Le peuple nigérian a définitivement fait son choix. Goodluck Jonathan a été battu par son principal challenger à la présidentielle du week-end écoulé au Nigéria. Le président sortant a payé pour sa mauvaise gouvernance à maints égards. Les mêmes maux, malheureusement minent aussi le Bénin. Yayi est donc prévenu pour les prochaines élections législatives, communales et locales.
La leçon de la sanction populaire vient de l’Est pour le Chef de l’Etat béninois. Goodluck Jonathan «son ami», comme il aime souvent le dire, est tombé à la présidentielle du Nigéria. Il a été terrassé par Muhammadu Buhari. En réalité, le président sortant devrait s’y attendre. Puisque ses compatriotes lui reprochaient déjà des échecs sur plusieurs points importants de sa gouvernance : la corruption généralisée de l’administration publique (surtout), des discours démagogiques, la crise énergétique, l’insécurité ambiante, la misère …Des problèmes que les Béninois connaissent aussi, avec acuité sous le régime dit du changement. Yayi, en neuf ans de gestion du Bénin, a aussi échoué dans la lutte contre la corruption. Aujourd’hui, il accuse la justice de libérer des corrompus et autres pilleurs de l’économie – qu’il a fait arrêter – au bout de quelques jours ou quelques mois. Dans le même temps, Yayi ne précise pas ces corrompus et voleurs. Mais en réalité, ce sont des gens que lui-même a promus. Pour rappel, à cause de la corruption, le Bénin a failli perdre l’attribution du second compact du Millennium Challenge Account. La corruption, aujourd’hui, bat son plein dans l’administration publique et, selon une éminente personnalité de ce pays, celle-ci a connu sa forte propension sous le régime du changement. Que dire de la crise énergétique ? L’exemple le plus patent remonte seulement à dimanche dernier, où tout un peuple a manqué de l’énergie électrique pendant plusieurs heures. Même si d’aucuns parlent de sabotage, juste parce que le président de l’Assemblée nationale, néo opposant de Yayi, devait passer à la télévision, cela est symptomatique de ce qui se passe depuis des années au Bénin, comme l’a regretté un éminent confrère. Le président Yayi, à son arrivée, a promis trouver une solution définitive au problème. On constate après neuf ans de gestion du pays que la crise est loin d’être réglée. Les Béninois, malheureusement, doivent encore subir ce supplice pour on ne sait combien de temps encore. La démagogie de Goodluck Jonathan décriée et sanctionnée par son peuple à la faveur de la présidentielle du week-end dernier, les Béninois la connaissent aussi. Depuis deux mois, ils le vivent tous les jours. Des poses de premières par ici, des lancements de travaux par là, sauf que souvent, le financement de ces projets n’est toujours pas garanti.
Que fera le Bénin ?
Hier encore, Yayi s’est livré à cet exercice. Il a posé les premières pierres des échangeurs des carrefours Vèdoko et Sobebra et, de la double voie carrefour Sèmè-Porto-Novo. A l’inauguration du passage supérieur de l’Avenue Steinmetz il y a quelques années, il avait fait dire à son ministre des travaux publics d’alors, que le pont de Porto-Novo sera reconstruit. La réalité, il n’en est rien jusque-là. Après neuf ans de présidence et, avant des élections législatives au travers desquelles il vise 50 députés, Yayi s’est trouvé des vertus de développeur. Il sillonne le Bénin de l’Est à l’Ouest et du Nord au Sud. Souvent, plusieurs fois dans une journée, lançant des travaux qui ne démarrent pas par-ci et, posant des pierres sans suite par-là. Il a promis faire la promotion des jeunes. Le week-end dernier à Porto-Novo, Yayi a avoué qu’il a échoué sur ce plan. On a promis le plein emploi aux jeunes, mais beaucoup d’entre eux attendent encore. Il est souvent dit que quand le Nigéria éternue, le Bénin tousse. Et bien, le peuple nigérian vient de sanctionner l’échec de la gouvernance de Goodluck Jonathan. Que feront les Béninois au sujet de leur président ?
Les sages conseils de Mathias Hounkpè à Yayi
« C’est la meilleure chose qui puisse arriver au Nigeria et à la sous région. Si l’opposition est unie, que les citoyens sont déterminés et que la commission électorale fait raisonnablement bien son boulot, le résultat est imparable. Si j’ai un conseil à donner aux dirigeants actuels de mon pays, le Bénin, c’est de permettre à la commission électorale de faire son travail, et de respecter la volonté du peuple quelle qu’elle soit ». Voici ce que nous a confié le politologue Mathias Hounkpè qui suit depuis le Sénégal où il est, l’évolution du processus électoral tant au Nigeria qu’au Bénin. Vivement donc que le Chef de l’Etat tienne compte de ces sages conseils.
Affissou Anonrin et Grégoire Amangbégnon