La crise qui secoue le ministère de la fonction publique, relative aux irrégularités qui ont entaché le dernier concours de recrutement persiste. Pis, elle semble prendre une nouvelle tournure depuis la sortie d'un cadre du ministère qui a tenté de rejeter en bloc les magouilles dénoncées par les syndicalistes.
Tel l'avocat du diable, le directeur de la Programmation et de la Prospective du ministère du Travail et de la Fonction publique Abdoul Aziz Malick était sur le plateau de la télévision nationale pour justifier les irrégularités dénoncées par le syndicat du ministère de la Fonction publique dans l'organisation du dernier concours de recrutement au profit de son ministère. Les réponses, commentaires et critiques sur la sortie du cadre du ministère de la fonction publique ne se sont pas fait attendre. Tout porte donc à croire que le directeur de la Programmation et de la Prospective n'a pas convaincu ; ce qui amène des observateurs à déduire que ce dernier venait de manquer une très belle occasion de se taire. D'ailleurs, beaucoup pensent que la voix la plus autorisée pour défendre le dossier est celle du ministre de la Fonction publique dont le mutisme, après les premiers aveux, laisse à désirer.
Argumentaire
"Une des filles de la ministre de la Fonction Publique a aussi échoué" lançait l'invité de la chaine de télévision de service public. Selon lui, la thèse selon laquelle il y a eu magouille dans l'organisation dans le dernier concours de recrutement au profit du ministère des finances est à écarter d'office. Pour Abdoul Aziz Malick, plusieurs proches de certains cadres du ministère ont échoué audit concours. Ce qui devrait témoigner de l'impartialité de ces cadres du ministère. De même, l'invité ne s'est pas empêché de dénoncer les différentes réactions qui s'enregistrent au sujet du dossier. Abdoul Aziz Malick estime que le cas de la candidate qui a saisi l'observatoire de lutte contre la corruption et le médiateur de la république devrait être vu comme une erreur comme toute autre. " On réagit comme s'il n'y a jamais eu d'erreur au Bénin" déclarait-il avant de se contredire sur la question du régionalisme par ces mots: " quand ça se passe au nord, c'est du régionalisme, quand c'est au sud, on ne dit rien". A-t-on besoin d'être un génie pour souligner dans cette portion de la déclaration du directeur de la programmation et de la prospective quelques relents régionalistes ?
Par ailleurs, le commun des téléspectateurs qui ont suivi, l'exposé du cadre du ministère de la fonction publique sur la chaine de télévision nationale attendent toujours d'être situés sur la miraculeuse coïncidence qui a fait le sort heureux du directeur du recrutement dudit ministère dont six enfants seraient reçus audit test.
Revirement de situation
Dans cette affaire dite ''magouille dans l'organisation des concours de recrutement à la Fonction publique'', il y a un fait qui au-delà de l'étonnement qu'il suscite parait comme suspect. Il s'agit du mutisme coupable de la première autorité du ministère qui, à l'entame de la crise, avouait déjà le forfait qu'elle disait être le fait de deux de ses directeurs. En effet, après la saisine de la candidate A. Idjouola déposée au Médiateur de la République pour dénoncer la substitution de son nom par celui de Issa Hadissou Imorou sur la liste des admis affichée, le Professeur Albert Tévoédjrè a saisi à son tour le ministre du Travail et de la Fonction publique. En réponse, Mémouna Kora Zaki par la correspondance N°011/MFTP/SP-C du 14 janvier 2013 a déploré les faits et les manquements des cadres qui l'entourent. Dans sa correspondance au Médiateur de la République, le ministre Mêmouna Kora Zaki déclarait " (…) le seul communiqué que j'ai signé jusqu'à ce jour, lundi 14 janvier 2013 et dont j'ai personnellement la copie, porte le nom de Idjouola A. Y. Lydie ". Une déclaration du ministre qui, a priori, devrait couper cours aux polémiques car constituant une preuve palpable de ce que la requête de la candidate est pertinente. Il y a bel et bien eu magouille, rien qu'à se fier à cet écrit du ministre. Dans ses explications au médiateur de la République, le ministre pense que s'il y a substitution de pages et de noms, ce ne serait qu'un acte de ses collaborateurs que sont le DGFP et le DRAE qui devront lui apporter des explications. Il convient alors de se demander ce qui a pu bien se passer pour que la ministre de la fonction publique devienne complètement invisible sur le dossier laissant libre cours aux polémiques. Ceci qui frise une volonté manifeste et déguisée d'étouffer l'un des plus grands scandales qui secouent actuellement la République. Espérons que la commission installée la semaine écoulée par le chef de l'Etat vienne sauver les meubles.