Le Président de l’Union Nationale des Magistrats du Bénin (Unamab) Michel Adjaka s’est insurgé contre les mutations réalisées par le gouvernement à travers son garde des sceaux contre certains magistrats. C’était ce mardi 31 mars sur sa page Facebook. Il s’est dit « déterminé à sonner, contre vents et marrées, la mobilisation propre à conjurer ce qu’il qualifie de ¨mauvais sort¨ contre la justice et l’Etat de droit au Bénin ».
C’est suite aux informations diffusées dans la presse les 12 et 16 février 2015, que le Bureau d’Entité de l’Unamab a rappelé au Conseil Supérieur de la magistrature (Csm) et au garde des sceaux les dispositions de l’article 126 de la Constitution du 11 décembre 1990 qui énonce qu’on ne peut déplacer les magistrats de siège, mais qu’on peut en revanche déplacer ceux du parquet sur proposition du garde des sceaux. Les informations faisaient état de ce que certains magistrats du parquet sont en voie de faire l’objet de mutations punitives. Pour le Président de l’Unamab, « cette prérogative conférée au garde des sceaux et au Csm de muter les magistrats du parquet sans leur consentement, ne doit pas être une occasion de représailles ou de sanctions déguisées ». Michel Adjaka pense que cette mesure adoptée par le Gouvernement vise à décourager certains magistrats vue l’arrestation des maires proches du pouvoir impliqués dans diverses procédures pendantes devant les juridictions. Il va plus loin en expliquant qu’ au cours d’une rencontre convoquée par le Garde des sceaux, Valentin Djènontin a reproché aux magistrats du parquet leur trop grande indépendance vis-à vis de la chancellerie et surtout leur propension à n’arrêter que les maires proches de la mouvance. Comme exemple le président de l’Unamab dénonce les mutations opérées à l’encontre du procureur de Natitingou qui rejoint désormais Kandi, celui de Djougou qui regagne Pobè, le 1er substitut de Porto-Novo envoyé à Lokossa, les procureurs de Calavi et de Pobè envoyés à la Chancellerie en tant qu’assistants de directeur technique. Michel Adjaka a par ailleurs, ressorti la cabale contre un collègue juge au tribunal de Kandi pour avoir condamné l’Etat béninois à des millions de francs au profit d’un particulier qui serait contre le pouvoir en place. Il a estimé que : « de telles décisions aussi provocatrices que préjudiciables à l’indépendance de la justice déteignent non seulement sur la noblesse de la fonction de magistrat, mais détruisent toute envie des magistrats de siège à servir au parquet. Mieux, que ces actes interviennent à un moment où à traves plusieurs sorties médiatiques le Chef de l’Etat, ne cesse d’inviter les magistrats à engager une lutte irréversible contre la gangrène de la corruption, un potentiel danger pour la démocratie béninoise ». Michel Adjaka promet mettre tout en œuvre pour faire régner une atmosphère de « justice et l’Etat de droit au Bénin ».
Aldo Gaspard Ba