La Bourse du travail à Cotonou, présentait son aspect ordinaire ce mercredi. Mais une fois ses portes franchies, l’on peut rencontrer plusieurs antirévisionnistes. Avec verve, et une passion parfois teintée de violence, ils vous abordent et vous démontrent pourquoi la Constitution du 11 décembre 1990 ne doit pas être révisée.
La plupart arborant le rouge au cou, et comme casquette ou chemise, pointent d’abord la mauvaise gestion du gouvernement, l’inflation, la cherté de la vie et les autres difficultés quotidiennes, qui les rendent moins heureux. Selon Bonaventure Vanounon, gestionnaire, la question de la révision ne peut pas être une « priorité » ces-jours-ci. « Les Béninois ont faim. Moi, je vais porter le rouge tous les jours. Il y a beaucoup trop d’éléphants blancs. Et ce n’est pas la révision de la Constitution qui va nous apporter les réponses. Il va partir, et il doit partir », confiera-t-il, avant de dénoncer l’entourage du Chef de l’Etat. A travers ses propos, c’est l’entourage du président de la République qui le pousse à foncer droit dans le mur.
Quant à son compère Rodrigue, non moins remonté. Yayi Boni doit désormais entendre raison et écouter les cris du peuple. « 10 ans au pouvoir, c’est largement suffisant », martèle-t-il. Et, un peu plus loin dans un bureau, Abdel Dannou, qui a suivi des études en Droit, fait part de ses préoccupations. Toute Constitution, selon lui, peut être révisée. Mais, « la procédure enclenchée n’est pas bonne », déclare-t-il. Il dénonce surtout les discours qui entourent ce projet et qui lui font peur. Il invite le Chef de l’Etat à abandonner purement et simplement son projet, afin d’éviter les spectres de la Côte-d’Ivoire et du Mali. Car, poursuit-il, « le Bénin, pays pauvre et épris de paix, a d’autres problèmes à régler en ce moment. Il faut aller voir les femmes de Dantokpa. Il y a la mévente et le chômage partout. On a faim. Ce projet est mort-né ». A la suite de ces jeunes, le Secrétaire général de Confédération générale des travailleurs du Bénin (Cstb), Pascal Todjinou, foulard rouge au cou, déclare à qui veut l’entendre, qu’il « adhère complètement au mouvement Mercredi rouge ». La révision de la Constitution, telle qu’elle se présente, est « opportuniste », ajoute le leader syndical. Il lance un appel à tous les mouvements et structures « anti-révision » pour se retrouver, afin de redynamiser la bataille.