La Cour d’assises de Cotonou a acquitté au bénéfice du doute, hier mardi, les sieurs Alexis Sènou, Olivier Donouvossi, Alias Nouréni Oyédélé et Xavier Sokènou Wacthinou précédemment accusés des faits d’association de malfaiteurs, de complicité de vol à mains armées, de complicités d’assassinat et assassinat dans le 19ème dossier inscrit au rôle de la 1ère session de l’année 2015.
Courant septembre 1997, le nommé Alexis Sènou, chauffeur de Ghanshyam Mangaram Chandwany, est licencié pour le vol de carburant dans l’un des véhicules de la société de son patron. Après son licenciement qu’il considère come abusif, il aurait téléphoné à son employeur pour le menacer en ces termes :« Apporter l’argent, apporter l’argent sinon c’est fusil ». Par ailleurs, il aurait informé son ami Olivier Donouvossi que Ghanshyam Chandwany, le directeur général de la Société Mohanco Agencies, rentre souvent chez lui avec beaucoup d’argent qu’il emballe dans un sachet noir. A son tour, Olivier Donouvossi aurait porté l’information à son ami, le nommé Xavier Sokènou Watchinou «Aladji Djibiti » qui aurait sollicité l’aide de Tony Albert Adantchédé Kpoviessi, propriétaire du véhicule Peugeot 505 immatriculé N 35 69 RB pour le déplacement de la bande que Xavier Sokènou Watchinou formera plus tard.
Ainsi, le 15 septembre 1997, Xavier Sokènou Watchinou dit «Aladji Djibiti », en compagnie des nommés Waliou Ladjo Massiou, Djèlili Tahiwo, Bédji Baba Alias, Nouréni Oyédélé et Tony Albert Adantchédé Kpoviessi se seraient rendus tous au quartier Missèbo à bord de la voiture Peugeot 505 portant une fausse d’immatriculation pour la circonstance et conduite par son propriétaire. Ce dernier aurait stationné son véhicule non loin de la boutique de vente en gros de la société Mohanco Agencies où travaillait le sieur Ghanshyam Chandwany. A la fermeture de la boutique et grâce aux indications qu’aurait fourni le nommé Wassiou Ladjo, ils ont réussi à identifier la voiture de Ghnashyam qu’ils auraient suivie jusqu’à son domicile sis au quartier Haie Vive, au lot 9H maison Barthélémy Ohens. A la vue du véhicule de son patron, le gardien Marcel Soglo a ouvert le portail. Mais avant qu’il le referme, les nommés Xavier Sokènou Watchinou dit Aladji Djibiti, Djèlili Tahiwo et Bèdji Baba, Alias Nouréni Oyédélé seraient descendus de leur véhicule et seraient rentrés dans la maison. Le nommé Djèlili Tahiwo se serait approché de Ghanshyam Chandwany avec une arme à feu de type AKM et aurait demandé à celui-ci de lui remettre l’argent. Le nommé Marcel Soglo s’est opposé et s’en est pris à Djèlili Tahiwo qui, aidé de Xavier Sokènou Watchinou, ont essayé de se défaire de lui. Pour atteindre leur but, Djèlili Tahiwo n’aurait pas hésité à faire usage de son arme à feu pour tirer sur le gardien, ensuite sur le patron qui rendit l’âme sur le champ et le gardien plus tard au Centre national hospitalier et universitaire de Cotonou.Pendant ce temps, Nouréni Oyédélé aurait réussi à prendre le sachet noir dans lequel se trouverait une somme de cinq millions (5 000 000) de francs CFA. Une fois le sachet noir pris, les trois se seraient retirés de la maison et auraient
rejoint les deux autres, à savoir, Waliou Ladjo et Tony Albert Adantchédé Kpoviessi qui les attendaient dans la voiture. Les inculpés auraient pris ensuite la fuite à bord de la voiture 505 qui aurait été conduite, cette fois-ci par Xavier Sokènou Watchinou. Après l’opération, la bande s’est réunie à Porto-Novo plus précisément chez Xavier Sokènou Watchinou, chef de la bande où aurait attendu Oliver Donouvossi qui aurait pris part au partage du butin. Ce dernier n’aurait pas suivi le groupe parce qu’ayant l’habitude de rendre visite à Alexis Sènou sur son lieu de travail. Il aurait peur d’être identifié.
Au début de l’audience, la Cour a constaté l’absence de trois accusés sur les sept, à savoir, Waliou Massiou Ladjo, Tony Albert Adantchédé Kpoviessi et Djèlili Tahiwo et a renvoyé à une session ultérieure leur jugement conformément à l’examen de la demande de leurs avocats.
A la barre, les quatre accusés présents, à savoir, Alexis Sènou, Olivier Donouvossi, Nouréni Oyédélé et Xavier Sokènou Wacthinou n’ont pas reconnu les faits qui leur sont reprochés. Certains ont même soutenu ne pas se connaître en dehors de la prison. En dehors d’Alexis Sènou qui est le chauffeur de la victime, les trois autres ne connaissent pas l’Indo-pakistanais Ghanshyam Chandwany et son gardien abattus. Le chauffeur accusé dit n’avoir pas menacé son patron Ghanshyam Chandwany ni avant ni après son licenciement. Il a aussi témoigné à la Cour qu’il est entré en possession de ses droits de licenciement lorsqu’il lui a été reproché le vol de quatre litres d’essence dans un véhicule.
Le Ministère public représenté par Cyriaque Edouard Dossa a démontré que les accusés sont coupables de ce que la justice leur reproche. Il a retenu contre Alexis Sènou l’infraction d’association de malfaiteurs et de complicité de vol ; contre Olivier Donouvossi l’infraction d’association de malfaiteurs, de complicité de vol et d’assassinat. Quant à Nouréni Oyédélé et Xavier Sokènou Watchinou, ils forment une association de malfaiteurs, sont auteurs de vol à mains armées et d’assassinat. Il a requis contre les quatre la peine de travaux forcés à perpétuité.
Les avocats des quatre prévenus, à savoir Mes Yves Ogan Bada, Ahouangonou, Rafiou Paraïso et Elvis Didè ont plaidé pour leurs clients en démontrant qu’aucun d’eux n’a posé aucun acte positif dans cette affaire qui les a emballés. La preuve est que leurs clients ont tous clamés leur innocence. Ils ont demandé leur acquittement pur et simple.
Les accusés sont en détention préventive depuis 1998. Leurs casiers judiciaires ne portent aucune condamnation antérieure.
Par contre Ladjo Watchinou et Tahiwo sont connus des services judiciaires et pénitentiaires.
L’enquête de moralité faite n’est pas en leur faveur. Le rapport médico-psychiatrique et psychologique ne note aucune anomalie mentale chez les accusés aux moments des faits.
Au regard des débats et des observations, la cour a acquitté au bénéfice de doute les quatre (04) accusés.
Thierry Damase Ogoubi a présidé l’audience. Les accesseurs sont Emmanuel Opita et Wilfrid Araba. Me Edouard Zavonon a tenu la plume.