Le gouvernement s'est réuni les 19 et 20 juillet à Cotonou pour un séminaire gouvernemental en vue de passer aux peignes fins, certains points liés à la bonne gouvernance du pays après une tournée nationale. Entre autres sujets abordés la campagne cotonnière. Et les nouvelles mesures prises dans la perspective de sa réussite en sont bien la preuve d'un début difficile.
La tournée initiée par le gouvernement béninois, il y a quelques jours, sur toute l'étendue du territoire national a permis aux différentes équipes dont une conduite par le chef de l'Etat, de se rendre à l'évidence des difficultés rencontrées par les producteurs dans leur volonté de produire en grande quantité, le coton. La réussite de la campagne dépendra de la célérité dans la mise en place des intrants. En effet, le président de la République, en tête d'une délégation, s'est rendu le dimanche 7 juillet 2013 dans plusieurs localités du nord Bénin. A Bembèrèkè dans le département du Borgou, Boni Yayi a instruit les agents encadreurs afin que tous les intrants soient disponibles dans les meilleurs délais. Le président de la République a instruit les agents d'encadrement et le personnel de la Sonapra afin que les inquiétudes des producteurs en la matière soient dissipées. Le seul défi qui était resté sans suite est la mise à disposition des insecticides qui sont déjà demandées dans des zones qui ont connu des semis précoces. " La cargaison des insecticides est actuellement en plein déchargement au port de Cotonou et nous allons tout faire pour que les producteurs aient ces insecticides dans les 48 heures", avait promis le directeur général de Sonapra, Idrissou Bako. Tout point fait dans la mise en place des intrants dans le département du Borgou, il ressort que la quasi-totalité des besoins en semences et en engrais sont déjà satisfaits. Les besoins en herbicides sélectifs sont satisfaits à 100% tandis que seulement 48% des herbicides totaux ont été placés. 168 228 doses d'insecticide sont attendues pour être placées aux producteurs. Pour Boni Yayi, la commune de Bembèrèkè, qui avait affiché des performances par le passé doit redorer son blason. Il se dit également préoccupé par les difficultés enregistrées dans les communes semencières, comme Sinendé dont le niveau d'emblavures laisse actuellement à désirer. Autres choses, les pluies ne sont pas vraiment au rendez-vous. Le déficit de pluviométrie a été de 152 mm par rapport à la campagne dernière dans cette localité. Face aux difficultés, le président de la République, en poursuivant sa tournée dans les communes de Banikoara dans l'Alibori, Kérou Ouassa- Pehounco et Kouandé dans l'Atacora, a délivré un même message d'encouragement et d'exhortation aux cotonculteurs à ne pas perdre espoir.
Liste des difficultés
De la synthèse des comptes rendus présentés par les chefs des délégations ministérielles, il ressort que d'importants problèmes minent encore le bon déroulement de la campagne agricole en cours. Il s'agit entre autres de la baisse de la pluviométrie ayant créé par endroits des poches de sécheresse s'étendant parfois à plus de 20 jours dans certaines localités, de la mise en place tardive des intrants destinés aux vivriers, du retard de paiement des frais de fonctions critiques tant aux producteurs qu'aux agents d'encadrement créant ainsi de la démotivation chez ces acteurs, de la variation ou de l'augmentation fantaisiste des prix de cession des produits de traitement et des semences, de l'indisponibilité des GPS rendant impossible l'évaluation fiable des superficies emblavées faussant de ce fait les statistiques. Il faut également noter l'indisponibilité des appareils de traitement, le non-paiement des transporteurs, le faible taux de germination des semences, l'absence d'infrastructures de stockage.
Des mesures…
Face aux nombreuses entraves à une meilleure campagne, certaines mesures ont été prises. Il s'agit de mettre diligemment à la disposition des producteurs, des intrants vivriers dont la quantité est évaluée à environ cent mille tonnes pour satisfaire les besoins urgents actuels et constituer un stock tampon significatif pour la prochaine campagne agricole hormis les quatre-vingt cinq mille tonnes déjà mises en place pour le coton correspondant à une emblavure d'environ quatre cent vingt mille hectares au titre de la campagne 2013-2014. La poursuite des réflexions déjà engagées dans le cadre de la sécurité alimentaire et le renforcement de l'emploi de jeunes et la définition du cadre institutionnel dans lequel devra s'inscrire les actions contenues dans le plan stratégique de relance du secteur agricole, devront être de mise, de même que la création d'une autre Centrale d'Achat des Intrants Agricoles à capitaux mixtes indépendante de la Sonapra pour s'occuper spécifiquement des intrants vivriers. Il s'agira également de faire des commandes groupées avec la participation des Institutions financières Internationales qui seront les points focaux d'appui de la Sonapra et de la Centrale d'Achat des Intrants Agricoles à créer avec l'appui des acteurs de la plateforme de l'ensemble des filières agricoles sans exclusion sur la base d'une définition claire des modalités de distribution pour assurer l'approvisionnement correct, régulier et à bonne date des zones de production.
Sans compter la mise en place de quatre comités dans le cadre du montage institutionnel des dispositifs, on peut bien se convaincre de ce que le démarrage de la campagne cotonnière 2013-2014 a encore du plomb dans l'aile.