L'ancien président de la République, Mathieu Kérékou, à la faveur d'une visite en juin dernier, de l'ancien ambassadeur de France près le Bénin, Jean-Paul Monchau, au domicile du Général à quelques heures de son départ du Bénin, a montré sa désapprobation face au projet de révision de la Constitution. Et c'est le tour de l'ancien président Emile Derlin Zinsou de dire également non à l'initiative de Boni Yayi...
À la veille de son départ définitif du Bénin, l'ancien ambassadeur de France près le Bénin Jean-Paul Monchau a été convié en juin dernier, au domicile du Président Mathieu Kérékou, Chef de l'Etat de 1972 à 1990 puis de 1996 à 2006, pour une visite de courtoisie. Cette rencontre a été l'occasion d'échanger sur le bilan de l'action de l'Ambassadeur durant ses deux années passées au Bénin. Jean-Paul Monchau a tenu à rendre hommage au Président Kérékou, figure historique du Bénin, qui a permis le renouveau démocratique en laissant le pouvoir en 1990 et a su se porter garant du respect de la Constitution et de l'Etat de droit lors de ses deux mandats électifs. La question liée au projet de révision de la Constitution du 11 décembre 1990 était au cœur des échanges entre le diplomate français et l'ancien Chef d'Etat. L'ex chef d'Etat a été favorable à peser de tout son poids et de toute son influence pour faire échec à une révision opportuniste de la loi fondamentale de notre pays. Cette position vient rassurer les observateurs qui croyaient que le Général Kérékou avait perdu son latin face à ce projet.
Après cette position affichée du Général, c'est le tour d'un autre ancien président de la République, Emile Derlin Zinsou qui a émis des réserves face à ce projet. En effet, c'est clair et évident aujourd'hui, que le projet de la révision de la constitution tient une place de choix dans le cœur du Chef de l'Etat qui a décidé de ''moderniser'' la Constitution du Bénin. Face à cette détermination du Chef de l'Etat, la bande des antirévisionnistes alerte le monde entier sur les conséquences d'une telle initiative. L'ancien président Emile Derlin Zinsou ne serait pas d'accord pour la révision de la loi fondamentale du 11 Décembre 1990. Il serait favorable à une révision qui appelle un large consensus national (de l'opposition à la société civile en passant par les institutions de la République sans oublier le bas peuple qui est le plus concerné puisque c'est en sa faveur que les grandes décisions sont prises). Tenter un passage en force au mépris des textes et des aspirations du bas peuple serait un sacrilège envers la République et une telle action risque d'être désagréable pour le Bénin. L'ancien chef d'Etat aurait même dénoncé les agissements des proches du président Boni Yayi qui, à travers des campagnes de sensibilisation soutenues par des arguments sans fondement, embobinent les populations analphabètes. Une révision de la Constitution qui ne reçoit pas la caution et l'onction du peuple ne sera donc pas acceptée.
Ces deux positions, si elles demeurent ainsi, viennent renforcer les initiatives des antirévisionnistes qui affichent leur volonté de voir ce projet abandonné pour le grand bonheur du peuple béninois.
Des réactions toujours attendues !
Il y a quelques semaines, l'absence de réaction des anciens chefs d'Etat face à un sujet aussi sensible qu'est la révision de la Constitution faisait énormément défaut. Pour avoir été présidents de la République et pour avoir respecté les prescriptions de cette Constitution, ils constituent de nos jours, une source de sagesse qui devrait inspirer la génération montante. Ces anciens Chefs d'Etat ayant pris une part active à la conférence des forces vives de la Nation de 1990 qui a instauré la démocratie, ils ont l'obligation de jouer leur rôle, lorsque cette démocratie est en difficulté. Même si le Général Kérékou a affiché son refus de réviser la Constitution lors de son entretien avec l'ancien Ambassadeur français, Jean-Paul Monchau ; et même si la volonté de l'ancien président Emile Derlin Zinsou est désormais connue, le peuple béninois veut les entendre se prononcer officiellement sur ce sujet. C'est d'ailleurs pourquoi, le Président-maire de la ville de Cotonou, Nicéphore Soglo, doit s'inviter dans ce débat qui concerne tous les Béninois. Même si sa position passerait par des échanges officieux, la volonté du président Soglo est très attendue afin d'emboîter le pas au Général Kérékou et au président Emile Derlin Zinsou, histoire de situer les Béninois.