A peine lancé, il y a sept jours, le mouvement « mercredi rouge » rencontre une large adhésion dans tous les milieux. Dans les rues, les centres commerciaux, l’administration publique et privée, les bars et cafés, un peu partout, les béninois ont pris rendez-vous pour demain afin de rejoindre la déferlante rouge dont l’objectif est de dire au chef de l’Etat à propos de son projet de révision constitutionnelle. Chacun à sa manière va se signaler par le port d’un signe distinctif rouge. La classe politique, la Société civile et les Syndicats sont plus que jamais mobilisés, à l’image de certains leaders rencontrés. Le mouvement sera suivi chaque mercredi jusqu’au départ de Yayi Boni.
Sg/Cstb, Paul Esse Iko : « Si l’initiative ‘’le Mercredi rouge’’ peut faire partir Yayi, je suis d’accord »
« Si l’initiative ‘’le Mercredi rouge » peut faire partir Yayi, je suis d’accord. Si elle peut servir à mobiliser les gens pour le départ de Yayi, je suis d’accord. J’adhère à toute initiative pouvant mettre un frein à l’élan effréné du projet de révision de la constitution de Yayi. Il faut que le peuple se mobilise pour son départ. Il a créé trop de problèmes au peuple. Il a fait trop souffrir les populations. Il a fonctionné dans une négativité extrême. Je porte déjà même le rouge. Maintenant que ce projet antirévisionniste est né. Cela me conforte. Nous devons tous porter le rouge le mercredi prochain car en portant le rouge, nous devons savoir qu’on a signé un pacte avec le courage, le patriotisme et la détermination »
Sg/Cgtb, Pascal Todjinou : « J’’adhère fortement à cette initiative ‘dénommée »
« J’adhère fortement à l’initiative de ‘’Mercredi rouge’’. Seulement, il faut qu’on l’organise bien, parce que personne ne va fermer nos yeux pour voir à nos lieux et places. On doit rester vigilant. On veut rester clair, c’est pourquoi je suis totalement pour le projet. Le mercredi prochain, je vais porter le rouge. Quant à mes militants, c’est une question d’organisation »
Sg/Snesbl, Raoufou Affagnon : « J’ai accueilli très favorablement l’initiative »
« J’ai été informé de l’initiative ‘’ Mercredi rouge’’ grâce à la presse. D’abord c’était à travers la presse parlée et ensuite la presse écrite. Lorsque j’ai suivi les informations mercredi dernier, j’ai aussitôt changé ma tenue pour me revêtir d’une chemise rouge. Ce qui veut dire que j’ai accueilli l’initiative très favorablement. Je crois que l’initiative est bien venue. C’est un mouvement pacifique qui s’inscrit parfaitement dans la droite ligne d’un système démocratique apaisé. Deuxièmement, c’est un mouvement qui est à la fois citoyen et civique. Car il est du domaine de chaque citoyen de réagir face aux dérives d’un pouvoir qui échappe à toutes les institutions de la République. Si les populations ne s’organisaient pas, ce serait un déluge. Le pouvoir est devenu complètement fou et il faut l’arrêter dans son élan. Je pense que c’est une initiative qui a été lancée par un groupe de citoyens qui appartiennent au mouvement dénommé ‘’Alternative citoyenne’’. C’est une manière à travers laquelle tous ceux qui adhèrent au mouvement vont montrer au régime en place qu’il y a des hommes et des femmes qui disent le contraire de ce qu’il pense, de ce qu’il veut et de ce qu’il cherche à imposer au peuple »
Propos recueillis par Claude Ahovè
Wallis Zoumarou
« Je me demande pourquoi le rouge et non le noir. Le noir c’est la couleur du deuil et actuellement le pays est en deuil. Ce pays va mal. Il s’enlise et va vers une destination inconnue. Il faut que les Béninois se lèvent pour pleurer et dire que ça ne va pas. Bon, si on a choisi le rouge, c’est peut-être parce que, c’est différent des autres couleurs. Sinon, le noir me parait la couleur la plus significative. Mais ceci étant, je ne tiens outre mesure à la couleur. Il s’agit d’un combat auquel nous sommes tous appelés. Vous voyez les gens sont apathiques. Ils sont là et tout leur tombe dessus. Ils disent que Dieu les aime et ne veulent pas réagir. Personne ne fait rien. S’il y a aujourd’hui une réaction, je ne peux que m’en féliciter. Je me demande comment on peut arrêter Yayi Boni si on ne se lève pas pour se mettre debout. Vous constatez que le chef de l’Etat a mis en place toute sa stratégie et son énergie pour pouvoir réviser la Constitution et se pérenniser au pouvoir. S’il n’y a pas une force suffisante pour l’arrêter, il ira jusqu’au bout de ses ambitions. Toute chose qui sera entreprise dans la légalité pour lui dire non, moi j’en suis preneur. C’est la lutte, une question de rapport de force. Si vous êtes là, résignés, on fera de vous tout ce qu’on voudra. Il est temps qu’il y ait quelque chose comme cela pour que Yayi Boni sache que même si le peuple se tait, il n’est pas d’accord sur sa gestion et la destination à laquelle il conduit notre nation. On n’a jamais vu dans ce pays ce qui se passe aujourd’hui. Tout va mal. Les gens ont faim. Tous, nous devons réagir à commencer par la Société civile qui est détonateur des actions énergiques. Où est la jeunesse qu’on a complètement abêtie en lui jetant des miettes ? Elle est passée où ? La réaction doit venir de partout et de la manière la plus énergique. On veut que ça s’arrête. Il reste un peu plus de deux ans à Yayi Boni et c’est aujourd’hui qu’il sort son affaire de révision qu’il avait déjà prévue dans son programme. Et tout candidat qui arrive au pouvoir n’attend pas la fin de son mandat pour exécuter son programme. S’il fait ce qu’il a envie de faire, c’est pour l’autre qui va lui succéder ? Et si ce dernier avec la majorité acquise remet à son tour tout en cause ? Qu’est-ce que notre démocratie deviendra ? Ce n’est pas en fin de mandat qu’on cherche à réaliser les promesses non tenues. Si on a des politiciens improvisés qui n’ont aucune expérience, voilà ce qu’ils veulent nous faire avaler. Vous me demandez, ce que fait Abt par rapport à cette question de révision. Je ne parle pas en son nom, mais je vous réponds en disant que Abt est foncièrement démocrate. Il sait qu’il y a des choses à corriger dans notre Constitution. Il respecte le jeu démocratique. Mais ce n’est pas pour ces raisons qu’il va soutenir la révision opportuniste de la Constitution. C’est non. Dans son projet, le chef de l’Etat renforce ses pouvoirs alors qu’il a avait tous déjà. Est-ce que c’est ce qui lui manque pour agir et faire du Bénin un pays prospère ? Non. Il nomme les préfets, ministres, des magistrats, de hauts cadres, des présidents d’institutions. Il a la mainmise sur toutes les institutions. Qu’est-ce qu’il veut encore. On parle de la Cour des comptes. Elle n’existait pas ? Mais oui. La constitutionnalisation de la Commission électorale nationale autonome (Cena, Ndlr) n’est pas une urgence. Les premières Commissions électorales avaient bien fonctionné. Si aujourd’hui, on la critique parce qu’elle n’est pas toujours à la hauteur de la tâche, c’est la faute au régime actuel. Le chef de l’Etat veut tout contrôler et contrôle tout. Yayi est partout. Cela explique pourquoi toutes les institutions sont politisées et fonctionnent au rythme d’un seul homme. Soyons sincères. C’est le président de la République qui a conduit dans les travers. On ne peut pas réviser la Constitution sans un minimum de consensus. Je souhaite que la sagesse habite tout le monde. A commencer par les initiateurs de cette révision. Personne ne sait jusqu’où cette affaire va nous conduire. J’ai vraiment peur pour mon pays. Il ne faut pas qu’il devienne ce que sont certains et ce que d’autres ont été. Les gens disent qu’on est un pays de paix et que Dieu nous aime. Dieu ne va pas nous aimer tout le temps. Il sera fatigué de nous un jour ».