La situation du secteur judiciaire national est préoccupante. C’est en tout cas ce que souligne l’état des lieux de la Justice au Bénin. Il y a en effet une incessante ingérence du pouvoir Exécutif dans le Judiciaire. Les velléités de contrôle de l’appareil judiciaire sont réelles et l’actualité récente dudit secteur est illustrative. Les affaires tentative de coup d’Etat et tentative d’empoisonnement qui défraient la chronique ont révélé au grand jour les accointances entre les deux pouvoirs. On a tenté désespérément de forcer la main au juge pour obtenir ses faveurs.
L’initiative n’ayant pas réussi, on a usé de subterfuges pour faire pression sur les magistrats. L’indépendance de la justice est mise à mal à cause de la propension des gouvernants à chercher à la soumettre à leur volonté. Ces tentatives créent malheureusement un état de suspicion générale, de perte de confiance totale entre les justiciables et les professionnels de la Justice. De plus en plus, il existe des dossiers politisés, hyper médiatisés examinés sans la moindre sérénité. Il faut reconnaître également que certains acteurs de la Justice jouent le jeu de ce gouvernement, étalent leurs incompétences et leur ignorance des règles de professionnalisme. Mais, toujours-est-il que la responsabilité du gouvernement est grande dans le désordre qui s’observe dans ce milieu. En effet, le gouvernement n’avait pas toujours tiré leçons des décisions problématiques prises sous l’ancienne ministre de la Justice, Marie Elise Gbèdo. Des décisions qui ont paralysé la Justice durant plusieurs mois. Le nouveau Garde des Sceaux, Réckya Madougou a commis presque les mêmes erreurs en procédant à des nominations qui violent les règles de préséance auxquelles les magistrats accordent une importance particulière. Visiblement, l’objectif était de faire la promotion des militants, des personnes manipulables prêtes à se soumettre aux injonctions du gouvernement. Et ce coup aurait contribué à affaiblir définitivement la Justice si l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) n’avait dénoncé le complot ourdi par le gouvernement et exigé l’annulation des décisions constatant les nominations fantaisistes. La Justice béninoise est en crise. La vaste mobilisation des différents mouvements syndicaux dudit secteur, il y a de cela quelques jours en témoigne. Aujourd’hui, il y a un calme précaire qui risque de ne pas durer si les vrais problèmes ne sont examinés et solutionnés. A tout le moins, pour redonner à ce pouvoir constitutionnel toute la crédibilité qu’il mérite, le gouvernement a intérêt à organiser dans un délai raisonnable les états généraux annoncés il y a peu, et reportés sine die.