Les crises cycliques au sein des Fcbe révèlent la disparition programmée de l’actuelle mouvance présidentielle à moins de trois ans de la fin du mandat du Président Yayi Boni. Cette situation est bien comparable à cette qu’a vécue l’Ubf sous le Général Mathieu Kérékou. C’est certainement la gestion de l’après-Yayi qui se prépare.
Au Bénin, les alliances politiques créées par les Chefs d’Etat, après leur élection, disparaissent avec eux. Et cette règle semble bien s’appliquer aux Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). A moins de trois ans de la fin du mandat du Président Yayi Boni, l’alliance Fcbe est en ébullition avec des crises de plus en plus persistantes. Le 08 mars 2013, à la faveur de la journée internationale de la femme, le Président Yayi Boni est allé en personne réconcilier les Fcbe de la Commune d’Abomey-Calavi. L’Honorable Claudine Prudencio, le maire de la localité, Patrice Houssou-Guèdè et d’autres ténors de la mouvance présidentielle ont publiquement juré avoir enterré la hache de guerre. Une semaine après, une équipe de facilitateurs pour la mise en place des coordinations-Fcbe dans les arrondissements a été installée. Trois mois plus tard, les instructions du Chef de l’Etat ont été foulées au pied. Et la crise renaquit ! Désormais, des clans de la mouvance présidentielle s’entredéchirent à Abomey-Calavi. Pareil à Kétou où la guéguerre a déjà atteint son paroxysme. Des listes concurrentes s’annoncent dans la majorité présidentielle au village natal du ministre de la Culture, Jean-Michel Abimbola, pour les prochaines élections communales. A Sakété, c’est la même ambiance. Des alliances issues de la majorité au pouvoir se préparent à affronter les Fcbe aux prochaines consultations électorales. A Porto-Novo, c’est la guerre de leadership entre le ministre de la Microfinance, Sofiatou Onifadé, et le député Sofiatou Schanou. Des exemples sont légion chez les partisans du Président Yayi Boni.
Mort proclamée
L’histoire est têtue. Les acteurs politiques béninois le savent très bien. Créée au Pouvoir par le couple Soglo, la Renaissance du Bénin (Rb) était le pôle d’attraction de plusieurs partis politiques au lendemain de l’appel de Goho à Abomey. « La biche ne fera jamais querelle avec la rivière, car elle y viendra boire… », avait déclaré le Président Nicéphore Soglo. En effet, plusieurs partis politiques s’étaient ralliés à la Rb. Mais, après son échec à l’élection présidentielle de 1996, le parti a commencé par enregistrer des démissions successives en son sein. En conséquence, les Soglo ont perdu le contrôle d’une partie de leurs fiefs traditionnels. Quant à l’Union pour le Bénin du futur (Ubf), c’est la débâcle après le départ du Président Mathieu Kérékou du Pouvoir en 2006. La majorité des géniteurs de l’Ubf se sont retrouvés au sein des Fcbe sous le régime du Président Yayi Boni. Ainsi, les crises persistantes qui secouent cette alliance politique n’étonnent guère les observateurs avertis de la vie politique nationale. Elles annoncent la fin lente mais sûre de l’actuelle majorité présidentielle. Pourquoi ? Au Bénin, à l’avènement de chaque régime, on assiste à une ruée vers le Pouvoir. Pour leurs intérêts, beaucoup d’hommes politiques se sont retrouvés aux côtés du Président Yayi Boni. A moins de trois ans de la fin du régime, nombreux sont les membres des Fcbe qui pensent déjà à l’après-Yayi. Dès lors, au fur et à mesure que l’on s’approche du 06 avril 2016, le Chef de l’Etat perdra à coup sûr son influence sur sa famille politique et aura de difficultés à maîtriser les siens. Ceci annonce une nouvelle recomposition de la classe politique.