Il n'y a plus de semaines, ni de jours où les braqueurs ne frappent dans une localité du pays, y compris dans l'espace maritime, ce qui cause parfois des morts. Au regard de la forte médiatisation et les grands moyens mobilisés pour la réussite de l'opération " Djakpata " dédiée à la traque des hors-la-loi, on est bien en droit de s'interroger sur le bilan à mi-parcours.
La quiétude se raréfie dans les localités du Bénin, non pas forcément du fait de la tension sociopolitique ambiante dans le pays mais aussi et surtout à cause de l'insécurité grandissante. Alors que les Béninois pouvaient se croire à l'abri des braquages et autres formes d'insécurité dans le pays, avec le lancement de l'opération " Djakpata ", on se rend compte qu'il avait bien plus de bruit que d'effet. Les bandits ne démordent pas, ou du moins ils ont changé de stratégie maintenant leurs mains sur les paisibles populations en prise désormais à une peur permanente.
L'insécurité règne encore
Les cas, on ne saurait les énumérer de façon exhaustive, mais il en a qui retiennent l'attention. La semaine dernière, en l'espace de deux jours, la commune de Ségbana a enregistré deux cas de braquage qui ont vu mourir au moins une personne. Dans la nuit du mercredi, à hauteur du village de Libantè aux environs de vingt heures, deux jeunes armés de fusils et d'armes blanches ont réussi à piéger un usager de la route qu'ils ont dépossédé de sa moto. La même scène s'est reproduite un peu plus de vingt quatre heures après et dans la même localité mais le bilan est un peu plus lourd, avec un jeune blessé par balle. Dans la même semaine à Zakpota, deux braqueurs ont réussi à arracher le véhicule 4X4 d'une entreprise privée à son chauffeur, pendant que policiers et malfrats tiraient au quartier Zogbo dans la ville de Cotonou. Comme pour dire qu'ils sont présents dans toutes nos localités, les malfrats ont également frappé mardi dernier à Igolo dans la commune d'Ifangni dépouillant plusieurs cambistes de plus de trente millions. Curieusement, ces hors-la-loi qui sèment la zizanie dans le pays ont des cibles variées qui peuvent parfois même être les hommes en uniforme qui leur déclarent la guerre. C'est alors que le samedi 8 juin aux environs de minuit, un cortège de hauts gradés de l'armée a été attaqué. Bilan : un mort dans le rang des hommes en uniforme et plusieurs blessés graves. Curieusement, l'insécurité que vivent les populations est aussi entretenue quelques fois par des hommes en uniforme plutôt très peu vertueux. Le policier Rooney Tohouégnon, précédemment en service à l'Ocertid a opéré un braquage à mains armées dans un cabinet médical de la place. Heureusement, qu'il a été vite identifié et appréhendé par ses collègues du commissariat central de Cotonou.
En mer aussi…
L'insécurité n'est pas que terrestre au Bénin. Nos marins sont régulièrement attaqués sur nos eaux, en dépit de tout l'arsenal mis en place pour traquer ces pirates qui ne manquent visiblement pas d'imaginations. Le souvenir de ce tanker battant pavillon des Iles Marshall qui a été attaqué par des pirates armés à 90 km de la frontière maritime Togo-Benin, le 16 juillet dernier aux environs de 4h30 alors qu'il naviguait vers Port Harcourt au Nigeria, est encore vivace dans les mémoires. A préciser que deux marins ont été blessés lors de l'attaque. Des patrouilles mixtes s'organisent depuis lors sur nos eaux et le Bénin s'efforce de se doter des équipements nécessaires avec l'appui technique et logistique de ses nations sœurs.
Que dire du " Djapkata " ?
Lancée le 14 avril dernier sur l'esplanade extérieure du stade de l'amitié de Cotonou, l'opération " Djakpata " a pour mission de protéger les populations et permettre la libre circulation des personnes et des biens en sécurisant le territoire national. Même si on peut reconnaitre que cette opération qui mobilise Armée de terre, Gendarmerie Nationale, Police nationale, Forces Aériennes autour des actions sécuritaires existant déjà sur le terrain a eu le mérite de pister et de traquer quelques malfrats, il est une évidence que son bilan n'est pas encore satisfaisant. Des actions dissuasives ont été certainement menées, ce qui a permis d'ailleurs de détruire un grand nombre de ghettos et d'interpeller des centaines de toxicomanes mais le tableau demeure sombre. Il est une réalité donc que beaucoup d'efforts restent à consentir par nos forces de l'ordre, même si dans leur rang, il se pose encore un problème de moralité.
Vitali Boton