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Le Matinal N° 4155 du 30/7/2013

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Point culminant de la perte des valeurs morales
Publié le mercredi 31 juillet 2013   |  Le Matinal


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© aCotonou.com par DR
Premier Forum sur le Développement Rural en Afrique
Jeudi 02 Mai 2013, Cotonou. Le Président Béninois Boni Yayi lance le Forum sur le Développement Rural en Afrique


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Le Bénin est à un point culminant de la déliquescence de ses valeurs morales. Entre 2006 et 2011, années d’élection et de réélection de Yayi Boni, nombreux sont les Béninois qui ont cru en sa volonté de débarrasser le pays de la corruption, du népotisme, du régionalisme, de l’impunité, la mauvaise gouvernance et de la dépravation des mœurs politiques. En cette veille de commémoration du 53ème anniversaire de l’accession du Bénin à la Souveraineté internationale, aucune avancée notable n’apparaît, sinon l’enlisement et la déception.

Les maux foisonnent au point de susciter angoisse et panique tant au niveau de l’Exécutif que de la société civile. Le premier signal infructueux est la marche verte du Chef de l’Etat lui-même contre la corruption en 2006. Plutôt qu’une reculade, le fléau au lieu est revenu au galop avec une rage à nulle autre pareille. Toujours pour réhabiliter les valeurs morales, éthiques et républicaines, Yayi Boni a consacré en 2012, l’avènement de la Charte nationale pour la gouvernance du développement. C’est un référentiel qui trace les sillons d’un retour aux valeurs indispensables, et intègre des principes de la bonne gouvernance et de développement harmonieux. Plusieurs valeurs cardinales telles l’amour, la transparence, la préservation de la vie, le sens élevé de responsabilité, l’abnégation, l’audace, le travail, la dignité, l’excellence, la fraternité, l’intégrité, la justice, la liberté, la paix, la solidarité, la vérité y sont contenues et sont sensées impulser une nouvelle dynamique à l’avènement d’un Bénin nouveau, tel que souhaité par le président de la République. Mais force est de constater, que les symptômes de la décrépitude sont encore tangibles. Au plan politique, la crédibilité et la confiance ont déserté le forum laissant place aux coups bas et à la méfiance. Des cadres promus ou élus pour gérer les affaires publiques ont maille à partir avec la Direction générale des impôts et des domaines (Dgid), des douanes et droits indirects (Dgddi) ou la justice. A tout ceci, s’ajoute l’affaiblissement des institutions républicaines. La Cour constitutionnelle et la Cour suprême font face de plus en plus à beaucoup de critiques. La Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (Haac) aussi. Beaucoup d’observateurs dénoncent ce qui ressemble à une censure sélective pratiquée à l’encontre des organes de presse. L’indépendance de la justice est soumise à rude épreuve. Le long feuilleton qui a suivi les décisions du juge Angelo Houssou sur les affaires de tentative d’empoisonnement du Chef de l’Etat et de coups d’Etat en est une illustration. Au même moment, les efforts ne sont nullement concentrés sur les questions de développement. La corruption, le gaspillage des ressources et les blocages injustifiés sont des pratiques les plus répandues au niveau de certains arrondissements et mairies. Les préoccupations majeures des élus locaux sont les domaines. Et pourtant, l’Agenda pour un Bénin nouveau du candidat Yayi Boni est sans ambages : constituer « autour du Chef de l’Etat pour diriger les affaires publiques, une équipe d’hommes et de femmes de qualité, réputés pour leur patriotisme et leur compétence, enclins à la vertu, responsables, intègres et aptes à servir le pays avec humilité et abnégation » et de faire aboutir « la proposition d’une loi sur l’enrichissement illicite rendant imprescriptibles les crimes économiques ».

Le secteur culturel toujours en souffrance

Au début de son premier mandat en 2006, le Chef de l’Etat avait affiché sa volonté de faire du secteur culturel, un domaine florissant, pourvoyeur de richesses. Mais le temps est passé et rien ne se constate vraiment. Comme un parent qui attend la guérison de son enfant, les acteurs de la culture attendent toujours. Manque de mécénat, piraterie, non existence d’une mutuelle de santé des artistes, cherté des matériels intervenant dans la réalisation des toiles, mévente dans les galeries d’expositions…etc. Certains créateurs d’œuvres de l’esprit étaient poussés à bout et ont dû abandonner toiles, pinceaux, micro et accoutrements. Les plus tenaces qui essayent de s’accrocher vaille que vaille sont limités dans la réalisation de leurs œuvres. Depuis longtemps, on avance de façon péjorative que l’attribut de l’artiste c’est la précarité. 53 ans d’indépendance, l’histoire ne fait que se répéter malheureusement.

La lutte contre la piraterie : un échec

Certains artistes ont la dent dure contre ce régime et l’affichent aisément surtout à cause de l’échec de la lutte contre la piraterie. Les artistes béninois ne vivent pas de leur art. Ils manifestent souvent leur mécontentement en faisant eux-mêmes la saisine des œuvres piratées qu’ils déposent au Bureau béninois du droit d’auteur (Bubedra). Une manière de mettre en exergue l’échec des actions de la Commission nationale de lutte contre la piraterie (Cnlp) installée par le ministère de la Culture. Les pirates redoublent d’ardeur au jour le jour, changent de stratégies et sont prêts à défier les ténors de la lutte. Les recettes financières du Bubedra ne sont plus à la hauteur des attentes des artistes. Et certains d’entre eux ont décidé de prendre en mains, leur destin. La crise de confiance entre distributeurs d’œuvres phonographiques donne de l’insomnie à d’autres qui procèdent eux-mêmes à la vente de leurs albums. Un tour sur l’esplanade du stade de l’amitié les soirs et on voit des artistes en vogue vendre leur Cd dans les buvettes. Albums en mains, ils attirent l’attention des usagers de ce lieu. Certains en ont même fait une priorité pour la survie de leur carrière. L’artiste devrait-il se peiner si tant avant de subvenir à ses besoins vitaux ? Quel est alors le rôle du distributeur ?

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