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Le Matinal N° 4155 du 30/7/2013

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1er Août 2013 : le Bénin à l’heure des crises
Publié le mercredi 31 juillet 2013   |  Le Matinal




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Le Bénin frappé de plein fouet par une succession de crises célèbre demain jeudi 1er août son 53ème anniversaire de l’accession à l’indépendance. Une célébration sur fond de désenchantement général avec une exaspération qui dépasse tout. Une exaspération qui illustre les frustrations d’un peuple laissé pour compte, une jeunesse jetée aux oubliettes, une classe politique dupée, une gente féminine désabusée en désenchantée, des hommes d’affaires persécutés, des citoyens vivant dans la psychose, des syndicats divisés, des activistes des droits de l’homme menacés, des commerçants en difficulté, bref. C’est la saison des crises au Bénin. En réalité d’où vient le mal ? Arrivé pour la première fois au pouvoir en 2006, le chef de l’Etat Yayi Boni a été réélu président en 2011 dès le 1er tour. C’était un mauvais présage pour tout. Dans cette édition spéciale, nous y consacrons un dossier.


Les Béninois entrent de plain pied dans le 53ème anniversaire de l’accession de leur pays à la souveraineté nationale. La plupart d’entre eux n’ont, sans doute pas, le cœur à la fête, parce que traumatisés par l’état dans lequel se trouve leur Nation. Beaucoup d’entre eux sont marqués d’une manière ou d’une autre par ce qui se passe aujourd’hui. Ils savent que l’actualité ces derniers temps reste dominée par une succession d’affaires qui ont porté un sévère coup à la crédibilité du gouvernement et de son chef. Yayi Boni et son équipe ont fini par habituer le pays à des pseudos affaires qui seraient dirigées contre eux pour déstabiliser le Pouvoir en place et qui finissent par être jugées non fondées. Les premiers exemples qui nous viennent à l’esprit sont ceux de la tentative d’empoisonnement par des substances médicamenteuses et de préparation de coup d’Etat. Précédemment à ces deux cas plus récents, le gouvernement en place a pendant longtemps véhiculé dans l’opinion publique que des groupes radicaux opposés au chef de l’Etat sont sur le point de commettre des actes pour remettre en cause l’ordre constitutionnel. L’alerte est partie du ministère de l’Intérieur courant 2013. A cet effet, les forces de défense et de sécurité sont mises en état d’alerte maximum. Seulement face à cette menace, ce même gouvernement qui déclare avoir des informations crédibles a été incapable de rechercher, de trouver et de montrer à la face du monde, ces « ennemis du pays ». C’était simplement du vent. Quelques mois plus tard, le même spectre réapparaît avec comme axe de communication gouvernementale, des jeunes seraient recrutés et entraînés dans une région du pays et qu’ils seront utilisés plus tard pour s’en prendre à certains symboles de la République. Comme il en a l’habitude, le régime a mis en ébullition le pays avec ses pseudos affaires de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat et préparation de coup d’Etat. Des scénarii mal montés et mal tournés, telles que les ordonnances du juge Angelo Houssou l’ont révélé. La justice a statué sur un non lieu-général, mettant ainsi à nu un coup formaté par le régime lui-même pour priver de liberté des citoyens et surtout pour avoir la peau d’un certain Patrice Talon. L’homme d’affaires sentant venir le coup, s’est exilé en France, pays de liberté et des Droits de l’Homme. Quant aux autres, supposés complices, ils continuent de croupir en prison malgré l’acquittement pur et simple prononcé par le juge du 6ème cabinet d’instruction du tribunal de première classe de première instance de Cotonou. Cette détention prolongée traduit la volonté du régime d’éliminer des têtes qui ne lui plaisent point. Ces évènements sont révélateurs d’une chose : le gouvernement de Yayi Boni sème le vent et logiquement récolte la tempête. Il a à plusieurs reprises montré des penchants pour les méthodes de l’ancien président du Togo, feu Eyadéma Gnassigbé. Acculer ceux qui peuvent rivaliser avec lui, les éliminer, les contraindre à la servitude et à la soumission, les livrer après les avoir utilisés, les jeter aux oubliettes quand il n’en n’a plus besoin, les diaboliser quand ils ne partagent pas la même pensée que lui, tout cela fait partie du Bénin d’aujourd’hui après 53 ans d’indépendance. On a l’impression que Yayi Boni envie les dictateurs légendaires que l’Afrique a connus depuis le temps des indépendances. C’est d’ailleurs pourquoi, les affaires d’atteinte à la sureté de l’Etat fleurissent sans qu’elles ne révèlent rien de bon et de sérieux. Avec tout cela, on est en face d’un Pouvoir qui fait une gestion focalisée sur ‘’à part moi, plus personne, si vous n’êtes pas avec moi, vous êtes des ennemis du peuple’’. Yayi Boni est finalement un président qui a sa propre logique, ses intérêts vitaux. Ce qu’on n’avait pas prévu de lui. Dans un pays démocratique, il doit marquer la rupture avec ses méthodes. C’est l’occasion de changer.

La rançon des errements

Beaucoup de rêves sont brisés, et le désespoir est monté d’un cran depuis 2006. La crise a fini par se dresser un lit. Même les plus habitués de nos concitoyens s’y enfoncent. Les Béninois ne sourient plus, cela se remarque de plus en plus. Le pire, c’est que l’impression est forte que rien n’est fait pour améliorer la situation. Il y a comme une panne de solutions. Soit ! Mais, au même moment, la famille politique du Chef de l’Etat, les Forces cauris pour un Bénin émergeants (Fcbe) semble désespérément déchirée, et traversée par des divisions intestines. Les Fcbe présentent un spectacle misérable et honteux. On ne voit vraiment pas comment des élections, par exemple, les communales peuvent être organisées, sans que ce panier à crabes n’explose. Les divergences ici une fois de plus, nous en avons l’habitude, ne sont pas d’ordre idéologique, ni d’opinion. Ce sont juste de petites ambitions personnelles qui s’entrechoquent. Bien sûr, en attendant que le chef tranche, n’intervienne et fasse arrondir les angles. Paradoxalement, tous ceux qui se réclament de la famille politique du chef, ces Fcbe, sont de plus en plus nombreux. Mais, ils ne sont aucunement intéressés par son bilan. Ils ne veulent pas l’aider à l’améliorer, ni à lui proposer les vraies solutions. Car au fond, une majorité sert à cela. Mais, les politiciens au Bénin, ont la fâcheuse tendance de vite retourner leur veste, quand cela tourne au vinaigre. Ils n’assument pas l’échec. On peut opposer, dans le cas d’espèce, que le patron est un « solitaire », et qu’il veut imposer son point de vue à tous. Dans ce cas pourquoi rester, et tout le temps se diviser autour de broutilles.

L’or noir ? l’or blanc !

Le temps aurait pu être à la reconstruction d’un pays délabré et complètement exsangue. Un pays qui depuis des lustres a perdu son éclat, son charme et ses atouts. Nous sommes loin du temps où un certain Hercule menait de grands travaux, et tentait de remettre le pays sur les rails. L’eau a malheureusement depuis lors coulé sous les ponts. Le pays devenu poussif, et a besoin d’un nouveau souffle. Hélas, l’esprit du bâtisseur est occupé par des divisions enfantines et presque byzantines. Or, la tâche qui reste à abattre est immense. Le coton qui entre-temps faisait la fierté du Bénin est devenu une denrée ordinaire. Les cultivateurs du Nord se plaignent perpétuellement de la mauvaise récolte, et surtout des invendus. Apparemment, le coton ne fait plus nourrir les pauvres paysans et leurs familles. Et même si, dans le cas contraire, le coton marche encore, il faut dire qu’il ne profite vraiment plus au grand nombre de Béninois. Il n’a plus d’incidence véritable sur l’économie nationale. Le coton béninois n’est peut-être plus une matière première. Sur un autre plan, le Bénin est désespérément incapable de trouver l’or noir, le pétrole tant promis. Cet or frappe à nos côtes, et est commercialisé au Ghana, au Niger, au Tchad et au Nigéria. Pourquoi serait-il alors introuvable au Bénin. Est-ce faute d’avoir vraiment cherché là où il faut ? Comme il faut ? Par qui il faut ? Sans doute alors, que c’est le bon Dieu qui nous en prive. En effet, le bon Dieu sait combien nous sommes enclins à la haine et à la division. Or, le pétrole attire beaucoup de convoitises. Et comme nous aimons à crier sur tous les toits que Dieu aime le Bénin, c’est pour lui, on ne sait jamais, une manière de sauver le Bénin, en nous épargnant une sale guerre. Peut-être, peut-être ! Si une telle hypothèse s’avérait vraie, une autre manne est alors à trouver. Le Port, longtemps considéré comme poumon économique, ne faisant plus de merveilles. Le Port de Cotonou semble irrémédiablement grippée. Les opérateurs préfèrent, dit-on, le port de Lomé. Après 53 ans d’indépendance, nous n’avons, semble-t-il, pas encore vaincu la fatalité.

Scandales financiers et économiques au sommet de l’Etat

Avec la ’Refondation’’, on a pensé que le nombre de scandales financiers dénombrés sous son premier mandat allait s’arrêter de croître. Mais erreur. Ils se sont multipliés. Ainsi des scandales de la Cen-Sad, au dossier de la surfacturation de cinq milliards de francs Cfa de machines agricoles, à la malversation financière au Palais des Congrès de Cotonou, en passant par les 14 milliards engloutis dans la construction du siège du Parlement, la mauvaise gouvernance au sommet de l’Etat dépasse l’entendement humain. Le mal est si criard que le président de l’institution parlementaire, Mathurin Nago, est sorti de son mutisme. A ces scandales, s’ajoutent l’Affaire Icc-services dans laquelle, des individus ont spolié tout un peuple. Plus de 100 milliards de F Cfa auraient été collectés par des gens qui n’ont aucune autorisation. Comme le soutiennent les économistes, ce scandale à la ‘’Madoff’’ a porté un coup fatal à l’économie nationale. Outre ces scandales, on peut dénoncer l’échec de projets comme la Construction de logements sociaux, des Aéroports de Glodjigbé et de Tourou, et le Programme de vérification des importations (Pvi), et la liste est longue. Autant de scandales, qui expliquent place qu’occupe le Bénin dans le rang des pays pauvres. Mais, il n’y a pas de honte à être dernier. Il faut l’assumer et travailler pour quitter ce rang. Et pour y parvenir, les dirigeants doivent changer de comportent et gérer selon l’orthodoxie financière les ressources de l’Etat.

Les réformes, une rupture mal négociée

Après la traversée de désert avec les régimes successifs, un homme est venu avec un slogan réformateur. Le discours était le bienvenu puisque dans le fonds et dans la forme il répond parfaitement aux aspirations de la masse, celles d’une nécessité de rupture. Le message était bien accepté. Les discours ventilés par fort battage médiatique ont fait penser que la solution à la misère vive était à nos portes. Mais ce n’était qu’une vue de l’esprit. La suite sera amère. Les réformes pourtant bien pensées dans son contenu ont été très mal conduites. L’approximation, la précipitation, la volonté de tout faire en même temps et le refus d’écouter les conseils sont autant de facteurs qui ont plombé les belles intentions. Une petit tour dans l’histoire et on comprend que le problème ne se trouve pas au niveau des réformes mais de l’acteur qui les conduit. La réforme du Coton, la réforme portuaire, la mécanisation de l’agriculture, le programme de microcrédit aux plus pauvres, autant de réformes extraordinaires dans leur contenu mais qui ont été mal conduites parce que l’acteur principal qui doit les conduire a fait le choix de mettre la charrue avant les bœufs, d’associer politique et économie, de vexer dans le culte de la personnalité, bref de ‘’foutre le bordel’’. Le Bénin a une fois encore perdu une chance rêvée de se relever de son état comateux. Les récents classements du Bénin au plan économique l’ont confirmé. Le Bénin est au bord du gouffre. Le peuple en ressent durement le coup. La faim sévit et aucune solution urgente n’est en vue. L’échec des réformes, l’autre revers de l’immaturité.

L’Armée quitte les casernes : bonjour les dégâts

A la conférence nationale de février 1990, il a été décidé que l’Armée retourne dans les casernes. De Nicéphore Soglo au Général Mathieu Kérékou, cette recommandation a été scrupuleusement respectée. Mais, c’est à l’avènement du Président Yayi Boni que les militaires ont commencé par être associés à tout. Au début, c’était le génie militaire qui réalisait plusieurs infrastructures publiques au grand dam des entreprises privées. Comme si cela ne suffisait pas, les militaires sont régulièrement déployés dans les villes et campagnes pour assurer la sécurité de la population. Ils sont également déployés dans les milieux d’affaires tels que sur les parcs de vente de véhicules d’occasion, le port de Cotonou. En un mot, on les voit à des endroits où les policiers sont censés assurer la sécurité des biens et des personnes. Il y a quelques mois, on a failli assister à des échanges de tirs entre policiers et gendarmes à l’aéroport international de Cotonou au sujet de la saisie d’une forte quantité de drogue. Récemment, un militaire, accusé de vol de moto, a été arrêté par les éléments du commissariat de Sodjèatimè à Cotonou et présenté au procureur de la République.

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