Par la ruse, le Président Yayi Boni est parvenu à atteindre son objectif en 2006. Avant, pendant et après les élections présidentielles, il a fait d’énormes promesses à la classe politique nationale. C’était le messie de plusieurs responsables politiques à l’époque. Erreur ! Juste après sa prestation de serment, le 06 avril 2006 au Palais des gouverneurs à Porto-Novo, les problèmes ont commencé entre ses partenaires politiques et lui. « On le méconnaît maintenant… », criaient dans les coulisses, ses proches collaborateurs.
Comme dans les régimes dictatoriaux, il fait du populisme son arme de guerre. Les masses populaires, manipulées, parlent au nom du nouveau Président à travers des marches et meetings. « Le peuple veut de nouvelles têtes pour diriger le pays. On veut des technocrates. On ne veut pas des anciens ministres au gouvernement… », déclaraient des conducteurs de taxis-motos au soir du 06 avril 2006. Au nom du peuple, le Chef de l’Etat est parvenu à éliminer certains responsables de la liste des membres de son tout premier gouvernement. Des accords conclus avec l’alliance ‘’Wloguèdé’’ et d’autres groupes politiques ont été purement et simplement jetés à la poubelle. Pour plusieurs observateurs de la vie politique nationale, le Chef de l’Etat a affiché sa volonté d’enterrer l’ancienne classe politique et avoir ses hommes de main aux affaires. C’était le début de la crise de confiance entre le Président Yayi Boni et les ténors des partis traditionnels. Ceci n’est pas resté sans conséquences. Les partis de l’alliance ‘’Wloguèdè’’ tels que la Rb, le Madep, le Psd et Force-Clé ont commencé par prendre leurs distances vis-à-vis du Pouvoir. Au lendemain des élections législatives de 2007, ils ont constitué un bloc autour du Parti du nouveau démocratique (Prd) à l’Assemblée nationale. A l’hémicycle, c’était la tension entre les Fcbe et ceux qu’on appelait ‘’la vieille garde’’. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le mécontentement a gagné la mouvance présidentielle. D’où la naissance du G13 au Parlement. En conséquence, le régime du Changement a perdu sa majorité à l’Assemblée nationale. C’est le début d’un feuilleton politique caractérisé par des tensions sans cesse suite au blocage de l’installation des Conseils communaux dans les zones favorables à l’opposition. La nécessité d’organiser des élections transparentes s’est alors sentie. A l’unanimité, le Pouvoir et l’opposition ont décidé de l’établissement de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi) pour la transparence des scrutins. Ce fut la grande désolation par la suite. Pour une première fois, le peuple a assisté à un K.O sans précédent au premier tour du scrutin présidentiel en 2011. En quête de légitimité après sa victoire contestée, le Président Yayi Boni a tendu la main à ses adversaires. Membre de l’Union fait la nation, la Rb saisit l’occasion pour entrer au gouvernement et positionner un de ses cadres dans le bureau de l’Assemblée nationale. Aujourd’hui, cette alliance est menacée, comme c’est d’ailleurs souvent le cas. Pour beaucoup, c’est Yayi Boni qui tire les ficelles de ces crises. Ce qui fait que le peuple ne veut pas de la révision de la Constitution dans le contexte politique actuel. Depuis 2006, le Président Yayi Boni a réussi à démontrer aux Béninois que les promesses en politique n’engagent que ceux qui les croient.