Yayi Boni continue de faire tout le contraire de ce qu’on attend de lui à un an de la fin de son dernier et deuxième mandat présidentiel.
Les Béninois se souviennent encore comme si c’était hier, du Ko de 2011 qui a permis au chef de l’Etat de se succéder à la tête du Bénin. Quatre ans après ce mémorable Ko, il est à un an de la fin de son mandat. Après une gouvernance chaotique exercée 9 ans durant, on se demande la nouvelle politique qu’il adoptera pour relever la tête avant de s’en aller. En clair, on se demande si le président de la République a encore la possibilité de se racheter auprès des Béninois. En fait, beaucoup souhaitent voir un président désormais en tournée de repentance pour finir tout au moins sur une bonne note son deuxième et dernier quinquennat. On attend de Yayi Boni des comportements dignes qui puissent le propulser sur la voie de la réconciliation avec son peuple. Le chef de l’Etat doit se réconcilier non seulement avec son peuple, mais aussi avec lui-même pour retourner à ses vraies valeurs. Présenté comme le promoteur légendaire de la division, du régionalisme, des discours qui insinuent à l’affrontement entre les fils d‘un même pays, le chef de l’Etat doit changer de comportement. Il doit apaiser, interpeller les consciences, réconcilier, rassembler et dialoguer. Pour le reste de son mandat, que le dialogue renaisse sur les bases de la vérité et de l’amour entre les acteurs politiques, entre les ethnies et entre les régions. Si la politique mise en place n’a pas permis d’avancer, pourquoi ne reconnaît-il pas son échec et changer d’option ? C’est ce qui manque à Yayi Boni. S’il n’a pas des solutions de rechanges, qu’attend-il pour s’inspirer de l’expérience du président Mathieu Kérékou.
L’expérience de Mathieu Kérékou
« Si l’expérience prouve que notre option, au lieu de rassembler tous les fils de ce pays, a au contraire réussi à les disperser, pourquoi ne pas remettre en cause une telle option ? Est-ce un crime ? Alors, Monseigneur, nous pensons que vous n’hésiterez pas à accepter de nous confesser… », a confié le général-président, le 21 février 1990 à la Conférence nationale. Devant la conférence souveraine et le président du présidium, Mr Isidore de Souza, Mathieu Kérékou a tiré conséquence de ses échecs. Cela doit inspirer l’actuel président de la République. Dans un document édité par La Fondation Afrique Espérance sur les 25 ans de la Conférence nationale, cette attitude qu’a eue Mathieu Kérékou a été mise en relief pour que ceux qui dirigent le pays aillent se ressourcer. La leçon à garder est celle-ci : « Quand un chef sait reconnaître ses échecs et tirer les conséquences de ses erreurs, il n’en devient que grand ! L’entêtement personnel ou suscité au pouvoir est toujours un signe d’étroitesse d’esprit. A l’opposée de cela, l’autocritique sincère et authentique et la détermination à changer d’orientation après les échecs avérés constituent des traits des véritables hommes d’Etat. Yayi Boni doit avoir cette posture d’homme d’Etat pour la postérité. Après avoir alimenté les invectives particulièrement violentes, approfondi les désaccords, accumulé les rancœurs, ouvert les fronts de lutte et poussé les populations à la souffrance, il a tout intérêt à se ressaisir. C’est une question de comportement. Yayi Boni ne doit plus passer son temps à se préoccuper des détails. A partir de ce moment, il n’a qu’à se concentrer sur les vraies fonctions du président de la République, en incarnat l’unité nationale, en garantissant la sécurité aux populations, en respectant les décisions de la justice nationale et supranationale, les accords et les traités internationaux. On espère qu’il renversera l’image du premier magistrat qui se rebelle contre les sentences prononcées par la justice. D’ici un an, il ne sera plus au Pouvoir. Il partira du Palais de la Marina et on lui souhaite qu’il prenne par la grande porte. Mais avant toute chose, il faut qu’il commence par rétablir la confiance dans les cœurs afin d’évacuer les suspicions qui germent autour de ses intentions de révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Là où tous les Béninois, de même que la communauté internationale, l’attendent le plus, c’est sur le terrain de la révision de la Constitution. La seule chose qu’il puisse faire pour dissiper les suspicions, c’est de retirer du Parlement son projet de révision. Ainsi, la question selon laquelle, « briguera ou ne briguera t-il pas un troisième mandat » ne va plus alimenter les conversations, ni évoquée par les médias, tant nationaux qu’étrangers. Malheureusement, c’est une question qui est d’actualité parce qu’aujourd’hui, le chef de l’Etat lance tous les chantiers qui ne démarreront pas ou ne seront pas achevés avant le dernier jour de son séjour au Palais de la Marina.