Depuis environ sept ans, le combat de l'opposition béninoise s'effrite considérablement. Au fil des temps, l'opposition a été réduite à son expression la plus simple, incapable de réagir avec une interdiction d'accès aux médias, qu'ils soient du service public ou du privé. Cette fonction de l'opposition est de temps à autre, occupée par les syndicalistes qui s'efforcent de résister au pouvoir en place, qui dans sa dynamique, ne veut laisser aucune chance aux détracteurs de l'action gouvernementale. Ces dernières semaines, syndicalistes et acteurs politiques de l'opposition ont eu à poser certains actes liés chacun en ce qui le concerne, à ses prérogatives.
On voit souvent, les responsables syndicaux défendre les intérêts de leurs syndiqués sur toute l'étendue du territoire national. Le jeudi 18 juillet 2013, ils étaient encore au front, au domicile du juge Angelo Houssou. Ils y étaient pour lui témoigner de leur soutien, lui qui a rendu une ''décision courageuse'' selon Pascal Todjinou. La sortie des leaders syndicaux, au-delà de la simple défense des intérêts des travailleurs, est un patent signe de solidarité envers un juge en difficulté. Ils ont puisé dans un passé récent et ont su tirer la leçon selon laquelle, l'intérêt personnel et individuel, passe par la défense de la démocratie et de l'Etat de droit, donc de l'intérêt général>
A un moment donné de l'histoire, on a même cru que l'arrestation de Pascal Todjinou pour défaut d'assurance et la mise en cause de Dieudonné Lokossou dans la mauvaise gestion de la Sonacop, constituerait un frein à la détermination de ces responsables syndicaux à poursuivre la lutte. Ils ont plutôt repris la force d'aller plus loin dans leur noble détermination à sauvegarder les libertés publiques.
Cette initiative des leaders syndicaux du Bénin ne fait pourtant pas partie de leurs prérogatives, mais ils l'ont fait. Les leaders politiques sont mieux placés pour effectuer cette action de solidarité en cette période de précampagne générale qui sévit dans le pays en vue des élections municipales et communales. En l'occurrence, c'est à l'opposition béninoise, du moins, la poignée de main qui résiste encore au pouvoir en place, que cette mission est dévolue. Naturellement, l'Union fait la Nation (U.N) s'est déclarée antirévisionniste aux premières heures de l'annonce de ce projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990, présent sur la table des honorables députés au Parlement. Et le PRD (Parti du renouveau démocratique) de Me Adrien Houngbédji qui s'est conformé à la loi, quelle est sa position?, me demanderiez-vous. En réalité, on croyait que ce parti allait clarifier sa position sur cette révision constitutionnelle lors de sa récente sortie sur la question du chef de fil de l'opposition. Du fiasco ! L'opposition est totalement réduite et hésitante.
Mais si l'opposition cafouille, qui peut alors jouer son rôle dans un Etat démocratique comme le nôtre ? Difficile de le dire. Il y a tout de même une frange de catégorie socioprofessionnelle qui tente de se battre en attendant que son glas ne sonne. Il s'agit bien évidemment de ces syndicalistes et une partie de la société civile. Leurs dernières actions communes sont liées à la non-révision de la loi fondamentale. Ils ont en effet initié un mouvement " mercredi rouge " en attendant l'opposition amorphe depuis la dernière élection présidentielle, pour dénoncer les dérives du pouvoir, en particulier, celles concernant le projet de révision de la Constitution. Chaque mercredi sera réservé à des mouvements d'humeur et de dénonciation du gouvernement. C'est ce que devrait être l'action de l'opposition dans un pays de droit. Et pour que leurs actions portent, syndicalistes et acteurs de la société civile devront s'unir pour montrer à l'opposition, si elle existe encore, qu'elle est inactive.