Cotonou - Les cartes d'électeurs n'ont toujours pas été
distribuées au Bénin à cause de désaccords sur le financement de l'opération,
ce qui pourrait compromettre les législatives prévues le 26 avril, a alerté
vendredi une organisation de la société civile.
"Nous sommes très inquiets face à la situation actuelle car, à quelque 15
jours des élections législatives, aucun Béninois n'a de carte d'électeur", a
déclaré à l'AFP Martin Assogba, président de l'ONG de défense des droits de
l'Homme Alcrer.
"C'est incompréhensible, et nous tenons à rappeler aux acteurs politiques
que le peuple ne va pas tolérer un éventuel report du vote", a-t-il poursuivi.
Le conseil d'orientation et de supervision de la liste électorale
(Cos/lépi) dit manquer de ressources financières pour finaliser la confection
des cartes et procéder à leur distribution.
"Il y a des fournisseurs qui réclament de l'argent. Le gouvernement sait
tout mais refuse d'assumer", a expliqué à l'AFP Sacca Lafia, le président du
Cos/lépi.
"Sur les 4.470.500 électeurs, le Cos-Lépi à déjà imprimé près de 3,5
millions de cartes", mais n'a pas pu imprimer le million de cartes restantes,
faute de ressources financières, a-t-il précisé.
Au total, le Cos/lépi réclame plus de 3 milliards de francs CFA (environ
4,5 millions d'euros).
Un calcul que conteste le ministre béninois de l'Economie et des Finances,
Komi Koutche. "Je peux vous assurer qu'il n'y a pas manque de ressources pour
finaliser et distribuer les cartes d'électeurs", a-t-il affirmé à l'AFP.
Face à ce blocage, le gouvernement du président Thomas Boni Yayi dit avoir
saisi la Cour constitutionnelle.
La Cour avait fixé en début d'année la date des législatives, prévoyant en
outre les élections municipales et communales pour le 31 mai.
L'opposition avait manifesté durant des mois pour exiger la tenue de
municipales, initialement prévues en 2013 et reportées à cause des retards
dans la mise à jour de la liste électorale. Les législatives étaient
initialement prévues pour mars dernier.
Au pouvoir depuis 2006 dans ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, Thomas Boni
Yayi est accusé par l'opposition de vouloir changer la Constitution pour
pouvoir briguer un troisième mandat lors de la présidentielle de 2016.
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