La célébration le jeudi prochain, de l’indépendance du Bénin, a une nouvelle fois, suscité de grands débats sur la Constitution du 11 décembre 1990. L’initiative qui a été prise par le Président de la République en vue de réviser la loi, est source de polémiques et de controverses. Les citoyens, unanimement reconnaissent qu’il y a des acquis et des imperfections après deux décennies d’application de la Constitution. Mais c’est l’opportunité de modifier la loi ou de la maintenir qui est à la base de nombreux clivages...
Les Béninois sont en désaccord sur la révision de la Constitution de leur pays. La pomme de discorde est liée à l’opportunité de modifier la loi ou de maintenir le texte en attendant de lui apporter plus tard, les corrections nécessaires. Pour certains citoyens, il n’y a donc aucune urgence qui oblige le Président Boni Yayi, à vouloir à tout prix, réviser la Constitution avant la fin de son deuxième mandat présidentiel. Il y en a qui le soupçonnent ou l’accusent de vouloir réviser la Constitution pour briguer un troisième mandat.
Tout cela n’a pas émoussé l’ardeur du chef de l’Etat. Après avoir rassuré les populations qu’il ne se présentera plus à la présidentielle, Boni Yayi a récemment, devant des responsables d’institutions internationales, réaffirmé sa détermination à poursuivre jusqu’au bout le processus et ceci dans l’intérêt supérieur de la nation. Et puisque certains compatriotes qui ne croient pas en sa bonne foi, élèvent la voix, se mobilisent et menacent de l’empêcher d’aller au bout de sa logique, des observateurs avertis estiment que les hostilités sont ainsi lancées. Pourtant, les fils et filles du pays sont tous d’accord qu’il faut préserver contre vents et marrées, les acquis de la démocratie béninoise. Ils reconnaissent tous, au sujet de la Constitution, qu’il y a eu des avancées mais également de nombreuses difficultés dans l’application de certaines dispositions du texte, toutes choses qui exigent des corrections et des innovations à la loi. Pourquoi toutes ces contradictions ?
Il y a simplement que les antirévisionnistes pensent que le moment n’est pas propice et craignent ou dénoncent une révision opportuniste alors que le Président Yayi n’entend pas céder à la pression et ne veut pas reculer. C’est une véritable crise de confiance et le début d’un conflit qui interpellent tous les Béninois. Ils sont libres de leur opinion et de leur position. Le plus important est de mener un combat ou une lutte pacifique, dans le respect de la loi pour éviter que la passion et la violence ne conduisent à des crises fatales à la nation.
Promulguée le 11 décembre 1990, la Constitution béninoise a permis au pays de connaître plusieurs alternances, de restaurer l’autorité de l’Etat, d’assurer la stabilité institutionnelle et de sauvegarder la paix sociale. Au nombre des acquis qui retiennent l’attention des citoyens, il y a l’organisation régulière des élections. Il s’agit des présidentielles (1991, 1996,2001, 2006 et 2011), les législatives (1991, 1995, 1999, 2003, 2007 et 2011) et locales (2002 et 2007). Tous ces acquis doivent être non seulement améliorés mais également préservés pour la consolidation de la démocratie au Bénin.
Les Béninois reconnaissent pour la plupart, l’intérêt pour leur pays de se doter de cette loi fondamentale et les progrès enregistrés après deux décennies de son application. Cependant, il y a de nombreuses imperfections qui ont débouché sur des crises politiques majeures qui ont été surmontées grâce au consensus, la tolérance, l’attachement des citoyens et des responsables des institutions de la République au respect strict de la loi.
On peut citer entre autres difficultés liées aux imperfections de la loi, le retard qu’accuse l’installation de la Commission électorale, nationale autonome (Cena), les problèmes liés à la mise en place du Bureau, la politisation de l’institution, les difficultés liées à son financement, les problèmes qui résultent du désistement des candidats et des institutions compétentes pour la proclamation provisoire et définitive des résultats des élections, l’inexistence d’une Cour des comptes et bien d’autres problèmes qui se sont posés et qui n’étaient pas prévus avec les dispositions de la Constitution.
En réalité la loi nécessite un toilettage. Le seul problème est que certains ne veulent pas que Boni Yayi en prenne l’initiative. La suspicion est très forte. Face à cette situation, chaque Béninoise ou chaque Béninois, doit faire preuve de retenue, de concession et de tolérance pour aider le pays à trouver une porte de sortie.