La mise en exécution des recommandations issues de la table ronde économique tenue fin octobre 2012 reste encore un rêve. Alors que le conseil national du patronat multiplie ses actions pour dénoncer cette passivité, le gouvernement ne réagit pas encore promptement. Près de dix mois après, rien n'a véritablement bougé. Toutefois, le gouvernement envisage un projet de décret visant à régir le partenariat public-privé au Bénin.
A quand la mise en application effective des recommandations formulées par la table ronde économique d'octobre dernier ? Pourtant l'implication et la participation effective du chef de l'Etat avait laissé croire à un engagement ferme et résolu dont la simple expression ne pouvait être que la mise en application des décisions prises au cours des assises. Bientôt dix mois que Cotonou a connu cette capitale rencontre dont les fruits peinent à murir. C'est d'ailleurs ce que dénonçait en début de ce mois le président du Conseil national du patronat du Bénin qui soulignait qu'aucune des recommandations arrêtées par la table ronde économique n'est exécutée.
Bon départ
En effet, vu les maux qui minent l'économie béninoise, le président Boni Yayi a initié une table ronde sur le dialogue secteur public-privé en vue de sa relance. Des assises au cours desquelles d'importantes résolutions ont été prises après diagnostic. Les rapports ont donc été déposés au gouvernement depuis le 15 avril 2013 avec pour délai fixé, au nom du consensus entre le gouvernement et le secteur privé et pour le démarrage de la mise en application des recommandations, 15 jours à compter de la date du dépôt des rapports. Outre le décret d'application, il a été également question du besoin de légiférer. L'avant-projet de loi a été fait et rendu à la même date, confiait le président Sébastien Ajavon qui précisait que trois mois après, la loi devrait donc être prête. Mais malheureusement à la date d'aujourd'hui, ni la loi, encore moins le décret ne sont rendus disponibles. Ce qui amène les observateurs à s'interroger sur la manière dont le gouvernement entend matérialiser la relance économique qu'il a tant prônée. Quand on sait que le gouvernement, avec l'appui des opérateurs économiques du secteur privé, envisage de créer une autorité nationale pour le dialogue entre le secteur public et le secteur privé, une structure qui sera composée de 26 membres (13 du secteur public et 13 du secteur privé) et dont la mission sera entre autres, la conception, la coordination, la mise en œuvre et le suivi-évaluation de la politique du Bénin en matière de dialogue entre les deux secteurs en vue de la compétitivité sectorielle et globale de l'économie béninoise ; on est en droit de s'interroger sur ce qui bloque le cadre juridique.
Réveil tardif ou ballon d'essai ?
Réunis pour un séminaire gouvernemental le mardi dernier, les membres du gouvernement ont demandé au Ministre du Développement, de l'Analyse Economique et de la Prospective, de soumettre au prochain Conseil des Ministres, un projet de décret de transmission à l'Assemblée Nationale du projet de loi sur le partenariat public-privé après l'avis motivé de la Cour Suprême et l'avis consultatif du Conseil Economique et Social. Cette information est certainement du genre à ressusciter l'espoir dans le cœur des opérateurs économiques et à dissiper les grognes intermittentes du Cnp-Bénin, mais reste à savoir si elle ne constitue pas un simple ballon d'essai. Si elle doit être considérée comme un réveil tardif du gouvernement, alors il faudra faire remarquer que le contexte s'y prête bien et il y a même de quoi en faire une urgence de l'heure. Les pratiques commerciales hors normes et l'essor des activités économiques illicites maintiennent en berne l'économie du pays où instaurer une chambre de commerce légitime parait utopique depuis bientôt deux ans.