Après avoir dénudé la plupart des forêts classées du pays, les exploitants jettent leur dévolu sur le parc national du W. Depuis quelques mois, l’activité d’exploitation prend des ampleurs qui inquiètent les acteurs de la protection de la réserve. La direction du parc a entrepris une lutte contre le fléau.
Pendant longtemps, le braconnage, la transhumance et l’empiètement agricole ont été les actes combattus par la direction du parc W. Mais, depuis 2009, une nouvelle activité se développe dans la plus grande réserve de biodiversité transfrontalière de la région. Les exploitants forestiers qui ont dévasté presque toutes les forêts du centre et même du nord, ont fait leur entrée dans le parc. Ainsi, des dizaines de machines ronflent chaque semaine, et ce sont de nombreux arbres qui sont abattus. Selon l’adjudant Lafia Serokobi Amidou, chef du service surveillance à la direction du parc, les exploitants opèrent surtout dans les zones tampon, zones cynégétiques, avec parfois des incursions à l’intérieur même du parc. Or, la règlementation au Bénin interdit toute exploitation dans lesdites zones. L’ampleur de l’activité, ces derniers mois, inquiètent aussi bien la direction du parc que les autorités et les populations des communes riveraines. Sur les 42 cas de coupe de bois enregistrés entre 2012 et 2013, 24 ont eu lieu sur la moitié de 2013. « L’exploitation constitue une menace grave sur le parc et les bruits des machines pourraient faire fuir les animaux vers les parcs des pays voisins », s’inquiète Bio Bougo Bio Jean. C’est donc le tourisme qui prendra un coup, et au-delà, le commandant Sinandouwinrou Théophile, directeur du parc national du W voit que cette vaste réserve constitue un rempart contre l’avancée du désert. Sa destruction constituerait donc une voie ouverte à désertification rapide de la zone riveraine. Il faut donc tout faire pour décourager l’activité. « Les exploitants ne démordent pas dans leur sale besogne, mais nous aussi nous leur mènerons la vie dure ». Cette phrase traduit la détermination du commandant Théophile Sinandouwinrou et son équipe à combattre l’exploitation forestière dans le complexe du parc W. Chaque semaine, sinon chaque jour, des patrouilles sillonnent le parc. Et les résultats sont probants : 82 tronçonneuses saisies sur les deux dernières années dont 48 en 2013 avec plusieurs centaines de madriers et autres objets. 38 personnes (exploitants et scieurs) sont déjà arrêtées pour l’année en cours et la direction déploie les moyens pour traquer ces ennemis de la flore. La dernière opération, signale-t-on, a permis de mettre la main sur cinq scieurs qui seront présentés au procureur dans les prochains jours.