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Le Matinal N° 4158 du 5/8/2013

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Politique ou assistant social
Publié le lundi 5 aout 2013   |  Le Matinal




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Les acteurs politiques béninois sont des assistants sociaux. C’est-à-dire qu’ils passent le clair de leur temps à assister leurs « militants » qui croient dur comme fer qu’ils sont faits pour ça.
Ce qui s’est toujours produit jusqu’ici, c’est la perception idéalisée du leader politique comme un nabab, riche à millions, prodigue en billets de banque. C’est pourquoi pleuvent sur lui les faire-part, les invitations aux mariages, comme aussi les ordonnances médicales et une kyrielle de personnes ayant besoin d’une assistance plus ou moins urgente. Ne pas y répondre favorablement, c’est s’exposer à des représailles.
Sociologiquement en effet, le Béninois moyen perçoit très mal qu’un acteur politique ne soit pas « djèhossou », le dépositaire de toutes les perles, comme on dit du roi à AbomeySeul lui peut, en conséquence, en distribuer à ses sujets. Réputé bourré d’argent, voilà l’homme : chaque week-end, il est aux obsèques et aux mariages, chaque jour, il reçoit des dizaines de malheureux et, chaque fois, il doit mettre la main à la poche. Beaucoup inventent des motifs plus ou moins intelligents pour prendre leur part du gâteau.
Je me rappelle qu’à Porto-Novo, les opposants les plus farouches de Houngbédji en 2011, affirmaient comme si c’était un argument en béton armé, que le leader du PRD n’a rien fait pour la ville depuis qu’il fait la politique. Un peu comme si le pauvre avocat avait des milliards en réserve qu’il doit mettre à disposition pour construire des routes, ouvrir des centres de santé ou même offrir un minibus aux Dragons de l’Ouémé.
En réalité, c’est ici que la notion de solidarité prend tout son sens. Dans nos familles, les plus aisés sont tenus d’aider les autres, sous peine d’être étiquetés comme des êtres notoirement asociaux et égoïstes. Ce qui est valable dans nos familles, l’est davantage dans le cercle politique, surtout dans notre contexte national où les suffrages sont arrachés à coups d’argent et de régionalisme.
Peu de gens se demandent alors dans la populace, d’où le généreux donateur tire toute cette fortune qu’il distribue, comme si la source en était intarissable. En l’occurrence, la plupart des gens ne veulent pas voir que les ustensiles de cuisine que l’on offre aux bonnes dames à Parakou, que les salles de classes qui se construisent à Za-kpota, que les motopompes qui se distribuent comme de petits pains à Akpakpa ou encore que les sacs de riz donnés lors du ramadan, personne donc ne voit qu’en définitive tout cela n’est que le fruit de compromissions qui se retournent immanquablement contre le peuple.
C’est une inconséquence jubilatoire qui donne comme une onction populaire aux pots-de-vin qui se distribuent à l’Assemblée nationale, qui valide toutes les compromissions par lesquelles les ministres et autres responsables politiques sont obligés de passer pour maintenir ce train de vie dispendieux. Car, objectivement, un député ou un ministre, à moins d’avoir d’autres activités parallèles juteuses (ce qui est interdit par la loi) ne peut se soumettre au diktat de l’électorat sans se ruiner.
Et objectivement aussi, cette tendance du peuple lui-même oblige les politiques à chercher les ressources additionnelles nécessaires à la satisfaction de ces exigences. Obligés de se comporter en riches propriétaires alors que bon nombre d’entre eux n’ont vu leurs premiers millions qu’il y a seulement quelques mois, nos politiques se retrouvent à pactiser avec le diable. L’un des ravages tangibles de cette tendance, reste la loi des finances 2011 adoptée sans coup férir par le parlement à une majorité écrasante. Il a fallu deux mois seulement pour que le leader de l’un des partis ayant voté pour ce même budget général de l’Etat, vilipende la même loi des finances, en trouvant cette fois-ci qu’elle est la pire de toute l’histoire récente de notre pays… Que s’est-il donc passé pour que les députés de son propre parti adoptent unanimement le « pire des budgets » ? Les esprits avisés savent comment cela se passe au parlement.
Comment expliquer autrement la versatilité des acteurs politiques si ce n’est qu’ils sont obligés de trouver les rouages tordus utiles à la satisfaction de la masse vorace. Malheureusement, la sociologie collective nationale est en passe de faire table rase des valeurs de probité et d’éthique pour ne hisser que la seule qui fait rage aujourd’hui : l’argent.


Olivier ALLOCHEME

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