Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



Le Matinal N° 4157 du 2/8/2013

Voir la Titrologie

  Sondage



 Autres articles



Comment

Politique

Discours de Yayi Boni : un programme de plus de 20 ans
Publié le samedi 3 aout 2013   |  Le Matinal


Thomas
© AFP
Thomas Boni Yayi, président de la République du Bénin


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Le discours du chef de l’Etat délivré dans le cadre du 53ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale a été émaillé d’innombrables projections sur l’après 2016, alors que son 2ème et dernier mandat arrive à terme dans un peu plus de 2 ans. Rien qu’à analyser ces projets qui ne sont réalisables que dans au moins 15 ans, une évidence s’impose : Yayi a une obsession pour le Pouvoir, il ne compte pas le quitter en 2016.


Attardons nous sur le message du 31 juillet 2013. Ce discours est l’un des épisodes de la révision de la Constitution, avec la finalité de permettre à Yayi Boni de se représenter pour une troisième fois à la Magistrature suprême. Malgré qu’il soit plus court que ceux délivrés par le passé, c’est toujours un condensé du « Yayisme ».Le chef de l’Etat sait où il va en présentant un discours qui n’apporte pas de réponses aux problèmes actuels, mais annonce un programmes sur 15, voire 20 ans. Un 1er exemple : « En somme, le moment est enfin venu d’assurer véritablement la sécurité humaine dans notre pays. A cet égard, je me félicite de la participation de notre pays à deux grands groupes de réflexions et de propositions au niveau mondial, en l’occurrence le groupe de personnalités de haut niveau chargé du programme de développement pour l’après 2015, mis en place par mon Cher Ami Ban Ki Moon, Secrétaire Général des Nations unies, et le groupe intergouvernemental pour le développement durable. En accord avec les priorités retenues par l’agenda post-2015 pour le programme de développement et qui reflètent fidèlement celles exprimées au niveau national lors des consultations, je réitère l’engagement de mon gouvernement à œuvrer pour un nouveau partenariat mondial global ». Ses propos du président de la République sont significatifs : Yayi Boni dira en 2016 qu’il n’a pas fini ses chantiers et qu’il faudra lui accorder un peu de temps pour les parachever. Un thème de campagne qui a souvent séduit des électeurs qui ont un penchant pour celui qui est au pouvoir. Un autre exemple : « Mon Gouvernement prend ainsi à partir de cet instant l’engagement d’amorcer avec vous une véritable transformation structurelle, afin qu’à 900 jours de l’échéance des OMD, notre pays ait réalisé, à l’heure du bilan, des progrès sensibles et jeter les bases de l’agenda post 2015 et le ciment du développement durable. A cet effet, nous devons œuvrer pour un développement durable fondé sur l’éradication de la pauvreté, sur une croissance de qualité, sur une croissance inclusive parce que créée et partagée par tous et une croissance respectueuse de l’environnement. Celle-ci doit s’inscrire dans la durée ». Pour le chef de l’Etat, ces chantiers ne peuvent que se réaliser sur la durée. En d’autres termes, a très long terme. Pour quelqu’un qui doit partir dans moins de trois ans, de telles projections ne sont plus réalisables avant l’échéance. Yayi Boni sait où il va. Et nous le connaissons ! A force d’exercer le pouvoir, il en a appris les astuces. Profitant de la fête de l’indépendance, ce virtuose de la mise en scène de soi-même, s’est une fois illustré, en détournant les regards de son projet de révision et des problèmes auxquels les populations sont confrontées quotidiennement pour parler des projets qu’il évoquera après avoir révisé la Constitution. Un autre exemple du discours illustre à merveille la volonté de ne pas vraiment vouloir partir. Il dit ceci : « Il s’agit pour nous d’inverser la courbe du chômage inquiétant qui touche une frange importante de la jeunesse, comme dans tous les pays du monde, en nous mettant ainsi en phase avec les recommandations de la communauté internationale, notamment en ce qui concerne les Objectifs du Millénaire pour le Développement ». Aucun pays au monde n’arrive à lutter contre le chômage, si l’Etat n’encourage pas le privé, étant donné que lui-même est incapable de créer directement des emplois.

Un nouveau marché de dupes

En plus, dans le contexte actuel, où la crise économique frappe de plein fouet le pays avec un gouvernement qui n’encourage pas l’investissement privé et harcèle les opérateurs économiques nationaux, c’est presque irréaliste de faire croire qu’en deux ans on pourra tout renverser. Dans la logique de Yayi Boni, faire de telles promesses aux jeunes, c’est chercher à conclure avec eux un nouveau marché de dupe. La situation du chômage ne peut s’améliorer que si la croissance est au rendez-vous, et que si la création des richesses devenait réalité.
Au cours de ces sept dernières années, le chef de l’Etat n’a pas su relever ce défi. C’est pourquoi cela devient inquiétant, quand il se met sous le couvert de l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le développement (Omd) pour chercher à inverser la courbe du chômage en fin d’un second mandat !
Ce qu’il doit d’abord faire, c’est améliorer l’environnement des affaires. Encore qu’à ce niveau, il n’a plus la confiance des opérateurs économiques. On peut se demander si Yayi Boni à deux ans de la fin de son mandat peut encore changer quelque chose dans le pays ? La réponse c’est non. Allons au-delà de cette interrogation, et demandons-nous pourquoi il se projette dans un futur lointain pour esquisser de nouveaux chantiers auxquels il ne s’y est jamais attaqué depuis sa prise de fonction en 2OO6. Les nombreuses projections que Yayi Boni a véhiculées dans un discours délivré à la veille de la fête de l’indépendance, ne doivent pas voiler la face.
Droits de l’homme en danger, justice en panne, liberté d’expression embrigadée, chômage en hausse, pauvreté grandissante, croissance en chute, perte de confiance, démocratie en berne, moral des ménages cassés, solidarité enterrée, unité du pays en souffrance, c’est dans ce deuil que le Bénin a célébré son 53ème anniversaire d’accession à la Souveraineté internationale. La fête n’était pas non plus au rendez-vous, parce qu’entachée des échecs. Cerise sur le gâteau : l’incursion de militaires armés au domicile de l’opposant Gaston Zossou. Ce qui assombrit davantage l’horizon.

Les partenaires sociaux dupés

Comme il en a l’habitude, le président de la République n’a pas honoré ses engagements vis-à-vis des partenaires sociaux. Dans son message à l’occasion de la célébration du 52ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale, Yayi Boni avait promis de respecter les engagements de son gouvernement dans le cadre de l’accord conclu jusqu’en 2014. Un an après ce discours creux, le constat est triste et désolant : le vœu des enseignants de se voir octroyer une nouvelle prime d’incitation à la fonction enseignante est une utopie. Le dialogue qui devrait être maintenu entre les parties tel qu’annoncé par le Chef de l’Etat pour aplanir les divergences, laisse le plancher à l’illusion. Selon les propos du Chef de l’Etat, l’examen de la requête des enseignants devait se faire au fur et à mesure de l’évolution des ressources de l’Etat. Mais cela n’a jamais été le cas. Le taux de croissance économique annoncé à 5,4% a été certifié par le Fonds monétaire international (Fmi). Ce qui sous-entend que les ressources financières du pays ont connu une hausse. Mais au grand jamais la question ne taraude l’esprit de Yayi Boni. Pour nombre d’observateurs, le gouvernement doit démissionner à commencer par son chef. Les partenaires sociaux ont été dupés et visiblement le souhait des enseignants est loin de se concrétiser. Tenez ! Dans le message du 1er août de cette année, nulle part le Chef de l’Etat n’a évoqué le fameux accord conclu jusqu’en 2014. Par ce silence cynique et suicidaire, le Chef de l’Etat foule au pied le principe sacro sain du respect de la parole donnée. La pression syndicale qui devait pousser à bout le gouvernement a déserté le forum. Aux yeux du porte-parole du Front, Lucien Langanfin-Glèlè, la situation n’en pouvait être autrement puisque les partenaires sociaux ne parlent plus aujourd’hui le même langage. L’unanimité n’est plus la chose la mieux partagée. Pour rappel, le gouvernement a fortement contribué à la création tous azimuts d’organisations syndicales parallèles acquises à sa cause ; lesquelles organisations prennent à chaque fois le contre-pied des causes réelles défendues par les organisations légitimes pour fragiliser les mots d’ordre de grève. Le pouvoir de l’argent a été grand et l’évidence du non-recul du gouvernement est forte. Pour amener le gouvernement à fléchir, Lucien Glèlè-Langanfin n’exclut pas le blocage de la rentrée 2013-2014. A l’en croire, le dernier rempart pour les partenaires sociaux, la menace de boycott des copies des examens de fin d’année n’ayant pas abouti. C’est à ce prix que les enseignants verront leur doléance satisfaite tel que ce fut le cas il y a quelques années avec les enseignants du supérieur et récemment avec les magistrats.

LM

 Commentaires