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Révision de la Constitution : Le plan secret des aigris de la République pour enterrer la démocratie
Publié le jeudi 9 avril 2015  |  Notre Voix
Mathurin
© aCotonou.com par CODIAS
Mathurin Coffi NAGO, president de l`assemblee national et coordonnateur national du parti FDU, lors du Sortie officielle du parti des Forces Démocratiques Unies ( FDU).
Cotonou, le 14 mars 2015 au Palais de Congres




Sans programme de société et en panne d’arguments pour convaincre le peuple dans le cadre des prochaines élections, certaines forces politiques de l’opposition prennent comme thème de campagne électorale, la révision de la constitution. Morceau choisi : le Président Boni Yayi veut réviser pour se maintenir au pouvoir. Mathurin Coffi Nago est le capitaine de l’équipe mise en place pour faire la propagande. Candide Azannaï, Mathys Adidjatou, Hélène Aholou-Kèkè, Sacca Lafia, Issa Salifou, Léhadi Soglo et consorts font partie de cette équipe. Ils ne ratent aucune occasion sur le terrain pour intoxiquer la population qui, heureusement, n’est pas dupe. A quoi jouent-ils ? Que cache réellement leur campagne ? Quelle crédibilité accordent-ils aux décisions de la Cour Constitutionnelle sur la question ?
Réélu pour un second mandat en 2011, qui s’achève en 2016, sur le terrain politique, le Président Boni YAYI s’est attaqué à une réforme majeure : la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Mais à la grande surprise de l’opinion publique, ce projet de réforme, pourtant présenté aux populations par son auteur, le Président Boni Yayi, tout au long de la campagne présidentielle de 2011, au terme de laquelle il a été réélu dès le 1er tour avec plus de 53% des suffrages exprimés, est aujourd’hui farouchement combattu par ses alliés d’hier, Mathurin Coffi Nago, Candide Azannaï, Mathys Adidjatou, Hélène Aholou-Kèkè, Sacca Lafia, Issa Salifou, Léhadi Soglo et consorts, qui bizarrement continuent de soupçonner le Président de la République de vouloir en profiter pour se maintenir au pouvoir pour un 3ème mandat. Que cache cette campagne antirévisionniste pleine d’hypocrisie avec à sa tête Mathurin Nago ?
En effet, bien que ledit projet en lui-même ne prévoit aucunement une reformulation des articles 42 (limitation du nombre de mandats à deux (2) et 44 (limitation d’âge) – eux-mêmes le reconnaissent, la polémique est toujours nourrie et entretenue. Trois Décisions de la Cour Constitutionnelle (une sous Robert Dossou et deux sous Théodore Holo), Juge constitutionnelle, ont même sifflé la fin de la récréation, estimant qu’aucune modification de la loi fondamentale ne saurait toucher le nombre de mandats et l’âge. Mais l’intoxication se poursuit. Mathurin Nago, Président de l’Assemblée Nationale, veut-il faire croire au peuple que la Cour Constitutionnelle, après de telles décisions, est capable de «ravaler sa vomissure» ? A travers ses diatribes contre le Président de la République, Nago cherche-t-il vraiment à faire croire aux Béninois que la Cour Constitutionnelle est capable, après de telles décisions, de rendre constitutionnellement conforme une révision du nombre de mandats présidentiels et la limitation d’âge ? Si tant est que Nago est convaincu que Yayi chercherait un 3ème mandat, il doit expliquer aux Béninois comment cela est possible face à 3 décisions émises par la Haute Juridiction, qui l’interdisent. Mieux, la Cour actuelle a produit en 2014, 2 des 3 décisions en moins de 6 mois d’écart. Nago encourage t-il ainsi les Béninois à ne pas respecter les institutions de la République, lui-même Président de l’une d’elle ?
Déjà dans sa Décision DCC 11-067 du 20 octobre 2011, la Cour Constitutionnelle a rappelé que : « Ne peuvent faire l’objet de question à soumettre au référendum les options fondamentales de la Conférence nationale de février 1990, à savoir :la forme républicaine et la laïcité de l’Etat; l’atteinte à l’intégrité du territoire national; le mandat présidentiel de 5 ans renouvelable une seule fois et la limitation d’âge de 40 ans au moins et de 70 ans au plus…». Il découle de cette Décision que la limitation à deux du nombre de mandats présidentiels, étant une option fondamentale prise lors de la Conférence nationale de février 1990, celle-ci ne saurait faire l’objet d’aucune révision.
Dans sa Décision DCC 14-156 du 19 Août 2014, la Cour Constitutionnelle confirme, une fois encore, à nos compatriotes, qu’à l’instar de sa propre Décision DCC 11-067 du 20 octobre 2014 : «(elle) exclut toute révision de la Constitution la limitation à deux le nombre de mandats présidentiels.»
Enfin, dans sa Décision DCC 14-199 du 20 novembre 2014, la Cour, presque comme par lassitude, rappelle qu’«une jurisprudence constante de la Cour précise les limites et les modalités de cette révision… ». La Cour va plus loin dans ladite décision en précisant que la révision de la Constitution «n’a pas vocation à créer une nouvelle République». Ces différentes décisions sont quand même suffisantes pour rassurer tous les acteurs politiques. Mais l’intoxication étant devenue désormais la chose la plus partagée, le sport national de certains politiciens, des intentions continuent d’être prêtées à tort au Chef de l’Etat.
A l’allure où vont les choses, il serait bon pour le peuple béninois que Nago et l’avocat Joseph Djogbénou expliquent comment, après de telles décisions de notre Cour Constitutionnelle, Boni Yayi peut encore prétendre à un 3ème mandat. Il ne doit plus s’agir de hurler sur tous les toits des paisibles populations que la révision de la Constitution telle que proposée par le Président de la République est une révision «opportuniste, à des fins personnelles». Il est enfin temps qu’ils nous expliquent comment Théodore Holo peut encore se dédire ?
A moins que leurs réelles intentions sont ailleurs. Et c’est ce que nous allons chercher à comprendre afin d’éclairer la lanterne du peuple.
Tout le monde sait que la Constitution ne peut pas être révisée sans le Parlement. Mathurin Coffi Nago le sait très bien. Alors, si tant est que la République est en «danger», que les 3 Décisions de la Cour Constitutionnelle sur la question du respect de la limitation des mandats présidentiels n’ont aucune valeur constitutionnelle à ses yeux– ce qui serait un dangereux message de la part de quelqu’un qui pense à être Président de notre République - et qu’il se voit dans la peau du messie pour la sauver afin d’éviter un troisième mandat à Boni Yayi, pourquoi n’a-t-il pas usé de ses prérogatives constitutionnelles pour enterrer définitivement le projet ? Nago, à lui seul, a réussi à faire rejeter le budget général de l’état 2014 – en permettant un vote secret, du jamais vu dans une démocratie qui se respecte. Nago, soutenu cette fois-ci par Hélène Aholou-Kèkè, Président de la Commission des lois, membre de son Alliance politique aujourd’hui, a réussi à enterrer le projet de loi devant enlever le droit de grève des magistrats, alors que la mouvance avait les voix nécessaires pour l’adopter. Pourquoi dans ce contexte, si il est convaincu que Yayi veut se maintenir au pouvoir à travers le projet de révision de la Constitution, laisse-t-il l’initiative sur sa table, au lieu de tout bonnement la faire rejeter et clore toute polémique inutile, comme il a su le faire, avec grande dextérité, pour le Budget Général de l’Etat 2014 et la loi sur le droit de grève des Magistrats ?
Pour leur propre crédibilité et celle de leurs discours, Nago, Azannaï, Aholou-Kèkè, Sacca Lafia, Djogbénou, Mathys et consorts doivent répondre à toutes les questions citées plus haut…sinon, qu’ils commencent enfin par tenir un discours plus constructif et responsable pour la Nation. Dans le cas contraire, le peuple est en droit de leur demander à quoi ils jouent. Défendent-ils les intérêts supérieurs de la nation ou il y a-t-il un plan caché au peuple ? Voilà autant de questions qui trottinent logiquement dans les méninges au regard de leurs agissements sur le terrain.
En panne d’arguments pour convaincre leurs électeurs dans le cadre des élections, ils semblent vouloir faire croire au peuple à une révision «opportuniste» de la Constitution, en faire leur thème unique de campagne alors que la Cour Constitutionnelle a purement et simplement mis fin à ce débat dans ses décisions du 20 octobre 2011, 19 août 2014 et 20 novembre 2014.
N’est-on donc pas, dans ces cas-là, dans des tentatives d’intoxication, de désinformation et de manipulation des populations ? Et Mathurin Nago doit particulièrement cesser de distraire le peuple. Et qu’on ne demande plus au Président Yayi de retirer son projet de révision de la Constitution puisqu’il l’a promis en 2011 aux populations qui ont massivement voté pour lui. Ce projet reflète donc bien ses convictions. Cela n’a aucun sens. Constitutionnellement (article 79), il revient donc à l’Assemblée Nationale d’assumer ses responsabilités : débattre, adopter ou rejeter. Nago aurait pu, s’il était vraiment sincère et s’il ne voulait pas donner le sentiment de vouloir utiliser le projet de révision de la Constitution à des fins de politique politicienne pouvant lui permettre de se faire réélire député, tout simplement rejeter ledit projet. Tout simplement.
L’opposition cherche-t-elle, en réalité, à patienter jusqu’après avril 2016, et ensuite faire sauter les verrous de l’article relatif à l’âge ? Aujourd’hui, l’état actuel de notre Constitution ne permet pas à beaucoup de leaders politiques de se présenter aux élections présidentielles. Dans 10 ans, la situation sera plus claire ou une nouvelle classe politique sera forcément installée : Bruno Amoussou, Adrien Houngbédji, Mathurin Nago, Pascal Koupaki et bien d’autres seront forclos (certains parmi eux le sont déjà).
Il y a donc de quoi «embêter» le Chef de l’Etat et tenter de récupérer le projet à leur faveur. Ainsi peut s’expliquer aussi leur engagement pour 2016. Car, s’ils perdent 2016, ils seront politiquement morts. C’est donc ce qui fait courir Nago et consorts : diaboliser le Président Boni Yayi, récupérer le projet et le tailler sur mesure. Roule-t-il pour lui-même ou pour des intérêts cachés ? Wait and see. Mais en attendant, le peuple doit rester vigilant pour déjouer tout plan machiavélique de nature à tailler la Constitution sur mesure.
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