes (Csa), la Confédération des syndicats de travailleurs du Bénin (Cstb), la Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cgtb), la Confédération des Syndicats indépendants (Cosi-Bénin) et la Centrale des syndicats des secteurs privés et informels du Bénin (Cspib). Angelo Houssou est le juge du sixième cabinet d'instruction du Tribunal de première instance de première classe de Cotonou qui a rendu une double ordonnance de non-lieu dans les affaires dite de ''tentatives d'empoisonnement et de coup d'Etat contre le président de la République'', avec comme présumé commanditaire l'homme d'affaires béninois Patrice Talon.
Lors du récent Conseil des ministres, le gouvernement a décidé de retirer les forces de l'ordre qui campent au domicile et aux alentours du bureau du juge.
Après un huis clos, ils ont tour à tour exprimé leur satisfaction de rencontrer un juge qui a fait son travail en toute impartialité et ne peuvent pas comprendre qu'il soit traqué. Pascal Todjinou de la Cstb se confie : " Je trouve qu'on doit sauver la démocratie et c'est pour cela que la Cstb, la Csa-Bénin, la Cosi-Bénin, la Cgtb et la Cspib sont venues. C'est un grand courageux, un jeune comme celui-là qui a osé dire la vérité, rien que la vérité confirmée par des gens de haut niveau. Il faut le féliciter ". Et la promesse que les syndicalistes ont faite au juge Houssou, rappelle les nombreuses batailles qu'ils ont récemment menées notamment celle initiée pour défendre leur camarade Pascal Todjinou jeté en prison pour défaut d'assurance. A l'époque, leur engagement a contribué à la relaxe du Secrétaire général de la Cgtb. Leur mobilisation pour la liberté ne manquera pas d'influencer également la position du gouvernement dans la bataille qu'il livre contre le juge Houssou qui n'avait accompli que sa mission.
Cette attitude est un signe d'engagement de ces organisations syndicales pour la défense des libertés publiques au Bénin. Rien ne semble faire peur aux syndicats dans leur combat tant la détermination est réelle. Mieux, en ce moment où le débat sur la révision de la Constitution est agitée et que le président Boni Yayi est suspecté de vouloir faire du forcing, les organisations syndicales entendent user toutes les fissures laissées par le gouvernement pour arrêter ce projet. Certes, la bataille pour la protection du juge Angelo Houssou y participe aussi. Mais pour les observateurs, l'on est en droit de se demander si ces responsables syndicaux avaient perdu leur capacité de réaction au moment où le domicile et le bureau du juge étaient assiégés par les forces de l'ordre. Avaient-ils quelques choses à se reprocher aux " heures chaudes " ? Démarche certes louable pour les libertés publiques, mais tardive !